Dernier rapport du GIEC sur le changement climatique : sommes-nous faits comme des rats ?

Le dernier rapport du GIEC sur ‘The Physical Science Basis’ du changement climatique en 2021 vient d’être publié. Le document téléchargé pèse 3949 pages et contient un ‘Résumé pour les décideurs’ (Summary for policymakers, SPM) de 41 pages. À part ce résumé, le reste, y compris un « résumé technique » de 150 pages, porte la mention « Ne pas citer, référencer ou distribuer (trad.) ». Un ‘Corrigenda’ de 148 pages peut également être téléchargé. Si le résumé est déjà approuvé, pourquoi le gros du texte est-il encore en mode correction ? L’impatience et le souci de la communication ne devraient pas faire partie de la boîte à outils des climatologues.

Ces dimensions monstrueuses suggèrent que personne ne pourra prétendre maîtriser le sujet, pas même les centaines d’auteurs qui se sont partagés la tâche d’examiner et de tirer des conclusions de milliers de travaux scientifiques de qualité variable. Il s’agit là d’une base idéale pour imposer l’interprétation que l’on jugera utile à servir son objectif.

En survolant le SPM, pas si facile à comprendre, j’ai noté que le réchauffement observé est considéré comme quasi exclusivement anthropique. Une meilleure estimation a été évaluée pour la sensibilité du climat au CO2 à « 3°C avec une fourchette probable de 2,5°C à 4°C (confiance élevée), par rapport à 1,5°C à 4,5°C dans l’AR5, qui n’a pas fourni de meilleure estimation. (trad.) »

Ces phrases nous rappellent l’éternel recours aux jugements d’ ‘experts’, qui ne disposent pourtant que d’un seul laboratoire et d’une seule expérience. Imaginez les psychiatres ou les astronomes fondant leurs connaissances sur un seul patient ou un seul système stellaire. La longue note 4 du bas de la page 4 devrait faire l’objet d’études cognitives et d’évaluations de la dynamique de groupe :

« Chaque constatation est fondée sur une évaluation des preuves et de l’accord sous-jacents. Un niveau de confiance est exprimé à l’aide de cinq qualificatifs : très faible, faible, moyen, élevé et très élevé, et tapé en italique, par exemple, confiance moyenne. Les termes suivants ont été utilisés pour indiquer la probabilité évaluée d’une issue ou d’un résultat : quasi-certain 99-100% de probabilité, très probable 90-100%, probable 66-100%, à peu près aussi probable que non 33-66%, peu probable 0-33%, très peu probable 0-10%, exceptionnellement peu probable 0-1%. Des termes supplémentaires (extrêmement probable 95-100%, plus probable qu’improbable >50-100%, et extrêmement improbable 0-5%) peuvent également être utilisés le cas échéant. La probabilité évaluée est indiquée en italique, par exemple, très probable. Ceci est cohérent avec [le rapport précédent] AR5. Dans le présent rapport, sauf indication contraire, les crochets [x à y] sont utilisés pour indiquer la fourchette de probabilité évaluée, intervalle très probable de 90 %. (trad.) »

Si cette méthode peut être valable pour des études rétrospectives, il est probablement aussi probable que non (33%-66%) que les jugements prospectifs n’ont pas d’autre base que des sentiments intimes renforcés par des biais de confirmation entre pairs.

Je devrai donc devoir étudier comment ces évaluations scientifiques ont été réalisées, en m’intéressant particulièrement à la manière dont les modèles auront été validés pour les autoriser à procéder à des projections dans le futur.  Il est plus probable qu’improbable que ma curiosité ne soit pas satisfaite (voir https://blog.mr-int.ch/?p=6696).

La majeure partie du SPM est prospective : elle traite des estimations de scénarios d’émissions futures et de leurs impacts potentiels sur la température, la fréquence et l’intensité des événements météorologiques, les précipitations et l’humidité du sol, le niveau des mers et leur acidité. Les facteurs d’impact climatique (CID, conditions physiques du système climatique qui affectent un élément de la société ou des écosystèmes) sont traités à l’échelle mondiale, régionale et locale.

