Politiques climatiques : entrer en matière ?

Entrer en matière à propos des politiques climatiques en cours revient à avaliser le dogme anthropocentrique sous-jacent et à discutailler de la meilleure manière de conduire une politique futile quant à son objectif et néfaste quant à ses effets. Optimiser un génocide est un crime contre l’humanité, mais si c’est du CO2 qu’il s’agit, tout est permis, y compris de priver les peuples des leurs moyens de bien-être et de paix.

 

Désormais, face à l’état d’urgence climatique dans lequel se trouve le Monde entier, la seule critique encore un chouia tolérable serait celle de l’efficacité des politiques choisies et de la bonne qualité des plans d’actions visant à mettre en œuvre des stratégies de décarbonation et les transitions énergétiques qui en découlent. Cela foisonne d’ailleurs, les uns pour en demander plus et plus vite, comme si les solutions existaient et n’avaient qu’à être commandées comme un espresso au café du coin, les autres pour en souligner les difficultés, les ressources manquantes, les technologies n’existant que sur le papier, les contradictions et les délais impossibles à tenir. Il y a bien sûr les mesures d’adaptations, celles, bien plus réalistes, qui permettront de vivre avec le problème plutôt que croire pouvoir le dominer, mais ce n’est considéré que comme un pis-aller, indigne des ambitions salvatrices des rédempteurs modernes.

Ce ne serait pas trop grave si l’on comparait l’activisme actuel avec celui des Flagellants (disciplinati) qui sillonnaient l’Europe après les pestes ravageuses du 13ème siècle en s’administrant à eux-mêmes des flagellations publiques, le story-telling et la punition étant déjà plus importants que la réalité. Après tout, chacun est libre de se croire porteur des pêchés de l’humanité et de vouloir s’en punir. L’intolérable apparaît dès lors que l’on veuille imposer à tous de telles vues dogmatiques et excessives.

Ce ne sera pas trop grave non plus si le monde politique ne restait pas sidéré par des injonctions prétendument citoyennes à l’action totale, immédiate et à tout prix, allant jusqu’à une abolition de l’État de droit justifiée par un prétendu état d’urgence. De ce point de vue, l’échec de la COP25 de Madrid est plutôt une bonne nouvelle car, face aux réalités et avec un reste de sens de la responsabilité, les États ne sont pas si fous de s’engager par traité dans une aventure foireuse dont le but reste bien illusoire, les moyens impossibles et les conséquences certainement impopulaires. Cette réaction faite d’un mélange de réalisme, de cynisme et d’hypocrisie est bonne à prendre alors que l’alternative ne saurait être que totalitaire.

Mais là ou ça pèche vraiment, c’est lorsque, sans même plus se demander pourquoi il faut, ou non, mettre en œuvre ces politiques, la seule dissension acceptable tourne autour de la meilleure manière de les exécuter alors qu’elles sont malvenues et néfastes à plusieurs titres, entre autres celui de nier à une grande partie de l’humanité l’accès au bien-être et à une vie apaisée ainsi que celui de créer une ambiance d’anxiété générale permettant toutes les outrances. Le dénouement de la question climatique n’a d’ailleurs plus trop d’importance, le tout se réduit bilan carbone. C’est faux, simpliste, populiste, inutile, contreproductif, injuste ? peu importe, le leadership l’exige, une grande victoire est à promettre. Avec telle vision c’est l’asyle qui est programmé sans qu’il soit autorisé de s’en rendre compte.

Ceux qui mettent en évidence, chiffres et calculs à la main, l’inefficacité et l’inefficience des politiques climatiques se font de toute manière traiter de renégats du climat. Communément précédée d’un acte de foi soulignant leur allégeance au dogme anthropocentriste du changement climatique, leur critique vise non pas à réorienter les politiques vers les inévitables mesures d’adaptation, mais elle entre en matière pour traiter de la meilleure manière de décarboner nos sociétés, allant même jusqu’à proposer des mesures de géo-ingénierie, elles aussi plus ou moins foireuses. Monsieur Guillotin n’avait pas fait mieux pour optimiser l‘abject processus d’exécution capitale. En cela, ces renégats-là entérinent l’illusion du bien-fondé de l’objectif politique de zéro carbone net en 2050 et s’associent ainsi à une industrie climatique d’ores et déjà bien constituée en une robuste corporation.

Le CO2 est devenu l’ennemi public No 1 dans un procès truqué et inachevé. Comme il n’est pas un koulak à déporter ni une race méritant le génocide, cela paraît moralement acceptable de s’y attaquer. Sans alternative valable à disposition, bannir les hydrocarbures, donc restreindre ou priver l’accès à une énergie bon marché et facile d’emploi, correspond à étrangler les populations concernées, tant dans les pays en développement que chez ceux qui se croient suffisamment riches et coupables pour s’infliger tel châtiment. Il est donc aussi pervers de participer à cette entreprise que de s’associer à des crimes contre l’humanité qui, elle, a besoin de cette énergie et de bien d’autres ressources encore pour s’inventer de nouveaux modes de vie, aussi inconnus qu’imprévisibles et non planifiables, qui lui permettront de vrais progrès plutôt que de se faire entraîner dans une régression vers une nouvelle barbarie.


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