Partout dans le Monde, mais particulièrement dans l’occidental et développé, des ‘politiques climatiques’ sont édictées afin d’accomplir les engagements prévus dans l’accord de Paris de 2015[1]. Toutes sont faites d’un bouquet de mécanismes excessivement coûteux et contraignants – régulateurs, budgétaires et fiscaux – prétendant réduire les émissions de CO2 de moitié en dix ans et atteindre un « net zéro » dès 2050. Une des nombreuses questions qui se posent est la raison pour laquelle tous ces pays s’engagent dans un tel dérangement. Parmi les réponses il y a celle que, à son corps désormais consentant, l’establishment politique et économique est devenu « captif d’une élite scientifico-technologique[2] » dont les vues se sont érigées en tabou, le Graal du lobbyisme.
Alors que les modèles et les scénarios retenus par le GIEC permettent d’arriver à n’importe quelle conclusion en relation avec l’intensité du réchauffement à la fin de ce siècle, il faut bien s’assurer que le coût attribué à l’inaction soit le plus élevé possible afin de justifier les mesures ordonnées. En instillant la peur d’une issue outrancière il est alors facile de faire accepter une politique du « quoi qu’il en coûte », surtout que cela rapportera du prestige et des piquaillons tant que le stratagème ne sera pas dévoilé.
Il faut procéder en trois étapes. Tout d’abord trouver la faille scientifique qui permet d’exagérer la sensibilité du réchauffement aux émissions de gaz carbonique. Cette faille est très pratique, c’est l’impossibilité expérimentale. Il n’est pas possible de mesurer et tester cette sensibilité pour une raison évidente : le seul laboratoire est notre planète entière qui ne procède qu’à une seule et unique expérience, cas isolé qui ne permet à aucun expert d’acquérir de l’expertise. Alors, par des algorithmes présupposant des phénomènes non mesurés, le réchauffement observé se voit nettoyé de ce qui ne serait pas anthropique pour mettre en évidence cette sensibilité. Selon le GIEC elle serait dans une fourchette entre 1,5 °C et 4,5 °C pour un doublement de la concentration du CO2 dans l’air[3]. Ce qui cloche, comme souligné dans un article précédent, est qu’avec une sensibilité dite moyenne, tous les modèles actuels surestiment la vitesse du réchauffement des quarante dernières années, en moyenne d’un facteur de 2,4 c’est-à-dire totalement à côté de la réalité.
Attention cependant de ne pas accuser les climatologues de mensonge. Ils font ce qu’ils peuvent et ne cachent rien (quoiqu’ils pourraient essayer avec une moins forte sensibilité et chercher d’autres causes au réchauffement). Heureusement qu’un des modèles sauve leur face en ne réchauffant ‘que’ 50 % trop vite par rapport à la réalité observée, même s’il est d’origine russe. C’est l’emploi politique de leurs résultats qui fait problème, surtout lorsque des scientifiques, dont un trop grand nombre d’experts cooptés du GIEC, adoptent des postures militantes.
Ensuite il n’y a plus aucune science. Il faut nommer business as usual un scénario du pire dont la réalisation est si improbable qu’il est certain qu’il ne faudrait pas le retenir. C’est le fameux scénario RCP 8.5 qui a été utilisé pour le rapport No 5 du GIEC de 2013 et qui continue de sévir avec son compère aggravé SSP5-8.5 dans la ronde préparant le rapport No 6 attendu en 2022. Totalement irréaliste certes, mais utile comme le prétend le cabinet de conseil McKinsey qui soutient cette manière de faire. Il faut que la référence soit effrayante.
La troisième étape est de montrer, toujours de manière ascientifique à l’aide de modèles trop sensibles, que les quantités de CO2 que l’on peut encore se permettre d’émettre sans réchauffer de plus de 1,5 °C sont si critiques qu’il ne reste plus que dix ans pour les réduire de moitié et trente pour les annuler. La tâche semble d’autant plus nécessaire, ardue, couteuse et héroïque si le scénario de référence est totalement exagéré.
Faux diagnostic retenu, thérapie inutile et couteuse voire néfaste, promesses mensongères qui ne seront pas tenues, salivation de suceurs en puissance, c’est tellement gros que l’on devrait penser à un canular. Pourtant, y compris les opportunismes et atermoiements qui vont avec, l’unanimité qui réunit les milieux politiques et économiques est telle que c’est devenu un dogme universel ou même pire, une vérité commune. L’unanimité est pourtant toujours suspecte.
Ce qu’il adviendra du climat n’a rien à y voir, d’où le titre de cet article.
Article publié originalement sur European Scientist
[1] En juin prochain, le peuple suisse devra se prononcer sur l’acceptation de la révision de la loi sur le CO2 approuvée par le parlement en automne 2020. Ce référendum est une première mondiale, seule occasion connue de dispute démocratique au sujet de la politique climatique.
[2] Farewell Address, Dwight D. Eisenhower, Janvier 1961, le même discours dans lequel il préconisait de se prémunir de « l’acquisition d’une l’influence injustifiée, recherchée ou non, par le complexe militaro-industriel »
[3] On peut en douter fortement. Voir mon papier à ce sujet
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