Cinq objets identifiés et à rejeter

L’épaisse brochure qui accompagne les bulletins pour le vote du 13 juin prochain est arrivée ; il faut donc décider des oui ou des non à donner aux objets qui sont soumis au souverain. S’abstenir est toujours possible et n’a rien de répréhensible, l’abstinent laisse alors les votants décider, ni plus ni moins.

C’est un privilège extraordinaire d’avoir un tel pouvoir de décision. Il devrait pourtant être ordinaire, car cela tempère les ambitions des élus – représentants ou gouvernants, mais aussi leurs administrations – en lesquels il est déraisonnable d’accorder une confiance sans borne.  Notre droit d’initiative constitutionnelle et de référendum remet le pouvoir là où il doit être.

Ce billet n’a pas le but de présenter une fois de plus tous les arguments contre ces objets politiques, mais d’en souligner l’essentiel.

Deux de ces textes sont des initiatives constitutionnelles qui concernent l’interdiction ou l’empêchement de l’usage des pesticides. Elles ne vont pas trop loin, ce serait reconnaitre qu’elles auraient un certain fondement. Elles vont exactement dans le mauvais sens d’un principe de précaution absolue et du risque zéro. Totalement imbéciles. Pour qu’elles soient adoptées il leur faut une double majorité, celle des votants et celle des cantons. On verra si le fossé ville campagne se creuse encore plus.

Les trois autres sont des lois que le Parlement a adoptées et que le Conseil fédéral soutient, et pour lesquelles un référendum a été demandé et obtenu.

La loi sur le CO2 n’a pas de but utile ni d’action efficace, ce qui est un comble de mauvaise gouvernance. Elle magnifie un dogme climatiste et donne un rôle planificateur à un État encore plus centralisé en captant des ressources économiques pour les redistribuer ailleurs, un jeu d’accaparation que même la droite libérale bourgeoise de ce pays adopte.

La loi Covid-19 est une loi d’exception. S’il faut bien donner un support juridique aux mesures et dépenses qui furent et sont encore nécessaires, il est toujours dangereux de donner des pouvoirs discrétionnaires au gouvernement qui peuvent se prolonger. Rappelons qu’en 1946 il fut nécessaire de lancer une initiative « Retour à la démocratie directe » afin de lever les pouvoirs exceptionnels accordés à l’Assemblée fédérale et au Conseil fédéral pendant la seconde guerre mondiale. C’est contre leur recommandation de rejet que cette initiative fut acceptée en 1949, donc après bien des tergiversations, par la maigre majorité de 50,7% des votants et par 11 3/2 cantons, avec une participation de 42.5%.
Une leçon est à retenir : la démocratie doit se défendre, elle n’a rien de naturel.

La loi sur les mesures policières contre le terrorisme est d’un même acabit. La définition même de ce qui est considéré comme terroriste est d’un flou inquiétant. Des mesures policières privatives de liberté deviennent de la compétence d’un corps d’exécution – la police – sans vrai contrôle par la justice.  Si la police a besoin de moyens efficaces pour lutter contre des menaces inédites alors elle peut les déployer dans le cadre de la législation actuelle.

Ces cinq objets sont d’importance majeure. Ils ont deux choses en commun :

  • Tout d’abord ils sont motivés par la peur : de la chimie, d’une planète au bord de l’ébullition, des maladies transmissibles ou des actions assassines dans des buts idéologiques ou religieux.
    Pour y pailler, il nous est proposé d’abandonner des pans de liberté – ce qui est clair et certain – pour gagner de la sécurité ou maintenir un bien-être économique – ce qui n’est pas du tout clair ni certain.
  • Ensuite ils accroissent la puissance de l’État et de ses administrations, surtout de l’État central. Taxes et subsides sont les deux volets de l’exercice de ce pouvoir amplifié, mais cela implique aussi une emprise croissante sur les comportements des personnes par le biais d’une propagande officielle envahissante justifiant ces interventions. Les réponses à telle critique sont toujours lénifiantes et se prétendent pragmatiques, ce qui n’est pas rassurant. La suite est toujours un étonnement à la vue de ce qui sort de telles boites de Pandore.

En résumé :

Comme l’aurait dit Benjamin Franklin : « Ceux qui renonceraient à une liberté essentielle pour acheter un peu de sécurité temporaire ne méritent ni la liberté ni la sécurité. »

Si en agriculture il faut lutter contre les ravageurs, il est aussi essentiel de ne pas les laisser envahir notre système démocratique.

Voilà qui justifie un quintuple non le 13 juin prochain.


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4 thoughts on “Cinq objets identifiés et à rejeter”

  1. Merci pour ces analyses !

    Pas d’accord à propos de la Loi Covid-19: ce fut un effort du Parlement pour reprendre la main. A la loi du 25.9.2021 va succéder vraisemblablement un déluge de modifications, toutes susceptibles de succomber à un referendum – pas de quoi trop s’exciter. Je voterai OUI.

    Pour ce qui est de la loi sur le terrorisme, la Suisse a du retard à répondre à des fripouilles d’auteurs d’attentats; là aussi, sauf examen approfondi une deuxième fois, ce sera aussi OUI.

    Pour les autres objets, mal réfléchis ou résultat d’arnaque du GIEC, NON.

    Bovay-Rohr, 23.5.2021

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