Manuel de décérébration

Article original publié par Antipresse, organe original de presse offrant en opposition à la pensée unique une pensée… unique par des esprits libre et indépendants. S’y abonner! même en n’étant pas d’accord sur tout.

La rédaction du journal Le Temps a décidé de s’engager dans une campagne de propagande. Bien que se déclarant « la référence suisse du journalisme de qualité » cet organe s’arroge le rôle de dictateur des esprits de ceux qui veulent encore bien le lire. Allumé par une heureuse controverse déclenchée par un billet de blog de Mme Suzette Sandoz, hébergé par ce même journal, il fallait remettre les pendules à l’heure de l’urgence climatique. Voilà qui est fait dans un éditorial et un article de Pascaline Minet du 24 janvier présentant un manuel de résistance au climatoscepticisme ayant pour but d’endoctriner ses lecteurs en usant de techniques si éculées qu’on oubliait qu’une telle bêtise était encore possible : mensonge, avant tout par omission, condescendance insultante, mise dans le même sac, et aussi référence à un sachant, un de ceux qui sait la vérité vraie et qui analyse pourquoi elle n’est pas gobée par tout le monde mais seulement par 88% de répondants à des enquêtes bidons. Car c’est 100% qu’il faut à la mercenaire de la plume, si mal informée ou si tendancieusement inclinée qu’elle évite d’aborder les vrais sujets à propos de l’hystérie climatique à laquelle elle participe.

D’abord on fait comme si les arguments critiques étaient niais, tant quant au diagnostic climatique, à la prospective ou aux politiques visant à rerégler un climat qui serait en train de se dérégler à cause de l’industrie humaine. Si le sceptique devait se contenter d’accepter que le climat change, que s’il fait chaud aujourd’hui c’est qu’un phénomène global est en cours, que le CO2 émis par les activités humaine y joue un rôle et que les modèles climatiques ont une utilité, alors il ne serait plus sceptique. Donc l’hérétique que je suis n’est pas climatosceptique car je satisfais à chacun des points mentionnés, CQFD.

Et pourtant…

Dans cette liste succincte, au ras des pâquerettes, la rédactrice oublie volontiers, par ruse ou ignorance, que ce ne sont justement pas ces questions-là qui font débat mais bien celles plus complexes et combien plus déterminantes de la sensibilité du climat aux facteurs humains et naturels, de la validité des modèles en tant qu’outil prédictif, de la vraisemblance des scénarios utilisés pour simuler un futur qu’il faut décrire comme sombre et des évaluations d’impact à long terme qui découlent de ces projections[1]. Même si la science est très incertaine – ce qu’elle reconnait – ce sont les extrapolations qui en sont faites qui sont le vrai problème, avec en sus des avis d’experts qui jugent plus ou moins likely que tel ou tel phénomène ait une quelconque ampleur alors qu’ils n’ont aucune base statistique pour le faire (faire des moyennes entre les résultats issus de plusieurs simulations par modèles n’est pas faire de la science). Les politiques de mitigation – haro sur le CO2 – qui devraient l’emporter sur celle d’adaptation n’ont bien sûr pas à être mises en doute quant à leur nécessité, leur inefficacité et leur effets injustes et néfastes, ce serait de la pure hérésie.

Ensuite, liste est donnée des diverses sortes de climatosceptiques, liste bien sûr issue d’une analyse rigoureuse de tous les avis dont l’énumération faite précédemment ne tient pas compte. Définir et signaler le mauvais ou le méchant est une technique vieille comme le monde, avec un pilori moderne appelé « réseau social ». Ce qui est nouveau est que même les indifférents soient désignés pour la charrette : le péché est ainsi étendu à l’incroyant ou à l’apostat. Un avenir vraiment radieux est ainsi promis !

Puis il est conclu par l’interview d’un quidam étudiant le développement durable – un de ces éternels apôtres de toute cause alarmante – qui juge que les malheureux non convaincus le restent par manipulation, par ignorance ou par intérêt économique, mais en aucun cas par une réflexion raisonnée, car pour un débile durable faisant telle constatation il est impossible qu’une opinion contraire ait quelconque validité. Il ignore bien sûr l’énorme conjonction d’intérêts accordés à la mouvance climatique par les mondes économiques, financiers, académiques et politiques, source d’une manne prometteuse qui nourrit tant d’inutiles de service, professeur et journaliste inclus.

Le Temps montre son vrai visage, celui de l’irrespect de l’opinion non conforme, même et surtout si celle-ci est argumentée en des points qui font mal. Je constate par ailleurs que personne dans ce « camp du bien » ne répond dès lors que les questions dérangent vraiment, pas même les académiques pourfendeurs de Mme Suzette Sandoz.

Être converti serait la seule voie possible ? C’est ce à quoi visent tous les endoctrinements. Devant cette déferlante ayatollesque je me demandais s’il fallait se soumettre, fuir ou guerroyer. Eh bien, après que même l’indifférent est signalé comme personne à réformer ou scélérat potentiel, il ne restera plus que la guerre, ainsi imposée par l’absolutisme de la bien-pensance. Zinoviev, viens à notre secours !


[1] Inutile de revenir en détail là-dessus, mon essai “Entre hystérie et négligence climatique” y est dédié ainsi que plusieurs de mes articles dans mon blog.


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1 thought on “Manuel de décérébration”

  1. bravo; excellent; que faire ? à toutes les époques, il ne fait jamais bon avoir raison trop tôt

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