Ressources et limites

Les ressources sont-elles limitées ?
Si oui, quels sont les facteurs limitants ?

À la première question il semble logique de répondre par oui, puisque la Terre ne fait que 510 millions de km2 dont les deux tiers sont des océans, un grain dans l’univers. Il en découle que toute ressource exploitable sur le globe ne l’est qu’en proportion avec la surface, nécessairement limitée, dédiée à son exploitation, et ce sur des profondeurs relativement très faibles.

Pourtant, après avoir considéré cette extrême banalité, il faut se demander si elle est pertinente pour notre espèce humaine, la seule qui nous intéresse en la matière car si elle venait à disparaitre la question même ne se poserait plus.

La ressource électromagnétique provenant du soleil semble pouvoir encore durer quelques milliards d’années. À l’aune de la survie probable de notre espèce elle est donc quasiment infinie. Encore faut-il disposer d’une bonne efficacité pour la récolter de manière abondante, suffisante aux besoins d’une population qui, elle, ne croît plus du tout de manière exponentielle, contrairement à l’hypothèse de Malthus.

Les ressources agricoles sont loin d’être arrivées à leur limites, il suffit de comparer les rendements de cultures selon que l’agriculture pratiquée soit plus ou moins productive. Faire du blé biodynamique à 4-6 tonnes par hectare (ce qui est très bon pour ce mode de production) n’est pas la même chose que le faire à 8-12 t/Ha par des pratiques intensives et raisonnées, parfaitement respectueuses de la santé et de l’environnement. Tant qu’une surface agricole suffisante est disponible il est possible de choisir un mode de production peu efficient. C’est idiot, mais possible. Pourtant il faudra bien développer la génomique et l’agriculture de précision pour qu’un jour un hectare produise 20 tonnes ou plus de ce grain. On ne sait pas qui fera cela, ce ne sera en tous cas ni les pauvres ni les hypochondriaques européens.

La ressource halieutique serait aussi en danger, due à une surpêche généralisée.  Mais l’aquaculture est en plein développement et, là où des règles sont correctement définies et appliquées, les disparitions d’espèces finissent aussi par disparaître. Sinon, il y a bien longtemps que cabillaud ou morue ne se trouveraient plus du tout dans nos assiettes. Si la mer est le lieu le plus marqué de la tragedy of the commons, ce n’est pas une raison pour désespérer de sa gestion.

Les ressources minières sont encore bien inconnues car l’exploration est, toujours et encore, menée selon des attentes économiques : de nouvelles réserves sont découvertes dès que la valeur marchande d’un minerai est à la hausse. Il n’est pas encore né celui qui prétendrait connaître la limite tant économique que technique de l’exploitation de ces ressources, même si beaucoup en font un leitmotiv bien dégoulinant de catastrophisme moralisateur.  Même lorsque le phosphate du Sahara arrivera à son épuisement, d’autres sources, encore inconnues ou jugées économiquement non viables, seront mises en production, bien que l’urgence ne s’en fasse pas encore sentir à ce jour.

Il y a aussi la ressource pollution, ces substances étrangères à leurs milieux naturels qui peuvent atteindre des concentrations toxiques pour la faune et la flore. La limite est ici inverse, ce n’est pas un épuisement qui est à craindre mais une concentration qu’il ne faut pas dépasser au risque de causer des dommages à court ou long terme. Au vu des techniques d’épuration des échappements gazeux, des eaux usées ou des déchets spéciaux, il n’y a aucune raison de croire à un empoisonnement systématique et fatal, bien au contraire. Les moyens de gestion des déchets existent qui permettent d’atteindre des niveaux tolérables d’émissions et d’immissions, encore faut-il décider de s’en doter, ce qui se laisse plus facilement faire dans des économies riches.

« On » a trouvé l’arme fatale, le CO2, pour nous persuader que l’humanité provoque un changement climatique dont les conséquences ne pourraient être que désastreuses. Rien n’est certain dans tout cela, tant s’en faut, mais « on » veut nous faire croire qu’il est si important d’agir qu’il ne nous reste plus que quelques décennies avant l’apocalypse. Cela n’est ni sérieux ni honnête, mais ça marche, d’autant plus que ces « on » y entrevoient à court terme bien des avantages politiques et financiers.

Les limites des ressources sont avant tout dans nos têtes, par manque d’imagination et par défaitisme pathologique. Alors que les problèmes d’approvisionnement, s’ils existent, ne sont pas sans solutions, alors que des critères économiques nous aident à faire les choix et les arbitrages nécessaires, c’est toute une bande organisée de l’hystérie collective qui nous assène que nous sommes au bord d’un gouffre en nous présentant l’empreinte scandaleuse de la main de l’homme là où elle a mis le pied, des bilans fictifs de demande dépassant l’offre de la planète, ou d’autres balivernes d’écolo-incompatibilité. Une ritournelle incessante est de prétendre que seule une gouvernance mondiale pourrait y mettre de l’ordre en imposant à l’humanité entière de sévères rationnements démographiques et caloriques, bien évidemment aux riches d’abord car coupables d’avoir su produire, gérer et maintenir des conditions de vie sans cesse améliorées depuis le début de l’ère industrielle. Ces progrès scandaleux doivent donc cesser, urgemment !

Comment résister à cela, à ces appels menteurs de no regret policies consistant à tordre les uns pour ne rien offrir aux autres ? Il faut hélas constater que la raison n’est pas invitée à un débat qui n’a jamais lieu, et que, s’il avait lieu et si elle y était invitée, ce serait sous forme d’alibi, avant de se faire réduire à néant par des stances idéologiques et populistes. Peut-être vaudrait-il alors mieux participer activement à ces hystéries et, avec malice, les pousser à leurs extrêmes dans l’espoir qu’une hypothétique catharsis en résulte ? Les ressources m’en manquent.


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