A la traîne de la COP24 de Katowice, cette grand-messe annuelle sur les maux de notre planète, la revue Nature publie un pur plaidoyer pour une décarbonisation immédiate et radicale du monde. Il s’agit là d’une nouvelle violation des prétentions scientifiques d’une telle publication.
Cette revue, du moins sa partie éditoriale, a abandonné la science. Quelles que soient les incertitudes scientifiques, c’est un « must » que de transmettre des certitudes sur le désastre imminent auquel le monde sera exposé si des mesures immédiates et massives ne sont pas prises. Les modèles climatiques surchauffent et les mesures de décarbonisation seront certainement extrêmement coûteuses tout en restant ridiculement inefficaces ? Faites-en donc plus, plus tôt et plus vite !
Toutes les projections sont fondées sur des scénarios extrêmes, le pire résultat possible étant considéré comme la continuation du statu quo, business as usual. Nul doute qu’avec de telles prises de position, également accompagnées d’un ton moralisateur, le Monde doit se mobiliser et intervenir sans délai. Toutefois, les scénarios retenus sont, selon la terminologie non scientifique habituelle du GIEC, very unlikely. Entre autres défauts, ils ne tiennent pas compte du fait que le monde est en train d’améliorer son efficacité énergétique (consommation en relation avec la création de richesse, Joules/PIB). Tout stratège raisonnable ne prendrait pas de tels modèles et scénarios comme base sérieuse d’action. S’adapter et être vigilant, à l’affût de tout cygne noir qui pourrait soudainement nager par ici ou là, pour cela nous n’avons pas besoin d’un programme de 2 400 milliards de US$ par an, soit 3,5% du PIB mondial total. Personne n’a une telle richesse à sa disposition sans la voler à quelqu’un de plus pauvre.
Les « experts » gouvernementaux (le GIEC) ont redéfini la limite de température arbitrairement fixée à Paris à 2 K (au-dessus de la moyenne 1850-1900) à la baisse à 1,5 K ; qui sait pourquoi, sinon par un désir morbide ?
Ces mêmes « experts » ont fixé un nouveau type de budget, qui ne doit être approuvé par aucun Congrès : c’est la quantité de carbone qu’il serait permis d’émettre jusqu’à ce que la fameuse température limite soit atteinte. À ce moment-là, toutes les émissions auront dû être éliminées, ou alors le captage et le stockage du carbone devraient les compenser entièrement ou même les surpasser. Exposé à des diagrammes soigneusement conçus, le décideur politique se retrouve avec deux choix : agir maintenant ou immédiatement.
Ainsi, est-il possible d’éviter de répondre à des questions ennuyeuses telles que la sensibilité du climat aux émissions anthropogéniques, l’ampleur des dommages ou des bénéfices attendus du changement climatique, le rapport coût/efficacité de la décarbonisation proposée, ou les modèles économiques et sociaux retenus pour toute lecture dans une boule de cristal ? Non, pas du tout, bien que les climatologues désirent qu’on les mette de côté. Elles doivent pourtant contribuer à une dispute beaucoup plus gênante mais nécessaire, celle du temps restant pour nous sevrer du carbone: 10, 30, 100, 300 ans ou plus ?
Nature adhère à une idéologie politique, malgré son manque de faisabilité et d’efficacité. On ne remplace pas 85 % de l’approvisionnement énergétique mondial au cours d’une génération humaine. Ce n’est pas en rêvant de technologies qui n’existent pas encore, de géo-ingénierie et de changements dans les habitudes de consommation de la population que l’on peut y parvenir. Les lukewarmers (tiédistes ?) sont des hérétiques et ce à juste titre : il reste bien du temps pour faire des découvertes significatives de manière raisonnée et économique, évitant ainsi des perturbations sociales inutiles et injustes.
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