Merci Michel Tout ceci est fort sensé. A la lecture me viennent une série de questions, dont je crains que certaines (ou la plupart ?, ou toutes ?) n’ont pas de réponses simples, ou pas de réponse du tout. Je me lâche… Sommes-nous aberrants, faut-il nous corriger ? Sommes-nous en mesure de nous corriger ? Comment faire, si cela est possible ? Et jusque où cela serait-il possible ? Nous sommes caractérisés par le développement extrême et très récent du cortex permettant de actions mentales tout à fait nouvelles et sans aucun précédent malgré quelques toutes petites ébauches dans d’autres espèces (mémoire, boucle de rétroaction, conscience de soi, conscience de l’autre, conscience du temps donc du futur et de notre impermanence, apparitions de désirs, et d’insatisfaction, bien au-delà de l’instinct, etc.). Ce développement mental sans précédent nous fait-il sortir ipso facto, et « naturellement » des comportements jugés « normaux et acceptables » du darwinisme pratiqué par les autres espèces, pour nous « égarer » dans des attitudes nouvelles et jugées inacceptables (ce qu’elles sont en effet à la lumière du comportement observé des autres espèces) ? A la loi purement biologique du darwinisme qui reste probablement d’application pour nous aussi en première approximation, faut-il ajouter une autre « loi neuronale » dont nous ignorons tout que nous explorons à tâtons ? Et dont les termes pourraient nous apparaître surprenants, voire injustes ou choquants ? Serions-nous en fait à l’âge d’adolescence de notre espèce, où la puissance existe déjà mais où les capacités de se dominer ne sont pas encore maîtrisées, le cerveau n’étant pas encore bien maturé, d’où les compartiments à risque typique de cet âge de la vie ? Notre espèce -H sapiens sapiens- serait-elle un premier avatar , un premier essai, de ce genre de cerveau dans l’évolution, pas encore trop bien réussi , et donc destiné à faire place ultérieurement à d’autres espèces mieux « finies », comme les poissons placodermes ont fini par faire place aux vertébrés ? Si nous pouvions arriver à nous corriger avant notre disparition, ce qui semble en effet une bonne démarche, faut-il nous préparer à accepter quand même comme inévitables et consubstantielles à ce nouveau cortex « survitaminé » une partie au moins des attitudes jugées aujourd’hui aberrantes, et lesquelles, et donc perdre espoir de rejoindre tout à fait le cours du darwinisme pratiqué jusqu’à présent par les autres espèces ? La responsabilité de respecter les autres et la nature dont nous formons partie n’est pas une caractéristique qui a eu l’occasion d’être développée chez aucune espèce avant nous-mêmes. En caricaturant, on pourrait écrire qu’elle n’est pas non plus inscrite dans les lois de la biologie darwinienne ? Comment l’introduire chez l’homme, par ailleurs aveuglé par son besoin de domination, pour qu’elle devienne une valeur vraiment vécue ? On ne refera bien sûr pas le monde en un jour non plus ! Reply
Merci pour ce commentaire. Tes questions sont éternelles, y répondre de manière catégorique serait de la pure arrogance. Si biologiquement notre espèce n’échappe pas aux lois de l’évolution, elle ne suit pas de lois darwiniennes pour s’organiser en société, c’est ce que j’appelle notre non-darwinisme. Peut-être n’ai-je pas assez insisté sur le fait que ce non-darwinisme est avant tout protecteur, alors que bien sûr ce sont les destructions qui nous tracassent. Une sorte de morale collective nous fait protéger le faible et permet aussi des comportements de bienveillance qui seraient à réprimer dans une société désirant atteindre des buts supérieurs (certaines s’y sont essayées avec les résultats que l’on sait). Je ne pense pas que l’on puisse ou doive avoir l’ambition de corriger notre espèce. Qui serait en mesure de déterminer l’objectif de cette correction, quel bouton en serait le régulateur ? Poser telles questions nous met sur la voie : il y faudrait de l’idéologie, coercitive et pédante par-dessus le marché. Ce qui doit être respectable chez une personne devient collectivement insupportable et inacceptable. Apprendre et, plus ou moins chaotiquement, se mettre sur une voie de progrès : oui ! Mais sans que l’on soit en mesure de déterminer à l’avance la nature et le sens de ce progrès. Ce n’est en fait qu’un espoir ou une confiance, dénué de raison. Une société ouverte n’a aucune histoire écrite à l’avance. Son avenir n’est ni radieux ni sombre. La vie personnelle est faite de sentiments que la vie collective n’est pas en mesure de tenir en compte, ou alors si partiellement et partialement que cela crée plus de conflits que de paix. Anecdote dominatrice : Nous nous trouvions un jour en Valais dans un pâturage de montagne à plus de 2000 m d’altitude où paissait un troupeau de vaches d’Hérens, en paix et sans personne pour l’exciter. À un moment, deux d’entre-elles se mirent à se battre et les autres à les entourer, le combat dura quelques minutes et la plus faible abandonna. Plus tard, d’autres combats similaires eurent lieu, mais nous n’étions pas en mesure d’identifier si c’était chaque fois la même qui était victorieuse. Alors, ces vaches étaient-elles aveuglées par un besoin de domination ? Chaque année, il s’organise en Valais des tournois avec cette race de vache qui est sélectionnée depuis longtemps pour ses qualités combatives. Nous avions donc pu constater qu’il s’agissait bien d’un comportement inné, pas suscité par des excitations ou l’administration de substances psychotropes. Que serait une société dénuée de toute domination ? Qui prendrait l’initiative de la curiosité, de l’explication, de l’enseignement et de l’éducation, de la loi ? La réponse démocratique à ce problème est toujours peu satisfaisante et, comme le disait Churchill, la pire forme de gouvernement à l’exception de toutes les autres qui ont été essayées. La perfection n’est pas de ce monde. Reply
Je découvre peu à peu (j’y ai mis le temps…) ce que Leibniz voulait dire (si tant est que je sois capable de le comprendre) en décrivant notre monde comme « le meilleur possible », en toute sincérité pour lui et toute humilité pour moi, en dehors de l’ironie et de la mauvaise foi de Voltaire. Reply
Bonjour Monsieur, Je compte lire attentivement votre article. D’emblée, je fait une recherche : le mot « femme » est-il dans le texte ? Mon « chercheur » (peut-être défaillant ?), ne donne rien. Cette recherche pour découvrir une éventuelle allusion à propos d’un sujet, qui m’intéresse beaucoup : Y a t il une différence entre l’origine de la femme, et celle de l’homme ? La question est occultée de tous les temps, et encore aujourd’hui, par l’expression « ORIGINE DE L’HOMME » Et pourtant, Si je peux faire confiance notamment à la « loi de Dolo » telle que rappelée et commentée par Stephen Jay Gould, dans son ouvrage « Le Pouce du Panda », cette occultation/expression fait à mon avis problème : comment est-il concevable qu’un couple mammifère, n’aie pas pour origine 2 « espèces » distinctes ? Dans le cas de l’humain, 2 espèces distinctes d’hominidés, dont nécessairement subsiste(nt) une ou des traces persistantes, selon ces auteurs ? Votre avis me ferait bien plaisir. E.P. Reply
Pas d’avis sur la question, sauf que j’abhorre le politiquement correct et que chacune met ses intentions dans sa compréhension de ce qu’elle lit. Reply