En Écologistan tout est possible car rien n’est impossible

Dans un monde du virtuel, en particulier l’expression d’émotions et de jugements moraux à propos de sujets pourtant très concrets, aucun projet politique n’est impossible. La science et la technique n’ont qu’à le confirmer. C’est évident puisqu’en toute logique l’impossible est indémontrable. L’activisme politique peut donc tout se permettre puisqu’il n’est qu’un acte de volonté… jusqu’à ce que les têtes se fassent couper. C’est l’avenir qui nous est promis dans cette confédération magique qu’est l’Écologistan.

Tout commence ou bien par un préalable issu d’une idéologie contraignante ou bien par un diagnostic établi de manière cohérente et rigoureuse, c’est-à-dire scientifique.

La première manière est celle des révolutions, la deuxième tient de la raison et de l’humilité. Il y a aussi une troisième qui est de suivre le flux dominant et de ne jamais prendre position avant que le vainqueur ne soit déclaré. Avec les premiers tout est possible, les deuxièmes rendent possible ce qui peut l’être, mais pas le reste, et les troisièmes font les politiciens les plus efficients.

Diagnostic erroné ou biaisé.

Dès le diagnostic, des a priori sont fixés par la cause à défendre. Bien que les théories du genre s’achoppent aux fameux chromosomes XX ou XY ainsi qu’aux régulations hormonales qui en découlent, malgré l’impossibilité de démontrer une haute sensibilité du climat aux flatulences humaines, en dépit de l’absence d’impact sanitaire ou environnemental des semences modifiées à l’aide de la biologie moléculaire, une recherche scientifique orientée consiste à ne poursuivre que la démonstration du bien et l’inquisition contre le mal (advocacy research). Le but n’est plus de découvrir, comprendre et expliquer, mais bien de démontrer avoir raison, de se mettre au service d’une cause. Essayez de parler hormone avec des intersectoriels LGBTQ, de critiquer la définition de « changement climatique » adoptées à Rio en 1992 et qui l’associe uniquement à des causes humaines, ou encore de rétorquer que les OGM sont des ajouts bienvenus à la biodiversité ! Au mieux ce sera l’incompréhension, au pire un scandale éclatera avec injonctions au repentir et à la soumission. La fatwa moderne vous guette, celle qui annihile par réseaux asociaux interposés.

Thérapies iatrogènes.

Corriger le diagnostic, c’est déjà mission impossible. Pour la thérapie, il ne reste plus que le choix des moyens puisque le but est d’ores et déjà acquis. Ici aussi la critique n’est tolérable que si elle abonde dans le sens du courant dominant. Mettre en doute les vertus thérapeutiques proposées est un blasphème. C’est pourtant ainsi que les théories du genre et des minorités victimisées mènent déjà à des formes de néo-racisme, d’apartheid et de censure, que l’exagération de l’anthropocentrisme climatique fait se précipiter dans de foireuses transitions écologiques(sic) et énergétiques, et que l’agri-bashing en vient à baisser les rendements plutôt que les augmenter ce qui permettrait de conserver plus d’espaces naturels pour que la biodiversité fleurisse.

Puisqu’elles sont décrétées désirables, les solutions sont donc toutes possibles.

Négation de l’économie

Exposer le contraire par des arguments économiques provoque un réflexe pavlovien de rejet car l’homo economicus n’a pas droit de cité dans la bien-pensance. C’est là une des plus grandes fautes de ces mouvements dont les hérauts ne sont plus des hurluberlus alternatifs et autogérés mais de respectables institutions comme le World Economic Forum (le Davos maintenant délocalisé) soutenu par des business schools de renom et des cabinets de conseil de haut vol comme McKinsey et consorts. Font-ils le vent ou le sentent-ils pour orienter leurs girouettes ? la question reste ouverte.

Pourtant il se trouve que les ordres de grandeur vont au-delà de l’imagination, que les moyens à mettre en œuvre sont non seulement considérables mais nécessairement limités et en concurrence les uns avec les autres. Les connaissances ne sont pas toutes là et les technologies pour les rendre utiles non plus. Et, facteur humain qui nous est si naturel, nos systèmes sociaux ont des inerties qui nous protègent des grandes manœuvres destructrices. Balayer tout cela d’un revers narquois, c’est en fait rejeter les fondements de l’économie, ceux qui nous font bien gérer notre maison plutôt que rêver des utopies.

On ne fait pas de souris utiles avec des éléphants.

Arbitrer parmi les solutions et les ressources qu’il faut mettre en œuvre – humaines, matérielles, énergétiques, terrestres – voilà pourtant le vrai souci économique. Ces nécessités fondamentales sont dédaigneusement ignorées par la plupart des sociologues, surtout ceux devenus écologistes, par un grand nombre de scientifiques s’y prétendant allergiques (sauf pour rédiger une requête pour une bourse de recherche), mais aussi par bon nombre d’économistes qui se font l’avocat de systèmes politiques auxquels ils adhèrent par principe. Leur vérité existentielle dépasse la vérité nécessaire, elle est le narratif utile à leur cause.

Le patient n’est pas vraiment malade, le but thérapeutique est vain, et les traitements n’en sont pas ou sont même iatrogènes : aucune économie, individuelle ou collective ne peut se permettre les folies prétentieuses qu’il faudrait nous imposer. Non seulement l’indésirable est exigé mais il est une ambition malsaine et une relation dérangée avec les réalités physiques et économiques, donc impossible.

L’exercice démocratique est impossible en Écologistan.

Dès lors qu’un dogme dicte la seule voie à suivre, rien ne devrait oser s’y opposer. Ce n’est pas nouveau. La grande nouveauté est pourtant que chacun de ces fantasmes, monomaniaque en soi, se conjuguent maintenant avec tous les autres en un catastrophisme général que plus personne n’ose contester et que l’establishment adopte par opportunisme ou par peur. Avec le confinement de leurs pensées, et maintenant aussi celui de leurs corps, le vrai prurit est celui de prétendre changer les humains pour sauver la planète, quoi qu’il en coûte, même d’ignorer les contraintes naturelles. Voilà le prix d’une nouvelle et effrayante idéologie à imposer par la contrainte. S’il faut combattre quelque chose, c’est bien cet impossible-là.


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3 thoughts on “En Écologistan tout est possible car rien n’est impossible”

  1. Cher Monsieur,

    « en toute logique l’impossible est indémontrable », écrivez-vous.
    Voici un contre-exemple.
    On sait par la mécanique quantique que l’énergie d’un système constitué d’un oscillateur est : E = (n + (1/2)) hv.
    L’échange d’énergie étant quantifié par paquets de hv, donc de n entiers, il est impossible de retirer le dernier (1/2) hv d’énergie d’un oscillateur qui ne peut arriver à un état E = 0, l’état minimal étant Eo = (1/2) hv, c-à-d. en une opération qui consisterait à retirer un demi-quantum d’énergie au système, Donc il est impossible d’atteindre le 0 K absolu. C’est là la démonstration du 3e Principe de la thermodynamique.

    Bien cordialement,

    CR

    1. Touché !
      Par l’absurde : par sa définition, un système qui se trouverait à 0 K ne pourrait pas contenir d’énergie (et n’oscillerait plus). S’il existait, il ne suivrait même pas les lois de la physique quantique. Idem pour un univers pré-bigbang ?
      Est-ce démontré ou simplement exclu de notre compréhension ?

  2. Bonne déscription des dangers actuels sur le plan politique – alimentées par nos craintes…
    Karl

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