Le discours du Nouvel-an 2015 du président égyptien Al-Sissi est une bouffée d’espoir. Il a été prononcé avant les événements de Paris du 7 au 9 janvier.
Voir à ce sujet un article de la Basler Zeitung du 9 janvier 2015 : http://bit.ly/1I1Oqte , ainsi que ce billet sur internet : http://www.raymondibrahim.com/from-the-arab-world/egypts-sisi-islamic-thinking-is-antagonizing-the-entire-world/.
Ce discours a été prononcé devant la fleur de la fleur de la religion musulmane à l’université Al‑Ahzar du Caire, haut lieu de la sunna. Ce n’est donc pas rien pour ces gens.
En substance Al-Sissi trouve inconcevable la pensée que ce qui est tenu comme le plus sacré puisse faire que l’entière communauté musulmane soit la source d’anxiété, de danger, de tueries et de destruction pour le reste du monde.
Il parle de « pensée inconcevable » et non de religion, soit un ensemble de textes et d’idées qui ont été sacralisés au cours des siècles, dont toute déviation est devenue impossible, et qui antagonisent le reste du monde.
Il met en question que 1,6 milliard de musulmans devraient vouloir tuer le reste des 7 milliards d’habitants de la terre. Une impossibilité !
Et il le dit en face d’une assemblée de savants et d’oulémas, à Al‑Ahzar. Il leur dit qu’ils ne peuvent rester enfermés avec cette attitude mentale, qu’il leur faut sortir de leur cadre pour l’observer d’une perspective plus éclairée.
Il dit et répète qu’une révolution religieuse est nécessaire et que ce sont eux, les imams, qui sont responsables devant Allah. Et que le monde entier attend qu’ils bougent car la communauté musulmane (l’oumma) est en train de se tordre, de se détruire et de se perdre, et ce par ses propres mains
C’est en soi une révolution intérieure, un bienvenu putsch ecclésiastique. Le dirigeant du plus grand pays arabo-musulman demande aux docteurs de la foi de réinterpréter les textes et de sortir du carcan dans lequel la communauté s’est mise au cours des siècles. Il semble que les récipiendaires de ce discours aient été choqués, c’est un bon début.
La posture victimaire que beaucoup de musulmans dans le monde adoptent, pas seulement les extrémistes, consiste à attribuer tous les maux aux incroyants et à justifier ainsi la haine envers eux. C’est le coup habituel de chercher le mal chez les autres quand ça ne va pas bien chez soi. La paille et la poutre.
Ce qui est rafraichissant avec ce que dit Al-Sissi, c’est qu’il faut que la communauté musulmane s’en prenne à elle-même, qu’elle fasse le ménage chez elle, et qu’elle cesse de propager des discours équivoques, haineux, impossibles, et destructeurs de leur propre religion.
Beaucoup d’intellectuels et de politiciens du monde occidental appellent à ne pas faire d’amalgame entre les motifs des terroristes et l’islam, alors qu’il est déjà fait dans l’opinion publique, malgré l’opinion publiée. C’est, enfin, un leader de cette communauté qui fait ce que l’on attendait depuis longtemps, l’amalgame reliant les fondements mêmes des interprétations dogmatiques des textes (il ne s’en prend pas au texte, il n’est pas un apostat) à l’impossibilité de vivre en paix avec d’autres êtres humains sur terre.
S’il a raison, ce que j’espère, un islam modéré pourrait surgir, enfin argumenté par les plus hauts experts. Il faut simplement souhaiter qu’on ne l’assassine pas trop vite.
Lien à un billet publié sur ce même sujet.
Addition du 12 janvier : un article dans la Basler Zeitung indiquant des actions allant dans la même, et nécessaire, direction : http://bit.ly/1I1Oqte
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