Ainsi, toutes les extrapolations imaginables ont été rendues possibles, y compris le pire des cas qui est considéré comme une sorte de « business as usual« , même si le GIEC estime que sa probabilité est faible. Mais le contraire est déjà écrit en toutes lettres dans les titres de la presse écrite et clamé dans les nouvelles de dernière minute des médias : si le pire peut arriver, il arrivera et le plus tôt sera le mieux pour que les prophéties de malheur se confirment. Toutefois, comme le coût social du réchauffement peut être acceptable pour une température supérieure à la limite arbitraire de 1,5°C ou 2°C, une évaluation plus sobre des chiffres tels qu’ils sont présentés ne constitue pas un argument en faveur de l’état d’urgence. C’est important car cela laisse la place à une décarbonisation ordonnée plutôt qu’à la panique.

Rappelons que de telles études prospectives ne constituent en aucun cas un travail scientifique, mais de simples spéculations guidées par le choix des paramètres en jeu. Cette démarche a ses mérites… à condition de ne pas en tirer des conclusions biaisées comme le montrent déjà les réactions intempestives des médias et des milieux politiques.

Enfin, des budgets carbone sont calculés. Il s’agit des quantités de gaz à effet de serre anthropiques qui restent à émettre avant qu’un seuil donné de température mondiale (1,5 °C, 2 °C ou plus) soit dépassé. Sans surprise, un scénario de faibles émissions laisse plus de temps pour atteindre telles limites. Néanmoins, « des différences perceptibles dans les tendances de la température mondiale de surface commenceraient à se dégager de la variabilité naturelle dans un délai d’environ 20 ans (trad.) ». Cela signifie que tous les efforts entrepris maintenant, même les actions de décarbonisation les plus fortes et les plus rapides si elles sont couronnées de succès, ne produiront aucun résultat avant que la prochaine génération ne soit aux commandes. Pour l’heure, la pilule sera difficile à avaler pour les pays en développement et émergents qui abritent la grande majorité de la population mondiale et ont bien d’autres priorités que la menace d’un climat trop chaud. La COP26 (en novembre prochain à Glasgow ?) ne sera pas un long fleuve tranquille ; la rationalité pourrait enfin être remise à l’ordre du jour dans un esprit bien moins consensuel.

Cela aura été mon dernier grain de sel en la matière, le pénultième comme toujours. A première vue, ce nouveau rapport n’apporte pas d’éléments nouveaux. Son orientation spéculative contribuera à entretenir le dogme alarmiste actuel.

Un appel aux lecteurs et aux correspondants par e-mail : étant donné qu’aucune nouvelle importante n’est présentée, je vous prie de vous abstenir de m’envoyer des liens ou des copies de longues vidéos, d’articles ennuyeux, de reportages « approfondis » ou de critiques tant significatives que sans intérêt. Je n’ai pas besoin de perdre mon temps à souligner les mésusages et les préjugés qui entourent cette question, car je sais pertinemment que c’est largement le cas.

Ce qui devient vraiment urgent, c’est de savourer et d’apprécier tout autre chose qui soit plus joyeuse.


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4 thoughts on “Dernier rapport du GIEC sur le changement climatique : sommes-nous faits comme des rats ?”

  1. En effet, une année de récession économique, donc carbonique, n’a pas d’impact détectable facilement dans un système de grande inertie

  2. On constate que le document contient ses propres contradictions puisque d’une part, on extrapole selon différents modèles l’évolution des températures globales depuis l’année en cours jusqu’à 2100, et que d’autre part, on indique que tout changement vers une diminution de ces t° se fait à l’échelle du siècle voire du millénaire. Ainsi, toutes les mesures de réduction des GS ne serviront à rien au niveau du changement espéré. La résistance du CO2 à vouloir baisser en fonction des baisses d’émissions est, de plus, très élevée puisque les baisses d’émissions en début 2020, qui sont exceptionnelles, n’ont pas entraîné un iota de baisse en 2020 de la proportion de CO2 atmosphérique. Pourtant,le système réagit très vite puisque les proportions baissent naturellement de 4ppm environ entre mai et septembre, ce qui est environ l’équivalent des quantités émises par an (4ppm correspondent à 28,48Gt de CO2). Quant à parler des t°, il faut croire en l’équation de la concentration en CO2 (en x) et la t° (en y), alors que c’est la t° la variable dépendante! .

    1. @ M. Dulieu
      Si les émissions de CO2 ont baissé de 2.4 GT (nombre que l’on trouve sur internet), ça ne fait que 8% des 4ppm par an, donc pas vraiment détectable. Non ?

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