Ne pas penser du bien de l’initiative « pour la responsabilité environnementale » !

Cette initiative[1] vise à restreindre le droit fondamental de la liberté économique afin de ne pas dépasser les limites de la capacité de renouvellement de la nature lors de l’utilisation de ressources ou de l’émission de polluants.

Les initiants déclarent vouloir « … conserver les bases vitales de l’humanité. Chacun a droit à des aliments sains, à une eau pure et à un air propre. L’initiative vise à améliorer le bien-être et la santé des êtres humains. »

Le Conseil fédéral et plus des deux tiers du Parlement la rejettent, sans proposer de contre-projet. Leur principale crainte est une réduction de la consommation qui entrainerait un renchérissement.

Face à une question de principe, l’exposition d’un nouveau système de valeurs, l’officialité fédérale répond avec des arguments de boutiquiers peu convaincants.

Les deux sont désolants !

Tout d’abord, l’argumentation présentée est spécieuse car rien ne permet de penser qu’une économie bridée causerait plus de santé et de bien-être. Et surtout, ce nouveau système de valeur est dément. Les limites planétaires, au nombre de neuf, trouvent leur définition dans un article publié dans la revue Science[2]. Ça a l’air très sérieux, mais il faut bien comprendre que ce n’est pas en soi le résultat d’une étude scientifique, mais un plaidoyer élaboré par des « scientifiques engagés ». Cet article prétend à « l’identification d’un espace de fonctionnement sûr pour l’humanité, fondé sur des bases scientifiques, qui puisse préserver à la fois l’état interglaciaire de la Terre et sa résilience. » Il faudrait donc aménager un « espace sûr » apte à conserver les générations X, Y, Z et suivantes dans leur cocon.

Les auteurs doivent fixer leurs limites de manière arbitraire puisque l’expérience en une matière dite sans précédent ne peut pas avoir de précédent ; le fameux plafond climatique de 1,5 °C en est un exemple. Selon eux, l’une des plus importantes, la production primaire nette de biomasse, aurait déjà été dépassée depuis la fin du 19ème siècle ! Le tout est aussi empreint d’un état d’esprit moralisateur pour lequel dépasser une limite serait une transgression, ce qui rappelle le péché originel ayant causé l’expulsion du Jardin d’Éden ! Il faut donc se rendre compte qu’il s’agit d’une appréciation nécessitant un âpre débat, plus philosophique que technique. Une approche plus humaniste que cette obsession de la prééminence de Gaia devrait guider l’analyse de l’impact anthropique sur la nature, mais aussi sur la santé, la longévité et la prospérité des gens – priorités ignorées dans ce concept de limites planétaires.

La position du Conseil fédéral et du Parlement est encore plus désolante que l’initiative, car elle ne s’attaque pas à la motivation des initiants qui désirent subordonner l’action humaine à un soi-disant équilibre de la nature. La bataille culturelle qui devrait ainsi être engagée exige de la détermination et de meilleurs contre-arguments. Depuis des décennies, les agressions idéologiques des écologistes ne sont jamais réfutées sur le fond, comme si elles procédaient d’une bonne intention et qu’il fallait demander pardon de ne pas pouvoir s’y plier pour des raisons pratiques. C’est ainsi que, peu à peu, cette idéologie transparaît dans tout notre tissu social et que l’on s’y habitue, comme si ça allait de soi, ou pire, comme si c’était vrai. Il est temps que cela cesse.


[1]     Votation le 9 février 2025 :
https://www.bk.admin.ch/ch/f/pore/vi/vis515t.html

[2]     Richardson K, Steffen W, Lucht W, Bendtsen J, Cornell SE, Donges JF, et al. Earth beyond six of nine planetary boundaries. Sci Adv. 2023;9(37):1–16.

Au fait, je voterai non le 9 février, et, dans mon cas, vous savez maintenant pourquoi.



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