Avec l’opportunisme qui le caractérise, le Forum économique mondial (WEF), célèbre pour ses réunions de janvier dans son fief de Davos, s’est saisi de la pandémie virale pour se trouver une nouvelle raison d’être. Enfin, l’idéologie peut ouvertement l’emporter sur les habituelles et sobres considérations économiques influençant la politique mondiale. Après cinquante ans et une retraite qu’il n’a toujours pas prise, Klaus Schwab pourrait enfin réaliser une révolution culturelle contre le même establishment qu’il a servi avec soumission.
Pendant le confinement, le WEF a organisé sous le titre The Great Reset, une série de contributions par les plus éminents mercenaires commandants de l’économie mondiale. Tous sont d’accord avec la conclusion préétablie que le monde aurait besoin d’une remise à zéro. Tout ça a été déclenché par une maladie qui, jusqu’à présent, a diminué de trois à cinq semaines en moyenne l’espérance de vie des personnes âgées, au prix de troubles psychiques, sociaux et économiques majeurs pour toute la société. Une vraie performance !
Un tel redémarrage devrait consister à renforcer les esprits pour résister à l’adversité et accroître notre tolérance aux risques au lieu de nous enfermer dans un environnement vainement stérilisé. N’y pensez même pas ! Ce que tous ces » premiers de classe » répètent est une nouvelle tournure du catéchisme d’un Monde chaotique à mettre sous le contrôle bienveillant de leaders sachants et bien-pensants. Bien sûr, tout ce qu’ils disent n’est pas faux, mais les implications sous-jacentes sont effrayantes. Par un mauvais diagnostic d’une planète abîmée, leurs thérapies seront pires que les maux qu’ils prétendent combattre. En quête d’une grande vision, ils sont tombés dans l’idéologie écologiste. Les propos tenus au WEF par Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), en sont un exemple.
Elle note que 170 pays termineront cette année avec une économie réduite – son organisation compte 189 membres, y en a-t-il qui finiront l’année en étant plus riches ? Il s’agit en effet d’un risque important. Elle appelle à la Grande Remise à Zéro par laquelle, au lendemain de la crise virale, « la croissance devrait conduire à un monde plus vert, plus intelligent et plus juste à l’avenir ». Non pas que cela n’eût pas dû être le cas avant, mais le temps d’une révolution serait arrivé. Pour moi, c’est plutôt une occasion de plus de confirmer la loi Brandolini qui dit que la quantité d’énergie nécessaire pour réfuter une connerie est des ordres de grandeur plus grande que pour la produire. Mais soyons bref.
Verte : sait-elle de quoi elle parle ? Comme si le « vert » était une valeur en soi. Elle se focalise de manière maniaque sur une croissance décarbonée et résistante au climat. Combien d’investissements mal placés et de mauvaises politiques de développement sont entrepris sous une telle enseigne ? Même si cela avait la moindre chance de créer de la croissance plutôt que de précipiter la récession, cela ne peut être la voie d’une reprise rapide et forte.
Croissance plus futée : voici un individu de plus qui prétend que l’intelligence est de son côté ; et qui laisse entendre par là que, jusqu’à présent et depuis que la civilisation existe, le développement et la croissance ont été stupides. À l’évidence elle ne peut pas imaginer que les gens normaux sont de toute façon très intelligents sans ses conseils. Quelle arrogance !
Croissance plus équitable : personne ne s’oppose à ça. Néanmoins, pousser à la verdure par tous les moyens aboutira à un développement encore moins équitable. La croissance dans les sociétés d’abondance s’est déjà orientée vers la satisfaction de besoins moins essentiels, idéalisés voire futiles, une situation rendue possible par la croissance stupide précédente. Cependant, et c’est son travail, elle devrait mieux connaître les besoins des sociétés qui luttent encore contre la pauvreté, le manque d’éducation, le manque d’énergie et la mauvaise santé. Il serait bien plus équitable, surtout pour le FMI, de se concentrer sur ces nécessités plutôt que de marmonner des absurdités politiquement correctes.
Une fois de plus, une institution de renommée mondiale chante la ritournelle de l’éco-catastrophe et du vert salvateur, et personne ne s’y opposera. Est-ce par peur d’être mis au pilori ? Outre la possibilité d’atteindre gloire et avantages substantiels, il est toujours difficile de comprendre l’élan prométhéen de ces élites promettant un avenir radieux pour la planète. Pourquoi est-ce si effrayant ? Parce qu’une telle unanimité ne peut être saine ; d’autant plus qu’elle est fondée sur de fausses prémisses.
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