Une précision à propos de l’énergie nucléaire et du climat.

Me prétendant indépendant, je ne m’affilie à aucune cause qui ne soit pas raisonnée, par ma raison après mon évaluation, avec l’aide indispensable d’autres bien sûr, mais sans aveuglement. Cette liberté et cette responsabilité sont un immense privilège que nous avons dans une société ouverte et un état de droit ; il faut le chérir et le cultiver.

Certain de mes correspondants sont d’ardents défenseurs de la filière nucléaire pour assurer un approvisionnement électrique stable, sûr, et économiquement équilibré. C’est une opinion que je partage, tout en connaissant les défis que pose cette technologie et les intérêts qui sont en jeu.

Pourtant dans la confusion climatique actuelle ils utilisent un argument qui, en même temps, vise le cœur de la cible et cependant tombe à côté de la plaque.
C’est paradoxal mais ça s’explique.

Si l’on croit au dogme « activité humaine principalement responsable du réchauffement climatique et des dérangements qui pourraient en résulter », alors présenter le nucléaire comme vastement décarboné est un argument extrêmement puissant en faveur de cette technologie. Beaucoup de climatologues le soutiennent.
Un cinq au tir obligatoire.

La réponse des anti-nucléaires est faible, prétendant à juste titre d’ailleurs que ce n’est pas absolument carbon-neutral car il faut y inclure l’énergie dite grise consommée dans la construction et le démantèlement des centrales ainsi que pour la préparation du combustible fissile, le retraitement des déchets et leur confinement. Mais ceci est un combat d’arrière-garde, d’un ordre de grandeur très mineur. Ça les énerve car ils sont anti-nucléaires avant tout, point barre.

De l’autre côté pourtant, il y a l’irréalité des oracles qui prétendent savoir que le climat est très sensible à la concentration atmosphérique de CO2, qui présentent des scénarios catastrophistes –issus de modèles biaisés et partiels, faux et invalides– et qui exigent la cessation avant le tournant du siècle de l’utilisation des carburants fossiles. Ce qui n’est ni vrai, ni honnête, ni soutenable.
Alors le fait que le nucléaire ne contribue que marginalement à l’empreinte carbone n’a aucune importance.
Il ne faut pas ainsi tomber dans telle « trappe » climatique.
Un zéro pointé au tir obligatoire.

Rappeler cela ne fait pas plaisir aux pro-nucléaires car cela leur enlève du vent à leurs voiles.
Mais ce vent n’étant que du vent c’est faire injure à l’intelligence que prétendre soigner une maladie par un remède qui s’attaque à une fausse cause [anthropique] de celle-ci.
D’ailleurs les changements climatiques ne sont pas une maladie, c’est une fatalité incontournable, pour le bien ou pour le pire.

S’il peut être tactiquement utile de présenter le nucléaire comme une contribution au non‑dérèglement climatique, ce que je comprends très bien, il faut savoir qu’une stratégie basée sur une erreur ne peut pas être vouée au succès.

Des batailles, voire des guerres, peuvent se gagner au nom de mauvaises causes, mais pas la paix.


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