Ce qui se passe au Proche-Orient nous dépasse

Beaucoup de choses sont dites et écrites sur ce qui se passe au Proche-Orient. Ce qui est en jeu va au-delà de la seule résolution d’un conflit local. Si toutes les actions menées dans le cadre de cette guerre sont épouvantables, les prétentions morales des uns et des autres ne sont pas équivalentes. Dans l’article ci-joint extrait de son blog, Sam Harris exprime un point de vue qui devrait être partagé par tous ceux qui défendent une société ouverte. Ce n’est pas une lecture facile et courte, mais elle en vaut la peine (pdf à télécharger ci-dessous).

Il y a dix ans, je me posais déjà la question de savoir si un islam modéré est possible, c’est-à-dire que ses principes et le règne de la charia puissent être compatibles avec une cohabitation à égalité avec d’autres religions ou avec l’athéisme. Harris fait une différence entre l’islam et le djihad. Cette distinction est utile dans la mesure où elle indique que les deux milliards de musulmans sur Terre ne sont pas des djihadistes. Cependant, Harris souligne la nécessité d’un aggiornamento de cette religion : « Encore une fois, il faut que les deux milliards de musulmans du monde reconnaissent honnêtement ce problème et trouvent un moyen de modérer leur foi, en particulier autour des doctrines du martyre, du djihad, de l’apostasie et du blasphème – qui mettent leur foi en perpétuel conflit avec le monde moderne. » Il a fallu des siècles et bien des guerres pour que l’inquisition catholique abandonne des principes similaires, quoique la plupart de ses croyants aient toujours, d’une manière ou d’une autre, vécu dans le péché sans pour autant se dire « catholiques modérés ». Ainsi, sur quelle base un bon musulman pourrait-il rejeter le jihad qui est décrit d’une part comme un devoir de combat contre soi-même, et d’autre part comme un appel commun à tous ceux qui appartiennent à l’oumma et contre ceux qui n’y appartiennent pas ? Quels sont les arguments à fournir aux musulmans pour qu’ils renoncent aux éléments de la charia et du djihad qui rendent impossible toute société ouverte ?

La réponse ne doit pas venir de l’Occident, ce serait une ingérence inacceptable. Mais très peu de signes, s’il y en a et qu’ils soient crédibles, montrent qu’une telle réforme serait en cours, bien au contraire. En 2015, le président égyptien al-Sisi présentait cette même situation aux imams d’Al Azhar et les appelait à provoquer une révolution religieuse. Apparemment, et malgré une critique officielle de l’extrémisme, cela n’a pas beaucoup aidé, tant pis pour nous.


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