Vagues fédérales

Les élections fédérales de dimanche dernier ont confirmé une surprise qui n’en était pas une, celle de la poussée verte et l’insuccès des partis gouvernementaux à en engranger les effets malgré la récente réorientation de leurs girouettes écolos. Une autre non surprise, mais aussi de taille, est la participation féminine à la représentation au Conseil national. Avec maintenant 84 élues sur 200 la parité est proche, ce dont il faut se réjouir car on pourra bientôt cesser de s’en soucier.

Les commentaires vont bon train. À en entendre certains, c’est comme si la Suisse était devenue écologiste ; on en est pourtant encore assez loin. Parmi ceux qui font souci, il y en a deux à souligner.

Au téléjournal de lundi, l’ancienne Conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey se réjouissait de cette progression féminine et en expliquait le succès entre-autre par la manifestation du 14 juin. Il est dit aussi qu’une mobilisation pour sauver-conserver-inverser le climat en urgence, exprimée par de nombreux jeunes grévistes du vendredi et des manifs très fréquentées, expliquerait aussi la hauteur de la vague verte. Ces commentateurs sont idiots ou alors ils croient vraiment que faire de la politique en Suisse devrait de plus en plus passer par la rue. Tout bien pesé je préfère qu’ils soient idiots.

La représentation du parti écologiste dépassant celle du parti démo-chrétien, il pourrait être question de verdir le Conseil fédéral, de préférence par une personne se déclarant de genre féminin (oui, le mot genre est masculin). Certains parlent même d’une modification de la formule magique qui passerait de 2+2+2+1 à 2+2+1+1+1, ce qui affecterait un des deux libéraux-radicaux actuels. Ça va encore gloser ferme.

À ce propos, l’avis de la Vaudoise verte Léonore Porchet est intéressant et révélateur. Pour elle, participer au gouvernement n’est pas une priorité car l’ensemble des lois concernant le climat reste à être adopté, et c’est au parlement de le faire. Mieux vaut entre temps ne pas y siéger car, comme participer aux actes collégiaux de gouvernement exige d’avaler des couleuvres, la verdeur de l’action en serait trop polluée. Cette toute récente trentenaire dit ainsi assez franchement que, pour gouverner valablement, il lui faut pouvoir appliquer son programme sans souci de concordance. Elle n’aspire pas au statut d’opposante professionnelle refusant les responsabilités mais à celui de la militante qui ambitionne le pouvoir, mais qui ne le prendra que sans le partager.

Ces deux attitudes, engouement pour la rue et exercice exclusif du pouvoir sont unschweizerisch.  Pourtant elles sont dans un air du temps où l’impatience est devenue convulsive et la tolérance ne s’applique qu’à ceux avec qui on est d’accord.


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