Le climat reste hors de contrôle

Après la fin d’une COP26 qui n’a convaincu personne, même pas ses participants, voici une mise au point utile, équilibrée et documentée qui reste néanmoins impubliable dans les médias de grand chemin. Même à titre d’alibi pour illustrer une hypothétique « ouverture d’esprit »…
C’est L’Antipresse qui a eu la bonté de la publier in extrémis.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) confirme que ce dernier va continuer de se réchauffer. Cette nouvelle a de quoi faire transpirer les successeurs des responsables qui conclurent l’accord de Paris lors de la COP21 il y a six ans. Il visait à contenir le réchauffement en dessous de 2 °C. Des écueils majeurs font que la mise en œuvre de cet accord reste condamnée à l’échec.  

Les pays contractants s’engagèrent à effectuer des réductions de leurs émissions de gaz à effet de serre. Tels qu’ils viennent d’être confirmés en vue de la COP26 (1), ils ne suffiront pas du tout à atteindre le but fixé. Il ne s’agit pas de petites différences mais de ratage complet de la cible.

Une deuxième pierre d’achoppement est d’ordre scientifique et prospectif. Dans son sixième rapport (2), le GIEC souligne pour la première fois avec clarté (Table SPM.1) que, du scénario le plus sévère jusqu’au laisser-aller, les effets sur le climat resteraient insignifiants pendant au moins vingt ans. Pour des raisons de politique peu loyale, un scénario du pire est présenté comme ce qui se passerait comme si rien n’était fait. C’est un épouvantail invraisemblable qui permet de justifier les mesures les plus drastiques.

Ce n’est que vers la fin du siècle que des effets significatifs se manifesteraient. Il n’est pas plausible de s’attendre à ce que le réchauffement global soit maintenu en dessous de 1,5 °C ou même 2 °C. Les projections climatiques et économiques sont entachées de si vastes fourchettes que chacun pourra tirer les conclusions qui lui plaisent. Par exemple, cela permet aux activistes de réclamer la proclamation d’un état d’urgence.

Le troisième point critique découle des deux premiers, celui de l’inadéquation des énormes moyens qui devraient être mis en œuvre : humains, en ressources naturelles et en capitaux. Au lieu de se prémunir des effets nuisibles d’un réchauffement, ces ressources sont mobilisées à tout prix afin d’en réduire une des causes possibles. Il est vrai qu’une réponse d’adaptation au défi climatique n’apparaît ni grandiose ni héroïque. Cela suppose le conditionnement des bâtiments et de l’espace urbain, des variétés de plantes acclimatées, de meilleures protections contre les éboulements et les inondations, des travaux d’endiguement, une meilleure gestion de l’eau. On s’adapte à petite échelle, locale ou régionale, sans besoin d’aucune gouvernance mondiale. Voilà de quoi mettre au chômage des milliers de délégués et de journalistes à la COP26. Ils s’en défendront avec leur rhétorique onusienne, celle du charabia, de la peur planétaire et de l’exclusion de toute dissidence.

Faudrait-il pour autant abandonner le concept de « net zéro carbone » ? Certainement pas ! car à terme il n’est pas question de laisser doubler ou tripler la concentration en CO2 de l’atmosphère (déjà de +47% depuis le début de l’ère industrielle). Cependant, il faut se rendre compte de l’immensité de la tâche et l’aborder avec raison et efficacité. Ce n’est pas de précipitation mais de calme dont on a besoin. Le changement de l’approvisionnement énergétique du monde, constitué à plus de 83% par des carburants fossiles, signifie une électrification générale de toutes les activités humaines. La production de courant devrait doubler voire tripler. Il faudrait aussi savoir l’utiliser pour synthétiser d’autres carburants. Même si l’énergie primaire que nous fournissent le soleil et les matières fissiles est quasiment illimitée, ce sont nos ressources pour les récolter et transformer qui ne sont pas prêtes (technologies inadéquates, trop inefficientes ou encore inexistantes). Ces efforts ne doivent pas non plus nuire à la poursuite d’autres objectifs importants, par exemple pour les politiques de développement.

Jusqu’à maintenant, les milieux politiques préfèrent s’obstiner plutôt que répondre correctement à ces défis. Ils continuent de privilégier des stratégies fondées sur la mitigation en les rendant plus sévères et sacrificielles au simple prétexte que les causes du problème sont d’origine humaines. Il y a là l’expression d’une culpabilité face à une Nature que l’on aurait blessée. Il faut aussi se demander qui profite, en termes de pouvoir et de fortune, de programmes pharaoniques presque totalement inefficaces. Et pourtant, une stratégie d’adaptation permet d’être plus réaliste, efficace et moins coûteuse. En est-on arrivé à un point de non-retour idéologique au-delà duquel toute critique devient dissidence blasphématoire et intolérable ?

Des politiques climatiques qui s’abstiennent de tenir compte de ces évidents écueils sont vouées à l’échec et à la révolte des peuples.

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(1) Nationally determined contributions under the Paris Agreement
Advanced version, UN FCCC/PA/CMA/2021/8/Rev.1, Oct. 25, 2021

(2) IPCC, 2021: Summary for Policymakers. In: Climate Change 2021: The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [Masson-Delmotte, V., P. Zhai, A. Pirani, S. L. Connors, C. Péan, S. Berger, N. Caud, Y. Chen, L. Goldfarb, M. I. Gomis, M. Huang, K. Leitzell, E. Lonnoy, J.B.R. Matthews, T. K. Maycock, T. Waterfield, O. Yelekçi, R. Yu and B. Zhou (eds.)]. Cambridge University Press. In Press.


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3 thoughts on “Le climat reste hors de contrôle”

  1. Ein ausgezeichneter Kommentar. Das 1.5 Grad-Celsius-Limit ist die grösste und teuerste Lüge des Jahrhunderts. Es braucht sicher ab sofort machbare und sinnvolle CO2-Reduktionen, aber auch intelligente CO2-Anpassungen. In Glasgow hat man die Klimawandel-Anpassung total vernachlässigt. In Glasgow hat man sich für das 1.5 Grad-Celsius-Limit entschieden. Das 1.5 Grad-Celsius-Limit ist physikalisch unmöglich, unrealistisch und utopisch. Ende 2100 werden es sicher zirka 3 Grad Celsius sein. Man hat in Glasgow mit transienten/unmittelbaren Werten spekuliert (siehe Klimasensitivität). Wer ehrlich und transparent ist, rechnet mit Gleichgewichtswerten. Im Gleichgewicht wird die mittlere planetarische Temperaturerhöhung im Jahre 2100 zirka 3 Grad Celsius betragen.. Die Wissenschaft muss die Wahrheit sagen. Wissenschaft darf nicht käuflich sein! In Glasgow hat man auch wichtige und effiziente Teillösungen wie z.B. moderne Kernenergie und Aufforstung total verschwiegen. Zudem waren in Glasgow auch die Themen Wissen, Forschung und Entwicklung total vernachlässigt. In 80 Jahren machen Wissen, Forschung und Entwicklung gigantische Schritte.

  2. Excellent commentaire ! « en ressources naturelles et en capitaux » pourrait toutefois être confondu « avec des ressources naturelles et d’argent… ». Francs, dollars, euros », ce qui ne serait pas correct. Dans le contexte du commentaire, seuls les capitaux réels comptent – c’est-à-dire les matières premières raffinées, les produits semi-finis, les moyens de production, etc.

    1. La ressource capitale est humaine : à mobiliser les troupes dans de mauvaises batailles elles ne sont pas disponibles pour les bonnes.

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