En hommage à Hans Rosling, créateur de Gapminder et joyeux statisticien de la santé publique.
« D’un cheval donné on ne regarde pas les dents » selon le vieux dicton. Doit-il en être de même pour les idées reçues ?
Rien qu’à poser la question s’impose une réponse évidemment négative, en tout cas pour moi.
Mais qu’est-ce qu’une idée reçue ? C’est ce type de prétendus savoirs, d’opinions, ou de représentations que l’on se fait répéter jusqu’au point qu’ils deviennent des vérités indiscutées. Par manque de curiosité, par paresse, par convenance, les idées reçues sont accueillies sans critique, on ne se rend même plus compte qu’elles sont ainsi. Et si leurs dents sont cariées, personne ne semble plus s‘en soucier.
Alors les ayant reçues nous avons l’infinie générosité de les offrir plus loin ; et comme la multiplicité donne de la légitimité, elles n’en deviennent que plus vraies.
Les idées reçues jouissent d’une présomption de vérité. Les critiquer c’est prendre le rôle du méchant, de celui qui dérange, du quérulent qui veut avoir raison. L’effort de la preuve est non pas chez celui qui assène de telles idées mais chez celui qui les conteste et qui se fait détester pour ça.
Il y en a des récurrentes séculaires : « c’était mieux avant » (les tartes aux pommes, l’école, la guerre, la paix, les catastrophes, les langes en tissus, le café du commerce, etc.). Personne ne sait vraiment comment c’était avant, mais aujourd’hui si ce n’est pas mieux c’est donc pire.
Il y a les vertueuses dont les bibles et autre livres sacrés sont pleins : Elles ne sont pas vraiment fausses mais pas non plus nécessairement utiles comme par exemple « les premiers seront les derniers ».
Il y a les revendicatrices : « les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres »
Il y a aussi les mensonges délibérés : « l’activité humaine est la cause principale du réchauffement climatique », bien couvert celui-là sous le manteau d’un autre mensonge, celui d’un prétendu consensus scientifique à ce sujet.
Demandez à celle ou celui qui vous transmet si généreusement une idée qu’elle ou il a reçue : a) d’où vient-elle, et b) que faut-il faut en penser. Selon un sondage que je viens d’inventer la première réaction de votre interlocuteur/trice sera à 83,5 pourcents (± 24,3%) de rester sidéré, la bouche ouverte. Mais personne n’ayant en ce moment ni données ni faits irréfutables à disposition, la discussion se poursuivra dans 33% des cas par une dispute menant à la rupture, dans 33 autres % par un échange de mauvais arguments menant à la conclusion que tu-ne-sais-pas-moi-non-plus, dans les presque derniers 33% par une manœuvre rapide de la maîtresse de maison pour orienter la conversation vers la pluie ou le beau temps, et enfin dans le dernier pourcent par un bon et franc éclat de rire.
S’attaquer plus sérieusement aux mauvaises idées reçues s’appelle maintenant « Fact Checking », la vérification des faits, et cela demande des efforts et du temps. Alors qu’on sait bien qu’aujourd’hui « on n’a plus le temps » (autre fausse idée reçue : il suffit de le prendre, on dispose de 24 heures par jour, et il y a la nuit en plus).
Une des premières priorités du réarmement de la raison est de mettre radicalement en question les idées reçues, et de lutter contre ses propres préjugés, même si, éventualité rare, c’est pour les confirmer.
Les images parlant plus que les paroles voici une réfutation en 100 secondes du fameux « plus riches les riches, plus pauvres les pauvres ».
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