Le début de la fin ou la fin du début ?

Une fois entré en crise, il ne s’agit pas seulement de la maîtriser, ce qui est un travail inévitable et que l’on ne choisit pas, mais d’en sortir, ce qui demande de la détermination. Quoi de plus aisé que de considérer un état de chose inimaginable avant la crise comme étant devenu un ‘nouveau normal’ ? C’est là un risque auquel nous sommes collectivement exposés, plus insidieux que les effets d’un virus.

Il y a encore deux poches de résistance qui empêchent de sonner la fin de l’alerte : celle du virus dont la dangerosité ne peut qu’empirer selon les mutations qu’il subit et la sélection qui s’opère, et celle des non vaccinés, les uns par négligence ou attentisme, les autres par conviction dogmatique. Il est pourtant indéniable que la vaccination porte ses fruits, dire le contraire tient de l’obstination morbide ou complotiste.

Je suis favorable au vaccin dont les risques – inefficacité ou effets indésirables, ce qui n’est pas la même chose – sont à mettre en balance avec les risques associés à ne pas vacciner ou de le faire sans couverture suffisante.

Le ‘passeport sanitaire’ doit rester une péripétie devant permettre une transition d’une pandémie incontrôlée à une maladie courante, bien qu’endémique et non éradiquée. La loi française qui vient d’être adoptée n’est valable que jusqu’au 15 novembre 2021, la loi Covid-19 suisse jusqu’au 31 décembre 2021 [1]. D’ici là, les gens auront ou non pris leur décision et auront pu se faire vacciner s’ils le désirent.

Le souci qui trotte dans ma tête n’est pas celui d’une encoche mineure et temporaire à des droits fondamentaux, c’est la perspective que le retour à la normale ne soit pas vraiment souhaité, et que ce ‘nouveau normal’ soit constitué d’entraves graves et définitives à ces droits fondamentaux.

Par exemple :

  • L’obligation vaccinale qui s’étendrait à toute la population et pas seulement à l’exercice limité de certaines professions.
  • La pratique, anxiogène à souhait, de tester en masse des bien-portants, pour cette maladie puis toutes les autres que l’on puisse imaginer. Cela ne s’était jamais fait auparavant, car impossible ; il ne faut pas que cela devienne une règle.
    Le Dr Knock doit rester un personnage de théâtre nous alertant de cette dérive.
  • L’identification sanitaire, aussi appelée flicage, par le biais de passeports établis selon des bases de données mises à large disposition de vastes milieux, publics ou privés : les certificats de vaccination et de tests effectués, mais aussi les morbidités, voire les activités physiques ou les prescriptions médicales.
    Ce que la technologie rend possible n’a pas à devenir inévitable.
  • Le port du masque obligatoire en toutes circonstances opportunément jugées opportunes.
    Les parois de plexiglas aussi qui veulent rendre invisibles des frontières inutiles et exacerbent la peur de l’autre.
    L’usage de bises trop fréquentes et trop mouillées peut rester réservé mais pas celui de la franche poignée de main, signe de paix.
  • Les restrictions aux rassemblements et aux voyages au prétexte de quelque hypothèse sanitaire ou pseudo-sanitaire que ce soit.
  • La culpabilité de s’exposer à la maladie ou de représenter un groupe à risque plus ou moins fantasmé.

En revanche, il est évident que les recherches sur les coronavirus, leurs caractéristiques et leur origine, la vaccination et les traitements doivent continuer, comme cela se fait pour tant d’autres maladies. Des enseignements doivent aussi être tirés en épidémiologie et pour la gestion de crises sanitaires ; on n’apprend vraiment que dans le réel.

Il sera cependant toujours plus facile de restreindre les libertés que de les défendre. Les troupeaux se sont montrés si étonnamment dociles que cela doit être très tentant de continuer, tant pour les bergers que pour les si nombreux chiens de garde. La quantité de trouillards sera toujours suffisante pour justifier l’imposition d’un mal au nom d’un hypothétique bien commun. Cela abreuve l’avidité de pouvoir et de domination, une constante humaine qu’il a fallu dompter au cours des siècles, avec échecs répétitifs puisque dompter la domination tient de l’oxymore, mais qui est un combat incessant et nécessaire. Les appels au Great Reset et autres ‘autrement’ sont des chevaux de Troie, plus dangereux et effrayants qu’une maladie virale.

Le test implacable que nos dirigeants doivent maintenant passer est de répondre par un simple et déterminé oui au retour à la normale.

Toute tergiversation ou atermoiement sera un signe de malfaisance putative ou de prudence abjecte. La prolongation de la validité des lois d’exception est un vrai danger, car si facile à faire passer. Elle ne pourrait être justifiée que par des éléments vraiment nouveaux, et surtout pas celui d’un nouveau variant car il est naturel qu’il en apparaisse d’autres toujours plus aptes à se propager que les précédents.

Il faut donc souhaiter que nous en soyons au début de la fin et non à la fin d’un début qui aurait des suites catastrophiques pour notre civilisation. Le vrai courage sera de résister aux appels à la protection à tout prix, si facile et si imbécile à promettre.
 


[1] Pour longtemps il faudra montrer patte QR blanche pour franchir des frontières. On n’est souverain que chez soi.


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1 thought on “Le début de la fin ou la fin du début ?”

  1. En France en 2004 (« merci » Chirac), la gravure dans le « marbre constitutionnel » du diabolique principe de précaution: voilà me semble-t-il ce qui nous met dans ce délire sino-viral actuel et, sans doute, irréversible.

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