Début de la fin ou fin du début ?

Les vagues se succèdent et ne se ressemblent pas. Tout d’abord il a fallu se protéger à tout prix. Puis il a fallu relâcher la pression sociale ce qui a fait augmenter la pression virale. Il s’en est suivi une situation cahotante dont personne ne sait si et quant elle se rétablira ou si elle deviendra vraiment chaotique. Les psychismes souffrent, les fonds propres de bistrots et commerces aussi dont le dépôt de bilan est proche, la facture est salée et portera de longues ombres dans le futur. Des premiers vaccins sont prometteurs, mais tiendront-ils toutes les promesses ? impossible de le savoir sauf si l’on est charlatan. Faisons le point d’une situation qui est loin d’être figée.

Ce qui se confirme est que, à de rares exceptions près, dans nos pays développés les capacités des hôpitaux n’ont pas été débordées et que, pour la plupart, les malades atteints de la Covid‑19 ne sont décédés qu’après avoir pu tenter de les soigner. De ce point de vue l’action publique s’est affinée au point que la sévérité des mesures socio-économiques qui sont imposées aux populations est modulée selon le taux d’occupation des hôpitaux. Le nombre de décès intervenus en dehors des hôpitaux n’est pas [encore] communiqué. 

Ce qui se confirme aussi, est que le mal est fatal avant tout pour les vieux, et parmi eux ceux qui présentent des faiblesses additionnelles aussi appelées comorbidités. Les statistiques de mortalité le montrent : un excès significatif de décès est observable dans les classes d’âge supérieures de la population, et seulement parmi elles.

Salade de chiffres :
C’est la loi du 80/20 : en Suisse 18.7 % de la population a un âge de 65 ans et plus. En temps « normal » c’est la classe d’âge qui recense 87 % des décès constatés dans le pays. En 2020, avec la Covid-19 cette proportion est montée à presque 89 %.

Les classes d’âge plus jeunes ne sont que très peu affectées par cette maladie, du moins il est impossible de les distinguer de la mortalité courante, même si des malades en souffrent et peuvent en avoir de longues séquelles.

La mortalité des « seniors » est de 3,8 % en temps « normal », en 2020 elle a été de 4,2 %, une augmentation de plus de 10 %. Pour les 40-64 ans il y a même une baisse de la mortalité de 3,7 % par rapport à la moyenne entre 2015 et 2019.

L’attribution à la Covid-19 est significative, le flux de décès a pu s’élever presque jusqu’au double de l’habituel à certains moments de l’année. La grippe hivernale peut aussi avoir tel effet, comme il est visible sur le graphique ci-dessous en 2015 et 2017 où elle est apparue plus tôt dans l’hiver et qui n’a pas eu lieu en 2020.

Nombres de décès hebdomadaires comparés entre années.
Attention : les échelles verticales sont différentes.
A – pour toute la population ; B – pour la classe d’âge de 65 à 79 ans ; C – pour les plus de 80 ans.
D – année 2020 par classe d’âge.
Source : OFS, chiffres provisoires publiés le 19 janvier 2021 (Cliquer pour agrandir le graphique)

Rien ne sert de se disputer sur ces faits, cela ne les changera pas. Pour des analyses plus fouillées, par exemple de la substitution de certaines causes de décès par d’autres, et pour effectuer un calcul de la diminution de l’espérance de vie par classe d’âge, il faudra attendre des chiffres plus détaillés (promis par l’OFS pour avril 2021).

Il faut néanmoins se poser la question de l’utilité des mesures drastiques qui ont obligé toute la population, jeunes et vieux, à faire des sacrifices afin de contenir une mortalité ne concernant que 4 % du cinquième de la population et qui n’a augmenté, bien que significativement, que de 10 % environ à cause du virus. Il n’est bien sûr pas possible de savoir quel aura été l’effet de ces mesures, c’est-à-dire quels eussent été les chiffres sans elles. Ici aussi, trop de gourous, « anthropologues sanitaires » et autres, s’arrogent trop de prétentions, par exemple pour critiquer les actions des gouvernements qui, eux, savent qu’ils naviguent à vue et dans le brouillard et qu’ils n’en savent pas plus ; une grande leçon de modestie.

