Macron ! Tu es en marche, mais où vas-tu ?

Le dernier chouchou de la politique française est en train de se monter une machine électorale et beaucoup le suivent avec attention.

Chouchou, ouais, mais il y en a beaucoup qui commencent à le détester, surtout ceux qui se sont révélés incapables de faire grand-chose au cours des trois dernières décennies.

Il a un côté rafraichissant, rendez-vous compte : un jeune de 38 ans qui n’a pas le nez dans le guidon, qui réfléchit et s’attache à donner du sens à ce qu’il fait, ça c’est une denrée rare dans le monde politique, toujours électoraliste et aux bottes des exigences de la communication. Il surfe sur une vague porteuse car la nouveauté dont il parle, la sincérité qu’il aimerait instaurer, son comportement peu affecté : ce sont des signes de fraîcheur qui sont bienvenus.

Il est un excellent communicateur mais lui, il ne prend pas la comm comme but ou arme ultime pour sa victoire. Il met en marche une méthode de formation de l’opinion de bas en haut qui permet à chacun sinon d’avoir son os à ronger mais en tous cas d’avoir son mot à dire.

On peut donc lui prédire un bel avenir, d’autant plus que la longévité exaspérante des acteurs du jeu politique de son pays ne va pas tarder à s’interrompre. Un changement générationnel est souhaitable.

Mais, car il y a un mais.

Jusqu’ici, et ça fait quand même des mois, il se contente d’établir ce qu’il appelle un diagnostic. Une impressionnante présentation de 176 diapositives peut se consulter sur son site. Pourtant ce n’est pas un diagnostic mais une longue litanie de ce qui ne va pas, de ce dont certains ont besoin ou pourraient souhaiter, et qui finit par être… un habituel catalogue de doléances.

Je sais, il le dit lui-même, son processus étant en cours il n’est donc pas déjà arrivé au bout. Pourtant ayant participé à bien des études et missions il serait très étonnant que les lignes directrices de son programme n’aient encore pas de forme et qu’il faille tellement de temps pour les dessiner.

S’il est nécessaire de connaître les maux dont se plaint le patient il est encore plus nécessaire d’en établir les causes et de ne pas se tromper là-dessus. Par exemple un taux de chômage élevé et durable doit être lié à des causes auxquelles il faudra remédier. Répéter que l’on a mal ne fait aucun bien.

Il y a les causes circonstancielles et les causes profondes. Depuis des décennies la peur de creuser profond pour extirper les racines malades et replanter à neuf a fait que le jeu s’est déroulé comme dans un préau d’école ou dans un atelier protégé, sans prendre de risques en se divertissant avec les circonstances. Alors il lui faut expliquer les causes profondes qu’il proposera de modifier. Ça risque de faire baisser l’enthousiasme de plus d’un.

Une politique, avec ou sans un parti en soutien, repose sur une proposition de traitement, un plan d’action. Le « quoi » n’est pas difficile à faire entendre, c’est le « comment » qui compte. Quelles sont les actions qu’il veut entreprendre ? comment va-t-il les exécuter ?  Il faut espérer que ce soit sans tomber dans les travers de nuit debout ou autre assemblée générale étudiante où le plus important est de causer mais pas de faire. Mais là aussi la clarté et la transparence échauderont plus d’un.

Il faut du courage pour exposer un pays aux profonds changements dont il a besoin. Et il faut des circonstances perçues comme suffisamment graves pour qu’un peuple accepte les remèdes de cheval qui lui sont proposés. Macron aura-t-il la prescience de faire les bons choix, le courage de les proposer et le talent nécessaire pour convaincre ?  Ou décevra-t-il en ne proposant que des demi-mesures et en procédant à des arbitrages ou alliances qui feront que plus de la moitié de la sympathie dont il jouit aujourd’hui se retournerait contre lui ?

Attendons, mais le temps semble presser.


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