Corrigendum : une réponse fédérale est arrivée

Dans mon billet du 13 avril je regrettais que la lettre que j’avais envoyée à Mme la Conseillère fédérale Doris Leuthard le 8 mars n’ait pas provoqué de réaction. Rappelons que je lui indiquais que la politique climatique du Conseil fédéral faisait fausse route, et j’expliquais pourquoi.

Eh bien si ! Je viens de recevoir une réponse, pas simplement un accusé réception, mais avec des explications. Dont acte !

En substance elle, et donc le Conseil fédéral avec, pense que le rapport du GIEC ne laisse planer aucun doute sur l’existence des changements climatiques. Ici, on est d’accord et il n’y a pas besoin du GIEC pour le savoir. Mais elle croit aussi évidente l’attribution de la cause primordiale du réchauffement aux activités humaines. Elle croit notre civilisation vulnérable à ces changements et estime que leurs répercussions auraient des coûts supérieurs à ceux nécessaires pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Elle est donc de l’avis que limiter les émissions de CO2, non seulement diminuera notre dépendance des carburants fossiles mais améliorera l’évolution du climat.

Elle estime, comme le groupe de travail II du GIEC, que les pays en développement seront particulièrement touchés par les changements climatiques. L’habituelle analogie avec les périodes de sécheresse réduisant l’accès à l’eau et à la nourriture est indiquée sans même savoir s’il s’agit là de changements climatiques ou de variations météorologiques à plus court terme connues depuis bien longtemps, telles les sept années d’abondance suivie de sept années de famine (Genèse 41).

Elle se réfère au principe de précaution, qu’elle indique comme ancré dans notre Constitution, pour justifier une réaction aux risques sociaux que comporteraient les changements climatiques. Pourtant, erreur, il n’y a pas de principe de précaution inscrit dans notre constitution, nous ne sommes pas en France. Elle veut croire que combattre les causes consiste à réduire les émissions des gaz à effet de serre et que si nous tardions trop à agir le système climatique pourrait collapser. Elle s’engage ainsi dans une politique climatique qu’elle dit proactive, et, au plan international, pour que les autres pays suivent notre exemple.

Dans cette réponse rien n’est dit sur le fait que le réchauffement, la montée des eaux ou la fonte des glaciers ont commencé avant que l’ère industrielle ne soit en route, donc que la contribution du CO2 ne soit pas telle que le climat puisse être contrôlable par la réduction de nos émissions. Et face aux choix de développement elle se persuade que c’est aider ces pays que de leur éviter des changements climatiques indésirables. Là on n’est plus du tout d’accord. Ni sur un rôle exemplaire que devrait jouer la Suisse.

Ma conclusion : face à des convictions faites en dehors de tout esprit critique on peut justifier n’importe quelle action politique, il suffit d’une fausse prémisse, celle de la cause anthropique. Et faute de savoir comment aborder ces questions, seuls les rapports du GIEC comptent, alors même que ce groupe a été instauré dans le but de composer l’évangile climatique auquel le Conseil fédéral se réfère. On tourne en rond.

Comme le rappelais le Président Eisenhower dans son discours d’adieu le 17 janvier 1961 : “Yet in holding scientific discovery in respect, as we should, we must also be alert to the equal and opposite danger that public policy could itself become the captive of a scientific-technological elite”.

Nous en somme malheureusement arrivé là.


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