Complaintes et désarroi

Dans le maelström des nouvelles alarmantes chacun cherche à identifier l’une ou l’autre cause ou l’un ou l’autre des coupables des maux qui nous menacent.

Bien sûr le cliché gauche-droite est trop simple, simpliste même au point d’en devenir populiste. Et ce d’autant plus qu’une position de droite dite libérale n’a rien à voir avec le nationalisme identitaire de certains ultra-républicains ni bien sûr avec les néo-nationaux-socialistes qui minent le débat, aussi dans une partie du SVP suisse (SVP signifie bien plus que UDC, surtout dans la tête de ses adhérents).
Mais, surtout depuis l’aile gauche de l’opinion, on amalgame tout ça dans « la droite », ce qui est très désagréablement réducteur et me met dans le même panier que ces crabes FN et autres têtes carrées du SVP, de UKIP, de AfD, de FPÖ, etc. qui ont tous un brun relent de NSDAP.

Le cliché qui attribue au néolibéralisme la cause d’une dérive du bien être sur terre manque aussi sa cible.

Tout d’abord personne ne s’entend sur le mot libéralisme : il y a l’anglo-saxon, clairement de gauche, et celui du « vieux-continent » qui rassemble plusieurs vues dont le conservatisme et l’affairisme ne font pas nécessairement partie. Alors pour critiquer un libéralisme il faut au préalable décrire ce qui est en cause. Ça, aucun critique ne le fait jamais, trop de travail non rémunéré.

Ensuite il y a le préfixe néo pour lequel la question se répète : néo-quoi ?

Il ne reste plus alors que passer au préfixe ultra, mais ici aussi : ultra quoi ?

Lorsqu’une personne est atteinte d’une maladie on évite, en général, de ne pas redéfinir la personne par sa maladie. Seuls les hypocondriaques font cela à propos d’eux-mêmes. Ainsi Mme Michu ne devient pas Mme Cancer, ou Roger Federer Monsieur Genoux.

Pourtant un libéral devrait-il être réduit aux dérives dudit libéralisme, où aux phantasmes de ceux qui le critiquent ?

Oui notre pays a évolué en direction du socialisme (toutes tendances de ce concept confondues), c’est-à-dire de plus de centralisation, plus de redistribution dite sociale, plus de lois, plus d’emprise du prêt à penser, plus de dirigisme. Exemples de ces évolutions vers la gôche : faire de l’aménagement du territoire une tâche fédérale en est une, tout comme l’interdiction de la constructions de minarets ou la mise en train d’une transition énergétique, sommet de l’esprit planificateur.

Il y a donc eu régression du point de vue de la responsabilité des acteurs et de leur indépendance.

La privatisation partielle des régies fédérales n’a pas amené plus d’un mauvais libéralisme; mais sans elle je doute que ni la Poste ni Swisscom auraient pu s’adapter si vite aux changements technologiques de ces deux dernières décennies. On constate assez souvent que c’est celui du bord que l’on n’attend pas qui procède à de tels changement, peut-être est-il (Leuenberger, Jospin, Blair) le seul à pouvoir faire passer la pilule dans ses propres rangs. Ou alors il faut se rendre compte qu’il n’y a rien de type gauche-droite dans ces questions. On se rappellera que parallèlement à ces mutations la densité réglementaire, elle, n’a pas diminué, bien au contraire.

Il n’y a pas eu de « libéralisation » de nos économies occidentales, ça c’est un mensonge tellement répété qu’il en est devenu une vérité transcendante.

La nouvelle donne n’est pas celle de la « phynance » », qui a toujours été, et qui est indispensable même si souvent pervertie. C’est d’une part l’évolution technologique et l’ouverture des marchés mondiaux qui redéfinissent de manière permanente le cadre économique dans lesquels nous évoluons et où le petit Suisse n’est pas plus malin que l’Indien ou le Ghanéen. Ce sont deux facteurs qui aident les gens à mieux vivre et qui paradoxalement leur causent le plus de soucis, voire de peur viscérale, surtout lorsqu’ils sont riches, car la peur de perdre est infiniment plus effective que l’envie de gagner.

Mes respects vont à Mme Merkel, une pragmatique pourtant capable de définir un cap et de s’y tenir. Ich hoffe, dass sie es schafft!


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