L’ozone ne sort pas de son trou

Le pire début d’un article est d’écrire « une étude récente montre que », car ce que montre l’étude se limite en général à ce que le lecteur pressé et plein de préjugés aura voulu en retenir.

C’est pourtant sans hésitation que j’apporte mon grain de sel à propos de l’étude « Evidence for a continuous decline in lower stratospheric ozone offsetting ozone layer recovery » qui montre que l’ozone, plutôt que boucher son trou, en a bouché un coin aux chercheurs. Une politique vieille de bientôt trente ans dont il était dit qu’elle était un succès, doit maintenant être remise en question.

Au départ une explication assez simple et vraisemblable avait motivé la signature du protocole de Montréal en 1989 afin de substituer aux composés chlorofluorés des molécules moins réactives dans la stratosphère menant à moins de dégradation de cette couche d’ozone si utile pour filtrer les dangereux rayons ultraviolets. Le problème avait une solution, il y avait peu de fabricants qui devaient changer leurs produits, et d’ailleurs c’était les mêmes. Pour une cause qui semblait claire, un bon business de substitution fut rondement mené.

Mais maintenant on se perd en conjecture : les modèles prédisant que la concentration d’ozone aurait dû augmenter ne sont pas confirmés par dame Nature.  En récupération dans la haute stratosphère, la couche d’ozone est en baisse dans les couches plus basses, ce qui fait qu’au total, aucun changement significatif de la quantité d’ozone dans l’entier de la colonne atmosphérique n’a été constaté depuis 1998.

Mener une politique efficacement n’est pas une garantie qu’elle soit couronnée de succès, en particulier si elle ne vise pas la bonne cible. La dékoulakisation et la vernalisation (promue par Lyssenko) furent extrêmement efficaces, …au point de mettre à genoux l’agriculture de l’empire soviétique. C’est toute la différence entre l’activisme aveugle et l’action raisonnée et raisonnable.

Alors que dans l’article en question la rigueur de la présentation des faits observés ne fait pas de doute, les explications à ce résultat sont données en respect absolu de ce politiquement correct qui mine les milieux scientifiques. Les auteurs répètent que la politique initiée par le protocole de Montréal est un succès, comme si ce mantra pouvait occulter leurs propres conclusions. Aussi –il faut bien s’assurer de fonds pour les projets suivants– ils sortent de leur sphère de compétence en formulant des hypothèses liant l’insuffisance de leurs modèles prédictifs de l’ozone à l’évolution du climat et des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Ne nous réjouissons pourtant pas trop bêtement : lorsqu’un résultat négatif est publié il est encore moins facile d’en identifier les raisons alors qu’une hypothèse confirmée par les observations peut être vite promue en théorie établie. Que ces chercheurs ne s’inquiètent donc pas, ils ont encore du boulot sur la planche.

Ce qui inquiète, c’est l’emploi excessif de modèles pour provoquer un besoin d’activisme politique. La science faite in silico permet toutes les extrapolations et toutes les erreurs, il suffit de s’enamourer avec ses modèles, bien qu’il ne s’agisse que d’algorithmes vraisemblablement anorexiques, et non de beaux mannequins de mode. Les politiciens se laissent ainsi volontiers embrigader dans des aventures incertaines qui leur permettent de prouver leur efficacité à commettre l’improbable, voire l’irréparable.

Alors, si un tel exemple d’incertitude doit servir de leçon, ce devrait afin d’éviter qu’il serve de guide aux programmes de décarbonation et autres nettoyages de nos voies respiratoires que nous concoctent les hypocondriaques du climat.


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7 thoughts on “L’ozone ne sort pas de son trou”

  1. En lisant l’abstract auquel mène votre lien, je crois comprendre que ce résultat n’est observé que pour les latitudes comprises entre – et + 60°. Ai-je bien compris ? Et si oui, qu’en est-il des zones polaires et en particulier de celle du sud où le trou est censé être problématique ?

    1. La « couche » d’ozone est sans importance aux pôles puisque les rayons du soleil y sont tangents et qu’il n’y a pas âme qui vive.

  2. Merci de nous avoir rendu compte de cette étude fraichement publiée – dont je doute qu’elle soit médiatisée…
    Merci encore pour la qualité de votre blog, dont je suis un lecteur assidu.

  3. Je suis entré dans le polystyrène expansé en 1988, au lendemain du Protocole de Montréal sur le prétendu trou dans la prétendue couche d’ozone. DuPont de Nemours a reconnu quelques années plus tard devant le Sénat US que ce show avait été monté de toutes pièces car ses brevets sur les merveilleux et inoffensifs CFC (« Fréon » utilisé en réfrigération, en propulseur d’aérosols et en expanseur de mousses plastiques) allaient tomber dans le domaine public. Il fallait donc les faire interdire pour promouvoir leurs successeurs, bien sûr brevetés et prêts à être lancés par… le même DuPont.

    Le volcanologue Haroun Tazieff rappelle opportunément qu’en Antarctique se trouve le Mount Erebus, volcan le plus austral et plus gros émetteur de chlore du monde. C’est la raison naturelle pour laquelle le « trou » est plus important au pôle sud qu’au pôle nord, bien que l’activité humaine et industrielle y soit dans des proportions opposées. Une fois de plus rien d’anthropique dans tout ça.

    Je peux vous procurer sa préface sur le sujet, ainsi que sur l’innocuité des PCB et du DDT (ce dernier commence à être réhabilité auj’hui par nécessité), et annonciateur de l’imposture du CO2/réchauffement climatique anthropique (déjà !). Notre ami l’économiste Rémy Prud’homme m’avait écrit à son propos : « Un grand merci pour la diffusion de ce texte d’Haroun Tazieff. Il est bien écrit, bien pensé, argumenté, convaincant, et d’une incroyable actualité. Écrit en 1992, il n’a pas pris une ride. Je regrette vivement de ne pas l’avoir connu, et donc pas utilisé, au début de l’année, lorsque j’écrivais sur le réchauffisme ».

    Mais on peut pas joindre un document (PDF 4.65 Mo) à un commentaire. Voulez-vous me donner une adresse mail où vous le faire parvenir, s’il vous intéresse ?
    Amicalement, Pierre Bouteille

    1. Merci!
      Faites-moi parvenir ce texte à michel.de.rougemont[at]mr-int.ch et je me ferai un plaisir de le mettre à disposition des trop peu nombreux lecteurs de ce blog.

      Ceci ayant été promptement fait, le texte de Haroun Tazieff à propos de l’ozone est disponible ici.
      Merci à Pierre de l’avoir signalé et transmis.

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