Ressasser par anticipation : ce qui se dira après les votations

C’est demain 13 juin que des votations fédérales entérineront ou retoqueront cinq textes d’importance. Comme j’ai toujours détesté les réinterprétations et remises en question postérieures à tout examen, d’autant plus que tous les arguments de tous les bords sont archiconnus, il me semble plus amusant d’anticiper les réactions possibles aux résultats de ces scrutins.

Pour la loi Covid-19 et si elle est acceptée, on célébrera la reconnaissance du peuple pour les bontés et la sagesse du Conseil fédéral et on soulignera à l’intention des sceptiques que c’est la confiance qui a gagné ; et tout le monde sera conseillé de se faire vacciner.  Si elle est refusée, une autre loi sera vite écrite qui n’attribuera pas de pouvoirs d’exception extensibles et ambigus aux autorités et qui réglera les comptes finaux des mesures qu’il a fallu prendre et que personne ne conteste ; et tout le monde sera conseillé de se faire vacciner.    

Pour la loi sur les mesures policières contre le terrorisme, si elle est acceptée, on rassurera les perdants que l’inhumanité ne fera pas partie de sa mise en application. Et si elle est retoquée, alors on les accusera de naïveté coupable, exposant notre État de droit aux actions destructrices de toutes sortes de terrorisme. Dans les deux cas, les terroristes ne seront ni plus ni moins effrayés des risques qu’ils encourent et sauront manœuvrer autour de lois qui ne les impressionnent pas.

Pour la loi sur CO2, cela sera plus subtil. Même d’un petit pourcentage, une confirmation sera unanimement considérée comme une preuve de vérité, de validation de la science et de ses anticipations, de soutien à des mesures de captation de fonds pour en faire un bon usage décarboné, et de soutien à une thérapie comportementale généralisée. Pourquoi unanimement ? Parce que les opposants à cette loi et à l’urgentisme climatiste seront définitivement classés parmi les inexistants, des désinvités définitifs. Leur seul droit restant étant celui de se taire, ils resteront absents des statistiques. L’unique vérité sera vraiment vraie.
Mais si la loi est rejetée, alors les manifestations d’incompréhension confirmeront la religiosité de l’activisme climatiste. Comme d’habitude, un lobby sera accusé d’un succès qu’il ne mérite pas, comme si la Suisse était sous la botte des BP, Total, Shell et Exxon, pourtant tous en train de tourner leurs girouettes durables et renouvelables. On ne parlera pas de Gazprom et du gazoduc baltique allemand, pourtant si nécessaire pour énergiser les fabriques de batteries, d’éoliennes, de véhicules électriques et d’autres schmilblicks verts dans le vieux continent. Mais surtout, on exprimera de la commisération pour ce peuple et ces cantons égarés qui n’ont pas compris cette urgence climatique pourtant si évidente. Des associations seront formées et des commissions convoquées pour que la propagande ait plus de succès la prochaine fois. Et on déclarera à la COP26, si elle a lieu, que les engagements de la Suisse ne sauraient être remis en question par un vote si impopulaire. Même si je n’étais pas un hérétique du climat, je me réjouirais de la comédie abracadabrantesque qu’un refus déclencherait.

Restent les deux initiatives anti-pesticides. Leur acceptation, de l’une, de l’autre ou des deux, sera aussi saluée comme un virage vert de notre société. Les paysans se feront dire que les délais sont assez longs pour qu’ils se reconvertissent en fonctionnaires du paysage ou pour qu’ils changent de métier. Mais cela sera surtout un signe d’intolérance collective à tout risque, de désir de la précaution absolue qui consiste à interdire tout ce qui fait peur. Cela fut déjà le cas avec le nucléaire dont l’avenir est désautorisé dans la loi sur l’énergie de 2016 ; on ne se réjouit pas des prochaines interdictions. Un refus de ces initiatives, par le peuple ou seulement pas les cantons, sera immanquablement accompagné par des déclarations assurant que la régulation sur les pesticides sera renforcée par des mesures de réduction des quantités employées, et que le bio continuera d’être promu. Les deux sont imbéciles car, bien que oui, il y ait des situations critiques à corriger, les risques posés par les pesticides sont si faibles qu’ils sont impossibles à améliorer par une politique du chiffre. Et le bio tel qu’il est certifié n’est guère plus qu’un exercice de marketing pour consommateur riche se voulant bien-pensant.

Voilà : le match aura ainsi été refait avant d’être joué. À vérifier demain.

Et avec un bonus inattendu, je ne savais pas Sylvie Vartan chantre de la liberté (activer le son):


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7 thoughts on “Ressasser par anticipation : ce qui se dira après les votations”

  1. J’ai apprécié la chanson… et voilà que les résultats des votations fédérales du 13.06.2021 soulignent l’astucieuse et fort intelligente combinaison de l’humour et de l’anticipation politique.

    Merci !

    DAG

  2. @Dulieu
    Vous avez écrit ailleurs

    «  » » » » » »Il est donc irraisonnable d’utiliser les résultats des analyses de bulles d’air d’il y a quelques centaines de milliers d’années pour tenter d’expliquer dans un sens ou dans l’autre un phénomène qui se déroule sous nos yeux. » » » » » » » » » » »
    Vous refusez donc toutes données géologiques pour parler de climat ; restreignez vous donc à parler de météorologie

  3. @Dulieu
    vous avez écrit
    «  » » le CO2 continue de grimper pour d’autres raisons que les apports fossiles «  » » »
    Qu’il ne modifie pas le climat , on est d’accord ; mais j’aimerai bien savoir d’où provient ce CO2 additionnel qui trouble l’équilibre biologique depuis le début de l’ère industriel

    1. Fritz, vu que le CO2 continue à augmenter à la même allure alors qu’en 2020 on a produit 7% de CO2 de moins que l’année précédente, je pense que l’augmentation vient essentiellement des océans! En plus, le CO2 ne trouble pas la nature (au contraire), il trouble seulement les esprits!

  4. Chers amis suisses,
    Refusez la loi CO2; elle va vous détruire et vous ruiner. Et pour rien car le CO2 continue de grimper pour d’autres raisons que les apports fossiles et il ne modifie pas le climat. Arrêtez d’avoir peur : vous montrerez ainsi le chemin aux autres pays, aussi naïfs les uns que les autres.

  5. Très bon billet
    Avant les politiques se faisaient élire en faisant progresser l’économie du pays et de sa population; maintenant pour se faire élire il faut diviser pour régner : pour l’instant ces gens au pouvoir on quatre sujets: le COVID, le climat, la transition énergétique et remettre le racisme à l’ordre du jour ; j’oubliais , mais vous l’avez rappelé , les pesticides
    Je ne sais pas comment le peuple va réagir; mais je pense que dans un proche avenir la situation économique va réveiller leur cerveau et que plus les politiques se lancent dans ces sujets abscons et plus ils prendront des claques

  6. Même si je n’étais pas un hérétique du climat, je me réjouirais de la comédie abracadabrantesque qu’un refus déclencherait. ………………. ich auch!

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