Suivisme incompréhensible

Si Trump l’a dit, cela ne peut pas être bon. Au G20 de Hambourg cette attitude, médiatique avant tout, a été renforcée par le président français qui se révèle en champion de la climato-crédulité. Deux ans après l’accord de Paris il veut réunir un « sommet » sur le climat en France le 12 décembre prochain pour prendre des nouvelles actions sur le climat, notamment sur le plan de financement. Il en serait même venu à exprimer que « on ne peut pas prétendre lutter efficacement contre le terrorisme si on n’a pas une action résolue contre le réchauffement climatique ». Où aura-t-il dégotté ça ?

Dans la déclaration finale du G20[1] les dix-neuf autres participants affirment que l’accord de Paris est « irréversible » et prennent note du retrait américain. Pourtant le Turc semble n’être pas trop d’accord, alors que l’Indien, le Chinois, le Russe, l’Indonésien, ou le Sud-africain n’ont de toute manière rien à entreprendre d’ici 2030 ; cette irréversibilité est donc une simple et peu couteuse posture. Et ce d’autant plus que le bis repetita de décembre prochain aura avant tout un but de redistribution financière, que, bien sûr, les coupables développés doivent aux gentils émergents qui se développent.

Macron ne désespère pas de pouvoir convaincre D. Trump de revenir dans le giron réchauffiste. Cela me semble bien présomptueux, à deux égards : celui de savoir de quoi il parle, et celui de croire lernfähig son homologue américain. Issu d’une éducation jésuite, avec maîtrise de philosophie et diplôme d’études politiques en poche, sa formation a culminé au rang de 5ème de sa promotion à la célèbre ENA. Il est très improbable que les phénomènes climatiques ou les questions environnementales en général aient été au centre de ses préoccupations, ni que ses compétences en la matière lui permettent de se forger une opinion par lui-même.

Dans un tel cas, il faut s’entourer de conseillers impartiaux, aptes à expliquer les différences et à offrir et évaluer toutes les options ; ce qu’il ne fait pas. Pour lui-même et son premier ministre il s’adjoint une militante du WWF comme conseillère pour l’environnement, et comme ministre de l’environnement (pardon, de la Transition écologique et solidaire) il nomme un très sympathique ex-présentateur de télévision. Il s’est ainsi situé dans le suivisme écolo-climatique, sans aucun moyen de laisser venir à lui n’importe quelle critique ou hérésie au sujet des dogmes en vigueur dans ces domaines. Il aurait pu faire un autre choix, celui, plus difficile, de l’ouverture, de la mesure, de l’heuristique ; il est incompréhensible qu’il ne se soit pas donné cette liberté.

Alors que le faux pas anti-climatique américain oblige les activistes, tant dans les milieux scientifiques que politiques, à revenir sur les fondamentaux, à prouver leur cas plutôt que se réfugier derrière le mensonge du consensus scientifique, et que les critiques des modèles climatiques sont de plus en plus pointues et révélatrices de graves indigences, le président français s’assure d’une garde rapprochée l’isolant de toute pollution de la doctrine qu’il a adoptée, par suivisme, et aussi par opportunisme de surf sur la vague d’innovations et d’investissements si verts qu’ils n’ont pas beaucoup de chance de mûrir un jour.

Prochaine messe climatique le 12 décembre, un élève jésuite officiera, les hosties et le vin seront bio, une collecte sera organisée à la sortie.

P.S. : Ceci dit, j’espère que son action politique réussira, et que ce pays voisin et néanmoins ami sortira le plus tôt possible de sa mouise.

 

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[1]     Un document de 15 pages dans lequel il est déclaré que, depuis désormais jusqu’à dorénavant inclus, tous les soucis du monde seront pris en compte (le terrorisme, les migrations, la pauvreté, la faim et les menaces pour la santé, la création d’emplois, le changement climatique, la sécurité énergétique et l’inégalité, y compris l’inégalité entre les sexes), et que ça se fera de manière durable et stable, en s’appuyant sur un ordre international basé sur des règles (eh non, on ne parle plus d’état de droit et d’accord mutuels ou multilatéraux mais de rules-based international order). Merci, et rendez-vous l’année prochaine en Argentine.


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2 thoughts on “Suivisme incompréhensible”

  1. « il est incompréhensible qu’il ne se soit pas donné cette liberté. » : pas complètement si l’on regarde le monde de la finance duquel il vient. Il est là pour assurer la continuité des gros investissements déjà réalisés et mettre en place des mécanismes de ponction des citoyens. Le climat il s’en contre-fiche.

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