Jolie surprise ! Revers démocratique pour la loi sur le CO2

Hier, lors du tout premier scrutin démocratique national jamais organisé dans le Monde sur cette question, l’alarmisme climatique a été sanctionné par une courte majorité (51,6% des voix) : le peuple suisse a rejeté une loi fédérale sur le CO2 qui avait été concoctée entre le Conseil fédéral (le gouvernement) et le Parlement suisse (composé de deux chambres, comme aux USA) pour soi-disant lutter contre le changement climatique, ou pour sauver le climat, ou pour le maîtriser, ou simplement pour ne plus émettre de CO2, peu importe. C’est le droit et le privilège du citoyen suisse, le souverain, de pouvoir refuser ou confirmer des lois controversées.

La proposition de loi prévoyait une série de mesures destinées à réduire les émissions de CO2 du pays.  Comme de telles lois le deviennent à chaque coup, il s’agissait d’un méli-mélo complexe de beaucoup de choses, dont les détails sont de peu d’importance[1], en bref : des taxes de toutes sortes suivies d’une redistribution sélective à divers groupes d’intérêt, tous faisant très activement campagne en faveur de cette loi.

Mais il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives. Le but d’un vote en démocratie directe n’est pas de découvrir une quelconque vérité ; il s’agit simplement d’un moyen de prendre une décision, de dire oui ou non à une question précise. Dans le cas présent, si un peu plus de la moitié des votants a dit non au texte proposé, cela ne signifie pas que la Suisse soit faite de climato-sceptiques ou de négationnistes, ni qu’il n’y aurait pas de changement climatique.

Alors que les sondages d’opinion indiquent généralement que le changement climatique est considéré comme un problème sérieux, le vote négatif des citoyens suisses est plutôt un signe de défiance : ils n’aiment pas les mesures complexes et coûteuses qui ont peu de chances d’être efficaces. Ils détestent également les politiques consistant en des mesures punitives et des contraintes comportementales. Mais surtout, ils n’adhèrent pas facilement à l’urgence climatique, comme la propagande ne cesse de le rabâcher, et que l’autre moitié des citoyens adopte goulûment. Combien de fois l’humanité aurait-elle dû s’éteindre, si toutes les urgences catastrophiques annoncées s’étaient matérialisées ?

Que va-t-il maintenant se passer ?

Les activistes du climat n’oseront pas envisager l’idée d’être dans l’erreur, ce serait trop demander. Au contraire, on peut s’attendre à un déferlement de propagande de leur part pour corriger ce « mauvais vote » qu’ils attribueront à d’obscurs lobbys, au manque de perception ou à l’inconscience, et à la désinformation. Ils devraient plutôt s’en réjouir : ce vote leur donne la grande opportunité de se présenter comme des victimes incomprises d’un système injuste, de toutes sortes de malveillances et de l’obscurantisme.

Des politiciens plus subtils retravailleront cette loi, ou une autre qui s’appellera loi sur le climat plutôt que de se limiter au CO2. Avec un peu de chance, ils auront compris que la politique de la carotte et, surtout, du bâton ne peut pas réussir. Il ne s’agit plus d’une question d’assiette au beurre, ils devront orienter leur politique en fonction de considérations de risques et d’efficacité, sans préférence idéologique. Ainsi, au lieu de taxes, ils devront fixer des normes qui contribueront à une réduction des risques. Mais ceux-ci doivent être évalués en termes d’impact climatique, de faisabilité économique et d’effets secondaires sur la société et sur la nature. Un seul chiffre, celui des tonnes de CO2, est une simplification excessive d’un problème encore mal compris.

Comme la science du climat ne peut être réduite à seul bouton de régulation, ils devront travailler plus dur s’ils veulent convaincre qui que ce soit, à commencer par eux-mêmes, de l’utilité de ce qu’ils proposeront. Il a une forte demande pour une meilleure recherche. Et, l’urgence étant désormais mise de côté, ils peuvent prendre tout le temps nécessaire pour bien faire les choses, mais pas à n’importe quel prix. La politique énergétique devra également être retravaillée, en particulier pour assurer un approvisionnement sûr et fiable en énergie électrique. Comme nous ne pouvons plus compter sur les voisins pour pallier les pertes de capacité après la fermeture de nos centrales nucléaires, il est grand temps d’en planifier de nouvelles.

Et les engagements pris dans l’accord de Paris ? La Suisse va enfin cesser de jouer les premiers de la classe faisant de la surenchère. Cette sobriété retrouvée ne fera de mal à personne, sauf à quelques égos.


[1] Objectifs de réduction des émissions de CO2 (p/r 1990) : 50% en 2030 – Net zéro en 2050 – 3/4 à réaliser en Suisse (en 2018 : 13,6% déjà atteint). Taxation du carbone pour constituer un « Fonds climatique », taxation des carburants allant des actuels 96 Fr/tonne de CO2 à 210 Fr/tonne, surtaxe sur l’essence de 12 ct/litre, participation à une bourse d’échange de quotas d’émission, taxe sur les billets d’avion, promotion des mesures d’économie d’énergie, restrictions sur les investissements liés aux carburants fossiles, soutien à la R&D pour des projets correctement orientés. Mécanismes complexes d’exemptions et de subventions. (Taux de change : 1 EUR = 1,10 CHF, 1 USD = 0,90 CHF)

Article publié sur European Scientist


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4 thoughts on “Jolie surprise ! Revers démocratique pour la loi sur le CO2”

  1. Merci à la Suisse ! Nous devons remercier une fois de plus les Helvètes pour leur bon sens. Un français proche de la frontière.

  2. Je suis très heureux de cet évènement qui devrait intéresser tous les pays car il s’agit d’une première! Toutefois, il faudra redoubler de vigilance car le canard est toujours vivant et les citoyens verront resurgir des mesures cryptées ou dissimulées pour continuer à détruire le mode de vie actuel.

  3. § L’affaire est politiquement complexe: ma Commune Echichens a refusé les modifications de la Loi sur le CO2 comme la Suisse, mon Canton de Vaud l’a acceptée largement, la Suisse l’a refusée à 51.6 % de NON; et la dite Loi (dans sa version précédente) ne va donc pas encore passer à la poubelle …
    § Dans tous les débats de ces dernières semaines, sur lesquels j’ai pu avoir des informations, il a juste manqué au public une série de données sur l’absence de lien direct entre les dépenses d’énergie et le climat …
    L’affaire est en physique subtile: si vous produisez en 2021 du CO2, vous ne modifiez pratiquement pas le comportement de l’atmosphère, mais si la température globale moyenne (alias mesure du « climat global ») évolue, la concentration du CO2 va évoluer aussi; c’est donc un TRACEUR – et non un moyen d’agir sur le climat; cela se voit en regardant les courbes.
    § Les menteurs du GIEC en 1995 en ont profité pour faire gober à toute la Terre qu’il y avait urgence à réduire les émissions de gaz (comme CO2, CH4, etc.), comme si l’humanité avait reçu un moyen de modifier le climat global, donc comme s’il existait une urgence dite climatique. Une tentative réussie pendant 26 ans, de prise de pouvoir sur nos sources d’énergie !

    Mais en Suisse, traduite en argent, la dite prise de pouvoir a en partie échoué, avec la votation du 13.6.2021: pourvu que ça dure !

  4. L’auteur de cet article très intéressant connaît parfaitement la situation politique, énergétique et environnementale suisse. Ses évaluations et ses prévisions sont partageables. Mes félicitations!

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