Une « convention citoyenne(sic) » sur le climat a été mise en place dans votre pays pour répondre à « l’urgence climatique(re-sic) ». 150 propositions, une par membre de cette convention, sont maintenant publiées qui concernent la politique environnementale au sens large, c’est-à-dire la mise en politique de l’écologie, qui est par ailleurs une science tout à fait honorable lorsqu’elle reste une science.

Tout en gardant la volonté de rester bienveillant je m’attendais au pire.
C’est pire au carré !

Ces « propositions » font fi de toute constitutionnalité, en particulier celle qui vise à abolir les droits fondamentaux, appelés chez vous Droits de l’Homme, lorsque l’environnement est en jeu (donc climat, biodiversité, etc.). Si ça, ça passe, alors c’est la fin des haricots car cela ouvre la voie à n’importe quoi. 

C’est dans le préambule de votre constitution que sont définis ces droits fondamentaux. La toute première des 150 propositions est d’y ajouter : « La conciliation des droits, libertés et principes qui en résultent ne saurait compromettre la préservation de l’environnement, patrimoine commun de l’humanité ».

Comment cela peut-il être interprété autrement que comme la primauté accordée à la préservation de l’environnement sur les droits de l’homme (et du citoyen) ? En cela, il faut bien se rendre compte que ce qui préserve ou non l’environnement est indéfinissable, sauf par l’arbitraire idéologique.

Voilà une rupture complète avec l’État de droit dans lequel vous tous êtes nés ! Il vous est proposé de rompre ce contrat.

Alors je me rassure en me disant que ces Français que vous êtes ne sont pas aussi fous que ça pour même accepter de commencer à débattre à ce sujet, que cela ne passera pas leur fameux esprit critique.

Mais j’ai maintenant pourtant bien des doutes. Votre envie d’avoir raison et le montrer risque de vous faire gloser sur tous les détails, que ce soit le nucléaire, les pesticides ou les réserves naturelles, car oui, à l’aune de ce qu’on vous prépare, ces sujets importants sont vraiment des détails.

Dans cette toute première proposition j’entrevois le début de l’abîme. Si vous entrez en matière sur les détails vous signifiez une approbation tacite des prémisses.

Cette « convention » a été noyautée, c’est impossible autrement. Tirer au sort 300 000 personnes pour que 150 d’entre-elles se portent volontaires ne leur donne non seulement aucune légitimité, mais est une invitation aux agitateurs déterminés et exposera le reste du groupe sans expérience à des influences, comme dans un foutoir d’AG (assemblée générale) où se votent des « résolutions ». D’un point de vue révolutionnaire c’est très malin.

Il aura aussi fallu cadrer le groupe par quelques informations. De Gentils Organisateurs, professionnels du spin, auront ainsi « éduqué » à toute vitesse ces ingénus de la politique, une forme abjecte de conditionnement (framing) sans possibilité de prendre aucun recul ni de s’enquérir d’une seconde ou d’une tierce opinion. La dynamique de groupe fait alors adhérer à toutes les incongruités.

Le lobby rouge-vert (donc brun) est des plus puissants car il dispose de moyens et de la protection des médias, il infeste d’ailleurs votre gouvernement actuel. Le hold-up constitutionnel est donc plausible, et la probabilité de son succès est très supérieure à zéro en cas de référendum. Ce n’est pas face aux têtes carrées et bétonnées du RN ou aux égarés de la droite déconfite que les marcheurs d’une majorité disparate apprendront comment se construire une colonne vertébrale, ils n’y arrivent déjà pas depuis trois ans. Et si la gauche libertaire réagit, ce sera avec ses habituelles contradictions totalitaires.

Votre Président s’est lui-même organisé un dilemme par lequel, une fois de plus, il s’assure d’avoir tort, quelle que soit maintenant son action. Le menchevik Macron risque donc fort de se faire dépasser par les écolo-bolcheviks. S’il s’obstine dans la voie dans laquelle il s’est engagé, il se fera passer à la trappe ; ce sera ensuite le cas de tous ceux qui s’opposeront à cette tragique mascarade. Mais faire l’un de ses demi-tours coutumiers, ce qui serait l’issue la plus raisonnable, ne le positionnera pas en tête pour la prochaine élection.

Je n’ai en général pas de grande sympathie pour l’esprit râleur et suspicieux que l’on dit animer votre peuple, mais par exception j’ose espérer qu’il se manifeste.

Sinon il faut vous préparer à vous soumettre !

Mais faites attention ! si vous organisez une opposition, le moindre incident sera une occasion de vous dénoncer comme terroristes. Est-ce parti comme en quarante ?

Avec toute ma commisération, 

Michel de Rougemont

Kaiseraugst, Suisse, le 21 juin 2010, solstice d’été.

Nouvelle du 29 juin :

Le Président Macron ne retient pas la proposition de la modification du préambule de la constitution française, même s’il dit croire que cela procédait d’un projet « humaniste » et que la Nature aurait des droits qu’il est de notre devoir de défendre. Voilà une autre confusion des genres !

Contradiction présidentielle : lors de son interview du 14 juillet le Président Macron dit vouloir proposer une révision constitutionnelle pour inclure dans l’Art. 1 la lutte contre le réchauffement climatique et de la défense de la biodiversité. Le préambule reste sacré mais les droits de Gaïa, des plantes et des bêtes seraient dès lors garantis, donc en opposition avec ceux des citoyens.

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Liens : https://www.franceinter.fr/environnement/les-150-propositions-de-la-convention-citoyenne-sur-le-climat

https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr/2019/10/01/les-150-citoyens-nes-a-la-loupe/

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