Au pays de l’illusion sécuritaire (bis)

Le même billet que le précédent, mais au premier degré donc sec, court et sans fable, pas nécessairement plus compréhensible pour ceux qui ne veulent toujours pas comprendre.

  1. Dans la vie politique et dans la société, la rationalité avait déjà cédé au profit de l’émotion, du sens du poil et du symbolique.
  2. Les jeunes post milléniaux vont au-delà du postmodernisme et refusent les traumas que provoquent des émotions négatives ou des idées qui dérangent, car les mots porteraient une violence qui laisserait des vilaines traces dans leurs esprits.
  3. En particulier, l’histoire est abominable qui décrit et explique l’esclavage, les déportations, les déforestations et autres exactions humaines. Cet enseignement doit cesser, car déjà y penser est intolérable. 
  4. La politique n’est plus rien. Ces jeunes se croient apolitiques, relax et sans idéologie.
  5. Ils ont été éduqués à la sécurité en toutes choses, donc à n’être exposé à aucun risque, surtout collectif. Tout ce qui est utile à cet effet doit être entrepris car la sûreté est un bien supérieur à la liberté des personnes. Ne pas adhérer à cela est la preuve d’un comportement antisocial.
  6. Il leur est intolérable que nous soyons mortels, individuellement et collectivement. Le collapse leur ayant été décrit comme certain et proche (par des « scientifiques »), toute action nous en préservant doit être entreprise, quel que soit son coût, son efficacité et ses effets néfastes. Il est criminel, pire que les crimes nazis, de leur dire que le net zéro carbone en 2050 est une illusion ruineuse et n’aura même pas l’utilité promise.
  7. Ils ne croient en aucune idéologie mais sont pourtant adeptes d’une nouvelle religion, celle du risque zéro et de la précaution absolue.
  8. Presque sans exception les partis politiques, les milieux économiques et les médias s’y soumettent bassement, sans protester. Ils doivent y trouver du grain à moudre.
  9. Ceux qui font la critique de tout ça sont d’autant plus détestables que leurs arguments sont solides. Ils ne doivent pas avoir droit à la parole.
  10. La solution passe par une éducation réformée :  accueillir les enseignements de l’histoire ; ne plus cacher le tragique de la vie aux enfants mais au contraire les y aguerrir pour les rendre plus forts, moins fragiles ; tolérer des risques collectifs (santé, environnement, relations sociales) en les gérant avec clairvoyance et modération.

En fait, je ne crois pas un instant que tous ces jeunes soient dans cet état d’esprit, mais il y en a beaucoup, bien trop. Ajoutez à cela les querelles de prééminences idéologiques, les postures communautaires et victimaires de genre, de race ou d’ethnies, les chocs civilisationnels aussi, et la situation devient ingérable, ce qui est une aubaine pour tous les extrémismes politiques. Les gouvernements en place, mis en demeure de faire n’importe quoi par des médias impatients prétendant représenter l’opinion publique, appliquent la règle de graisser la roue du char qui grince le plus, et font donc du n’importe quoi.


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