Entre épidémiologie et climatologie, y-a pas photo

Épidémiologues : 1 – Climatologues : 0

Disons-le tout de go : je préfère les épidémiologues aux climatologues. N’ayant pas d’autre match à regarder à la télé je me joue celui-ci en toute partialité et mauvaise foi, c’est mon bon droit.

Cette préférence est paradoxale car les premiers nous obligent vraiment à des précautions et à des sacrifices que je n’aurais jamais pu imaginer ; il y a de quoi les haïr. Le tabac fait certainement bien plus de victimes chaque année que cette épidémie qui se dénouera bientôt et s’il fallait obéir à des ordres similairement liberticides, les fumeurs constituant 25% de la population se révolteraient violemment. Les deuxièmes sont restés bien inoffensifs et ont seulement tenté, à l’aide de volumineux rapports indigestes et de grand-messes annuelles, de faire croire à des consensus bidons et autres blablas de convenance moralisatrice, sans trop de succès si l’on mesure les réticences des gouvernements à s’engager dans des mesures vraiment contraignantes malgré des discours empreints de solennité.

Les premiers parlent sans cesse d’incertitudes et se gardent bien de faire des pronostics, même à court terme, les seconds n’ont plus aucun doute, pour le reste du siècle. Eh bien oui, j’accorde ma confiance à l’expert qui est conscient de ce qu’il ne sait pas et qui n’a aucune honte à l’expliquer alors que la prétentieuse arrogance du sachant climatique me rebute.

On parle aux uns de modèles épidémiologiques, tout de suite ils les relativisent et expriment même une critique acerbe à l’endroit d’un groupe de l’Imperial College de Londres présentant de manière tonitruante des projections issues de modèles et de scénarios complexes et assurément faux ; voilà ce qui se passe lorsque la comm prime sur la réserve prudente du vrai scientifique. Les autres se sont tellement amourachés de leurs modèles pourtant incomplets, simplificateurs et invalides qu’ils les utilisent pour simuler des scénarios les plus improbables et pour vendre leurs salades en rédigeant des résumés pour décideurs dénués de vraie expertise.

Malgré toutes les incertitudes, les premiers osent discuter des alternatives, même très impopulaires, et sont prêts à changer de stratégie au fur et à mesure de l’évolution de l’épidémie. C’est en connaissance de cause que mentent les Diafoirus climatiques lorsqu’ils taisent l’inconnu et préfèrent asséner des jugements péremptoires sur la likeliness d’une catastrophe à venir dans une centaine d’années ; on les préférerait idiots, ils sont malfaisants.

Il est vrai que des épidémies, l’histoire en compte beaucoup, ce qui permet aux experts d’aiguiser leur jugement en opérant d’honnêtes critiques de manœuvre une fois le calme revenu. Alors même que la prochaine fois sera encore différente, il sera possible de faire mieux, ou en tous cas moins mal qu’auparavant. Pour le climat, une seule expérience est en route dans notre système solaire, ce qui rend l’expertise très ténue mais ce qui ne semble pas déranger le climatologue pour lequel le coté scientifique de la question serait clos — et donc toute critique non avenue. Pourquoi alors continuer de financer la climatologie puisque tout est si bien sous contrôle ? Et puis, pour opérer une critique de la manœuvre il faudra attendre si longtemps que nous aurons tous le nez sec, et nos descendants pourront se moquer de nos erreurs avant de commettre les leurs à leur tour.

Gérer des crises face à d’immenses incertitudes demande humilité et courage à la fois, c’est compris, respectable et respecté, même empreint de grosses erreurs qui, toujours, ne seront constatées qu’après coup. Créer une crise climatique à partir d’éléments plus qu’incertains et construits à cet effet, c’est faire de la fumée pour faire croire au feu, c’est irresponsable et ça mérite le mépris.

Original publié le 29 mars 2020 sur Antipresse, un médium pour une pensée… unique contre la pensée unique

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