Au secours, des élites !

Il y a les élites qui nous gouvernent et les élites qui nous orientent. Les deux devraient montrer la direction. Pourtant, soit elles sont inexistantes, soit elles ne le font plus.

Après 9 février 2014, Brexit ou Trump, il est de bon ton de dire que les peuples se sont maintenant montés contre les élites. Je n’en crois pas un mot. C’est l’absence d’élites qui désoriente les peuples.

Ceux qui nous gouvernent ne sont pas des élites. Les derniers en date ayant un impact déterminant sur leur pays sont Mugabe au Zimbabwe et Kim Il Jong en Corée du Nord. Même la famille Castro est devenue suiviste, et le successeur de Chavez est blet. Dans les pays plus ou moins démocratiques il y a des moments de leadership, mais très peu, comme le « wir schaffen das » de la Chancelières Merkel.  En Suisse il faut reconnaître à Johann Schneider-Amman sa capacité à promouvoir l’humour, rien de plus marquant sinon.

Parmi celles qui devraient nous orienter, nous offrir et expliquer des choix, il y a les clercs qui nous trahissent. Ce sont des caciques de la pensée, répétant des messages soi-disant bien réfléchis et intellectuels, mais en fait au service plus ou moins caché d’idéologies auxquelles ils adhèrent. Pour un ou deux leaders de ces pensées se voulant dominantes, souvent morts et enterrés comme Platon, Marx, Hegel ou Mussolini, combien de suiveurs, d’idiots utiles qui se chargent de répéter à l’envi des mensonges en croyant que leur multiplicité créera la vérité. Ce sont les moutons qui hurlent.

Il y a aussi ceux qui ont un agenda de conquête du pouvoir. On les rencontre dans les partis extrêmes et aussi, et de plus en plus, dans les ONG. Ils ont un dogme à vendre et savent utiliser tous les moyens modernes de communication à cet effet. Fronts nationaux, trotskistes encore révolutionnaires, Greenpeace, Daesh : tous dans le même panier ! Certains sont des loups hurlants, d’autres sont des loups bêlant pour cacher leurs mauvaises intentions.

Où sont donc les esprits ouverts qui réarment notre raison et lui donnent des munitions utiles pour se défendre du conformisme des uns et de la hargne des autres ? Il y a bien de vrais intellectuels qui ont joué ce rôle d’élite honnête, mais parmi les vivants c’est une espèce en voie de disparition ou alors une espèce ciblée comme gibier à abattre. Essayez-donc d’exprimer une pensée vraiment libre en public et vous verrez les hargneux du deuxième genre et les suivistes du premier serrer les rangs pour que votre message ne passe pas ou, ironie dont ils ne se rendent même pas compte, pour vous attribuer des mauvaises intentions similaires aux leurs.

Alors les élites deviennent des éphémères, de ces insectes qui ne vivent qu’un court instant. Il faudrait que les stratégies militaires soient confiées à ce Rambo de Silvester Stallone, la politique environnementale à cette chèvre bêlante de Di Caprio, et la pédagogie à Ronaldo. Les vedettes du show-biz ou du sport sont les élites des temps post-modernes. Les peuples les adorent, les autres n’existent pas, ou plus, ou sont entourées de silence.

On ne se révolte pas contre les absents. Le risque auquel ce vide nous expose est vertigineux. Absence de substance, attrait du scandale, commérages de toutes sortes font la joie des yakafaukons de tous bords qui, eux, deviennent plus crédibles que l’establishment des non-élites, des suiveurs et des menteurs. On les appelle populistes, c’est vrai, il est indéniable qu’ils le sont, mais en cela ils sont loin d’être les seuls. Les peuples les élisent, faute de mieux.

Il me faut beaucoup d’optimisme pour imaginer un renouveau de bonnes et vraies élites. Le lecteur comprendra maintenant la virgule dans le titre de ce billet.


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