L’heure des comptes n’est pas arrivée

Il est vrai que, en réaction à un ratio grandissant de test positifs au virus SARS-Cov-2 mais sans que des symptômes de COVID-19 n’amènent beaucoup de nouveaux cas dans les hôpitaux ou les cimetières, les mesures édictées deviennent de moins en moins compréhensibles et acceptables, comme par exemple le port obligatoire du masque en plein air sur tout le territoire de la ville de Toulouse, quartiers résidentiels et endormis compris.

Il est vrai qu’à ce jour, seul pays à ne pas avoir ordonné de mesures de strict confinement ni de règles obligatoires de comportement, les résultats de la Suède ne sont pas catastrophiques, ni en termes de mortalité (quoique comparativement élevée) ni surtout en termes économiques. L’expansion de l’épidémie y est aussi en recul (tout s’y déroule plus lentement qu’ailleurs) ; allez savoir pourquoi.

Il est vrai que, de février à fin juin, l’incidence sur la mortalité en Suisse aura été une réduction de l’espérance de vie des catégories d’âge concernées de l’ordre de 3 à 5 semaines. Ce très faible impact statistique n’empêche pas que certains de ces morts eussent pu vivre encore plusieurs années s’ils n’avaient pas contracté le COVID-19, mais cela est vrai pour toutes les maladies et accidents. Depuis deux mois un tel calcul n’a pas de sens car le nombre de décès n’est même plus suffisant pour faire statistique (46 depuis le 1er juin).

Il est aussi vrai que beaucoup de gens ont la trouille et acceptent n’importe quoi pour se croire rassuré. Mais plus ils en acceptent et en font, plus ça leur fiche la trouille.

Il est vrai que cette épidémie a réveillé les esprits de délation, de chasse aux sorcières, et d’incriminations abusives.

Il est vrai aussi que des petits caporaux souhaitent saisir l’aubaine qu’offre cette pandémie pour inscrire des lois d’exception dans les loi normales (à l’instar de celles contre le terrorisme) et pour mettre en avant leurs « modèles » de société dirigée par la couardise et des idéologies fondées sur les contraintes collectives (climat-écolos brunâtres).

Il est vrai que chacun peut y aller de son schmilblick, à Marseille comme ailleurs, et que s’installent des guerres de croyances à défaut de disposer de connaissances solides à propos de la viralité de ce virus, de ses mécanismes de morbidité, de traitements préventifs, précoces ou tardifs, et bien sûr de l’efficacité d’un hypothétique vaccin. Même les tests de dépistage sont loin d’être fiables. Tous les biais cognitifs connus se révèlent dans cette histoire. Les vrais experts le savent. Les politiciens (hors exécutifs responsables) et surtout les médias ne désirent pas le savoir, cela leur enlèverait du taf.

Il est vrai que je n’aimerais pas siéger dans un gouvernement (politicien responsable), car il faut accepter de la morbidité et de la mortalité pour empêcher la continuation de la noyade psychique, sociale et économique du pays. Le faire et l’expliquer en temps de guerre est possible (Churchill), mais compliquée en temps de paix face à un microbe invisible et imprévisible. C’est pourquoi la communication officielle souffre de beaucoup d’incohérences liées à cette crainte de dire la vérité et de faire accepter le tragique de la situation. En conséquence, la précaution devient outrancière.

Voici donc ma position bien réfléchie que j’essaie d’avoir depuis le début :

It ain’t over til it’s over!

(Yogi Berra)

(pour les anglophobes : c’est pas la fin tant qu’c’est pas fini)

Alors, prudence dans les analyses et les projections, rejet des affiliations fanatiques et humilité sont de mise. Ceci n’interdit pas de relever les imbécilités patentes, les incohérences ou les tentatives de prise du pouvoir. Il est aussi recommandé de ne pas se laisser impressionner par des « nouvelles » – vraies, hypothétiques, fausses, fabriquées, légendes urbaines, complotismes ou maccarthysmes. Et surtout, par pitié, il est très nécessaire de ne pas contribuer à les répandre, même les vraies qui nous soûlent.

Le silence est d’or et de calme – je n’aurais donc pas dû écrire ce billet.

À ceux qui pourraient me reprocher de ne pas [encore] prendre position je conseille de comprendre le fond de la pensée du regretté Raymond Devos :


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3 thoughts on “L’heure des comptes n’est pas arrivée”

  1. « Il rampe à terre celui qui est trop préoccupé de sa sûreté et redoute la tempête. » Horace.
    Subtilement cité par Yvan Rioufol – Le Figaro du 21 août 2020.

  2. Félicitations ! Grand merci pour ce message ! Adorable Raymond Devos !

    A propos de la maladie COVID-19 et de ce qu’on peut en dire: il existe un traitement simple et bon marché depuis mi-mars 2020, à faire administrer par un médecin de famille, traitement qui débarrasse le virus pris à ses débuts chez un patient en une semaine.

    Parmi les mesures prises depuis le début, la pire de toutes:
    QUI et POURQUOI l’a-t-on bloqué, interdit et pas utilisé ou pas laissé utiliser en Suisse ?
    Ce mystère, entre autres à cause de la violation de l’art.128 du code pénal suisse, finira par se résoudre au TPF peut-être … Dans ce cas, l’Etat devra dédommager pour les dommages causés par ses dirigeants et par ses fonctionnaires.
    La dictature a donc ses côtés risqués !

    1. C’est justement dans une telle controverse que je ne désire pas entrer.
      Par incompétence personnelle d’abord, et ensuite par considération statistique : vérifier l’efficacité d’un traitement de ce type pour une maladie qui se soigne par elle-même dans 80-90 % des cas (détectés, donc encore plus en réalité) demande l’observation et le suivi de très larges cohortes, ce que personne n’a pu faire, même à Marseille.
      Je crois savoir que le traitement en question a été largement administré en Suisse.
      Résultats ?
      Mais que sais-je vraiment ?

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