Conflit de civilisation ? Deux lectures paradoxales.

C’est presque simultanément que j’ai lu l’article « Djihad du néant » par Slobodan Despot dans Antipresse [1] et celui de The Economist à propos d’une variété distincte de fascisme russe [2]. Les deux ne peuvent pas avoir raison bien qu’ils ne s’excluent pas complétement.

The Economist accuse la Russie en général d’un fascisme latent et, maintenant sous le régime de V. Poutine, de volonté dominatrice irréversible. « Le moteur du fascisme n’a pas de marche arrière. Monsieur Poutine ne peut pas revenir à un autoritarisme fondé sur la réalité. L’expansion est dans sa nature. » (trad. MR). La guerre par proxy ukrainien serait donc justifiée par la menace que présente cette Russie fascisante. Et ça ne serait qu’un début.

S. Despot cite le psychologue et polémiste J. Peterson qui décrit un Occident dont la culture est en total délitement : « Oui, nous, Occidentaux, sommes indignes de confiance, car nous sommes réellement dérangés ! » Selon la perspective russe, l’acte de guerre en Ukraine répondrait alors à une nécessité de protéger son propre pays de ces dérangés, mais serait aussi salvateur des autres en les « dénazifiant. »

Tout ça fait un peu trop de fascisants…

Serait-ce une guerre sainte pour chacune des parties ? Il faut rappeler cette question posée par Manuel Vázquez Montalbán dans ‘Milenio Carvalho’: “De dónde sacáis la evidencia de que vuestra guerra santa es más santa que las guerras diabólicas de vuestros enemigos?” (D’où tirez-vous la preuve que votre guerre sainte est plus sainte que les guerres diaboliques de vos ennemis ?).

L’imbécilité de ce conflit russo-ukrainien est abyssale ; les récits des uns sont aussi faux que ceux des autres, sauf celui que cela sème la mort et la destruction. Les réseaux asociaux jouent leur rôle délétère ; à éviter, tant à l’écriture qu’à la lecture.

On n’entrevoit ni la fin ni l’impossible vainqueur de cette guerre. Ceux qui la mènent sur le terrain la subissent et ceux qui la fomentent et l’alimentent ne méritent aucun respect, ni à Washington, ni à Moscou.


[1] “ Occident-Russie, le djihad du néant. ” Antipresse 348 du 31 juillet 2022 (pour abonnés).

[2] “A dark state. Vladimir Putin is in thrall to a distinctive brand of Russian fascism.”
The Economist, July 28th 2022.


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