Les cohortes à l’isolement qui n’ont pas encore connu une première vague n’ont surtout pas à croire qu’elles sont immunes. Si en Asie les mesures de détection, traçage et isolement ont été couronnées de succès, leurs populations restent des victimes en puissance. Leur seule chance de sortir d’un strict régime de contrôle est dans le vaccin, mais seulement s’il s’avère qu’il réduit la contagiosité en plus d’immuniser les vaccinés ou si le taux de vaccination est proche de 100 %.  Pour les autres populations l’immunisation par la maladie a d’ores et déjà fait sa tragique sélection, quoique bien insuffisante pour obtenir une immunité collective.  

Si ce sont les plus vieux et parmi eux les plus affaiblis par d’autres affections qui décèdent, cela concerne bien moins les pays dont la classe d’âge des plus de 65 ans est de faible taille, par exemple 3% dans l’Afrique sub-saharienne contre 18-20 % dans le vieux continent. Les inégalités démographiques peuvent entraîner des avantages.

Du virus lui-même on ne sait que peu de choses ; comme tous les virus il mute, mais les caractéristiques des mutants sont bien difficiles à déterminer. La plus haute contagiosité alléguée pour un mutant « anglais », sur lequel les politiques et les médias font une fixette, pourrait bien s’avérer très banale, mais elle est utilisée comme aubaine pour justifier de mesures sanitaires anti-sociales plus drastiques.

La performance technologique de la mise au point de deux vaccins efficaces et sans risque à court terme est remarquable, au point que les idiots de service parlent de pénurie alors que la capacité de production de cette nouvelle technologie était de zéro ampoule il y a moins d’un an. Les capacités mondiales sont « bookées » pour toute l’année et le moindre grain de sable peut les réduire, ce qui est déjà arrivé. Elles vont être augmentées mais cela ne se fait pas comme on multiplie les petits pains, le savoir-faire et les équipements ne se trouvent pas d’un jour à l’autre dans des salles de rédaction. Par ailleurs, le risque court toujours que des effets non désirés ou que des diminutions de l’efficacité apparaissent. Que cèlzéceux qui en font des prétextes de gorges chaudes expliquent leurs propositions alternatives, s’ils en ont.  

Le titre de cet article garde sa validité : quand sortirons-nous de cette auberge qui ressemble à un asile d’aliénés ? Et saurons-nous un jour oublier et mettre au rancard les mesures anti-sociales et autres ports de masque qui devraient dorénavant nous protéger de chaque courant d’air ?


Voir aussi la page de données pour la Suisse, mise à jour de temps à autre.


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2 thoughts on “Début de la fin ou fin du début ?”

  1. Le Professeur Lwoff, prix Nobel vers 1980, pour la découverte expérimentale de l’opéron (lactose) avec Jacob et Monod, a publié quelques années après, un travail sur l’effet létal sur le virus du rhume de la vapeur d’eau au dessus de 45°C si on traite le nez et la gorge par inhalation. Dès que l’on sent un chatouillement ou si le nez coule, il faut faire bouillir de l’eau et respirer dans un inhalateur qui coûte environ 5€ jusqu’à ce que la vapeur s’attiédisse. Cela marche aussi pour la grippe car on a affaire à des coronavirus thermolabiles. Personne ne semble avoir repris cette idée pour montrer que le SARS-Cov (le virus qui donne la Covid) est thermolabile. Il est presque certain que des enveloppes virales constituées des mêmes matériaux membranaires possèdent des propriétés physiques très voisines. En cas de doute sur les fréquentations, je pratique cette méthode.

  2. Il existe une échappatoire qui n’a jusqu’ici pas été utilisée: je l’appellerais la stratégie de Suzi, en l’honneur d’une amie de la famille, qui a d’instinct adopté l’usage de sprays nasals quand elle est tombée malade; résultat: son mari y a échappé !
    Description de la méthode, destinée à mettre fin à la pandémie quand elle sera appliquée systématiquement: Titre: “COVID-19 En sortir plus vite qu’avec les vaccinations » dans le blog « Toutes les énergies » de l’auteur: En résumé: les nombres des gens au début de la maladie sont très inférieurs à ceux des bien portants – en les rendant non-contagieux par un traitement simple, on fera la guerre au virus beaucoup plus vite qu’en traitant toute la population … Mais si ce n’est pas concurrent des vaccins, c’est concurrent de toutes les méthodes de confinement ou de distanciation: le but est de raréfier les sources de contamination.
    Bovay-Rohr

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