Soumission, fuite ou guerre

 

Je pense que la tâche du prochain siècle,
en face de la plus terrible menace qu’ait connue l’humanité,
va être d’y réintégrer les dieux

André Malraux, L’Express, 21 mai 1955.

¿De dónde sacáis la evidencia de que vuestra guerra santa
es más santa que las guerras diabólicas de vuestros enemigos?

Manuel Vázquez Montalbán, « Milenio Carvalho »

Si tu ne vas pas à la politique
la politique viendra à toi.

Edmond Basset, prof. de math, géographie et sport

De quoi retourne-t-il ?

Face au désenchantement apporté par la science et de la technique il faudrait, selon Malraux, réintégrer les dieux, mais alors lesquels ? Personne n’est vide d’idéologie, chacun en adopte ou s’en construit les siennes propres, religieuses ou autres. Tant qu’elle est le fruit d’une réflexion lucide et critique et qu’elle se prête à la dispute, une idéologie mérite autant le respect que la personne qui l’élabore et l’explique. Cependant les idéologues ne sont pas de cet acabit, il leur faut prôner leur vue du monde comme unique et s’assurer qu’elle domine toutes les autres. La compréhension et la tolérance ne font pas partie de leur boîte à outil, aucun débat n’est donc souhaitable. Même laïque, leur guerre est sainte ; il faut donc s’y soumettre, sans autre remède possible.

Après les mouvements sociaux du monde industriel, c’est l’écologisme qui impose ses vues dans un monde postmoderne : l’homme resté irrémédiablement malthusien, usant des ressources au-delà de la capacité de la nature, doit impérativement changer son mode de vie, radicalement, mettant en doute les principes mêmes d’une civilisation fondée sur la liberté et le respect absolu de la personne. Sous prétexte de catastrophes annoncées il faut modifier le présent et conditionner nos congénères à une vie décidée par les sachants. Ce sont bien là des annonces d’ordre religieux faites sous le couvert d’une préscience qui n’a d’ailleurs rien de scientifique. Le djihadisme écologiste est au moins aussi dévastateur que l’islamiste, plus même si l’on considère qu’il a maintenant pignon sur rue, dans des médias complaisants et décérébrés ou parmi des politiques incapables de penser par eux-mêmes.

Quelles réponses ?

Face à tel monstre, tout individu a le choix, facile, de la soumission : il peut adhérer par conviction personnelle tout en acceptant l’absolu exigé, il peut se soumettre sans grande conviction mais par peur des conséquences qu’une hérésie de sa part pourrait entraîner, ou il peut collaborer sans y croire en espérant tirer quelques marrons de ce feu-là.

Une autre voie possible, vastement pratiquée et très utilitaire, est la fuite dans des activités diverses, travail et loisirs, n’impliquant aucun engagement ni conviction.  Pour un temps au moins l’illusion d’une certaine tranquillité est ainsi assurée. Le risque est pourtant grand de devoir passer un jour par la case soumission de ce jeu de dupe.

Si l’on n’est pas d’accord, et sachant qu’une dispute loyale n’est ni souhaitée ni possible, il ne reste que la guerre, celle qui oblige à réduire ou éliminer définitivement l’ennemi. C’est là un paradoxe : face aux menaces de l’absolutisme un esprit ouvert que l’on peut appeler libéral au sens le plus noble de ce terme, dont l’idéologie n’a pas de prétention universelle, se voit contraint à une lutte qui ne pourra être que sans merci. La probabilité est hélas faible qu’une armée riche et puissante soit mobilisable dans le camp de la raison.

Un essai plus élaboré à ce sujet, méritant néanmoins lecture, est présenté ci-dessous.

Y aura-t-il débat ou dispute ?


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1 thought on “Soumission, fuite ou guerre”

  1. bien vu; la citation de Malesherbes s’applique particulièrement bien à Macron

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