Asymétrie indisputable

Elle sait tout, a tout compris, et jouit du soutien d’une communauté respectable et importante : c’est l’Opinion maîtresse. Il ne sait que ce qu’il a pris le temps d’étudier, n’a donc rien compris à l’évolution du monde moderne, et se trouve comme un couillon de plus n’ayant droit qu’à ne pas exprimer un avis non souhaité.

Le débat ne se situe même pas au ras des pâquerettes, il n’existe pas.

La pensée dominante n’a ni besoin ni envie de courir le risque de se faire marginaliser. L’avis forgé par une honnête étude critique n’est pas sûr de lui-même car, justement parce qu’il se veut honnête, il est conscient de ses insuffisances et de ses limites.

Dans cette asymétrie parfaite, le sceptique aura presque toujours raison, mais il lui sera toujours donné tort.

Nucléaire sûr et durable, pesticides tolérables sans craintes, OGM bénéfiques, climat sans graves dérèglements anthropiques, bio pas meilleurs que les autres, durabilité éphémère, pollutions maîtrisables : le courant dominant n’approuve rien de tout ça qu’il taxe d’horreurs absolues, qu’il est criminel de penser.

Pourtant nous vivons relativement bien, mieux que jamais, avec toutes ces bonnes horreurs sans lesquelles nous serions encore dans les cavernes, sans téléphone portable mais tout de même dans l’enfumage complet ; ou pas nés, ou morts tôt.

Autre asymétrie parfaite : celle qu’il y a entre le convaincu (autrement dit le paralytique de la pensée) et l’esprit ouvert. L’avantage va au premier car il n’a pas de nuances à expliquer, son discours est direct, sans ambages. L’esprit ouvert se doit d’expliquer, et même s’il a raison, ce qui n’est pas garanti, il ne peut qu’ennuyer. Et comme il est très probable qu’il ait raison, il se fera détester et vilipender, il faudra l’éliminer au plus vite, car le convaincu ne tolère pas le dérangement de ses certitudes.

Dernière asymétrie parfaite : jamais le pouvoir n’est accordé à la nuance, même dans des régimes démocratiques que l’on pourrait penser fonctionnels. Pour devenir et, surtout, rester président, gouverneur, premier ministre, Conseillère fédérale, commissaire du soviet du quartier, chancelière ou commissaire européen, il faut montrer une détermination sans nuances. Afin de ne pas trop devoir penser par eux-mêmes ceux-là se laisseront influencer et conseiller, mal, par des gens dits de conviction, donc sans nuances mais aussi très assoiffés d’un pouvoir qu’ils profiteront ainsi de mettre à leur botte. Les mauvais choix de lectures et de conseillers mènent aux mauvaises politiques, surtout si les croyances s’en mêlent.

Ces asymétries font problème car le débat est inhibé, la dispute évitée et la bataille n’aura jamais lieu. Il n’y a pas de solution non sanglante. Les conseillers véreux et leurs médias complaisants, non soumis à réélection ou à des référendums correctifs, continuent sans cesse leur travail de sape, c’est ainsi que le ver entre dans le fruit et que les essaims de sauterelles se gorgent d’herbes tendres. Y-a-t-il de bons pesticides pour les combattre ?


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1 thought on “Asymétrie indisputable”

  1. Me battant depuis 1989 contre la pensée unique en matière climatique, votre prose est du miel à mes oreilles. Mais comme vous l’expliquez si bien, que de coups, d’injures et autres noms d’oiseaux que j’ai et dois encore supporter à ce jour. Comme vous l’exprimez si bien, nos édiles politiques et même religieuses ont acceptés dans leur entourage nombre de « conseillers » bardés de diplômes sans valeurs car mités par un militantisme d’une extrémité telle que même certains tiennent des propos allant à l’encontre de leur discipline, voire des résultats de leurs propres recherches. Je ne citerai qu’un exemple parmi tant d’autres: Jean Jouzel; prix Nobel et climatologue autoproclamé, dont les travaux de glaciologie, tels que sa participation aux forages Vostok et GISP et dont les conclusions lui sont maintenant, par aveuglement politique, totalement étrangères car contraires à ses croyances. Tous ces « conseillers » ont effectivement comme point commun le conflit d’intérêt et ainsi rend caduques tous leurs arguments d’autorité. C’est sur ce point précis qu’il faut appuyer sans ménagement, surtout si ça fait mal. Quand à nos politique, ne leur laisser qu’un seul choix. La démission, car soit ils sont complices, soit ils sont incompétents d’avoir laissé entrer les loups dans la bergerie. Ce n’est pas faute de les avoir avertis, nous, « les connards » pour reprendre les propos de NKM.
    En parlant de croyances, je me permet de mettre à votre disposition ce raccourci vers la traduction d’un texte plein de bon sens: http://www.skyfall.fr/2014/09/27/leglise-durable/

    Si même le Pape cède au veau d’or de Gaïa, les pauvres n’auront plus que Lisieux pour pleurer.

    Merci.

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