Couvrir son arrière-train virtuel

L’interneto-dépendant est désormais protégé car il vient de lui être attribué le droit à être d’accord.
Vous aussi aurez reçu une avalanche de courriels à propos de l’usage de vos données personnelles vous enjoignant à agir, ou non, selon une des modalités représentées dans le tableau ci-dessous :

Après que vous aurez passé ce test de QI avec un score de moins de 50% (les singes, eux, atteignent les 50%, voire mieux si la banane a été déposée sur la bonne case), vous attendrez des vraies nouvelles, celles par exemple qui vous proposeront d’ouvrir une page Ouèbe pour en savoir plus, ce que vous faites diligemment.

Et là vous devez accepter des cookies, peu nourrissants et sans chocolat, c’est-à-dire les algorithmes micro-espions qui surveillent la conformité de votre comportement avec les normes politiquement correctes et qui s’assurent qu’après avoir commandé un truc, vous ne recevrez plus que de la pub pour ce truc-même que vous possédez déjà puisque vous l’avez acheté sur cet entrefilet-là.

Ayant avalé ces galettes étouffe-bougres vous vous intéressez à obtenir des informations un peu plus fouillées que les pipole-news, fake or true, que vous présente le portail de votre hébergeur préféré. Vous voulez, enfin, vous installer au sein d’une antre de connaissance, ce qui bizarrement s’appelle surfer. Mais pour cela il vous faut préalablement vous brancher et vous déclarer en accord avec un contrat de plusieurs pages qui stipule que vous êtes très au courant que les données personnelles que vous aurez délicatement introduites dans un formulaire ainsi que vos comportements internautiques seront revendues à toutes sortes de malfrats, mais qu’éventuellement, en le demandant poliment, ces données pourraient être oubliées par ce serveur, mais bien entendu pas par les Russes ni la NSA à qui elles auront été vendues, ni par les fachos de gauche-milieu-droite qui se les seront appropriées. Bien sûr ce contrat est léonin, car non négociable : vous devez agréer sans broncher aux conditions de licence pour l’emploi du schmilblick en question ainsi qu’aux conditions de traitement des informations personnelles que vous aurez dû transmettre. Sinon c’est couic ! page blanche avec code 404 ou 505 agrémentées d’explications saugrenues et inutiles. Même chose pour l’installation de logiciels, piratés sur le darknet ou non.

De toute manière votre consentement éclairé s’obscurcira : soit vous obtiendrez le susucre au coût du marketing des sphères les plus intimes de votre individu, soit vous resterez déconnecté.  Pour obtenir malgré tout le service attendu il ne reste que le mensonge et la dissimulation, ça n’est pas bien mais ça aide pour un moment.

Moralité : à force de vouloir mettre les GAFA sous contrôle, c’est l’individu qui trinque.
De précédemment inconscient il devient maintenant parfaitement au clair que c’est à l’insu de son plein gré qu’il se laisse rouler dans la farine.

À quoi aura vraiment servi le règlement européen qui a déclenché ce tsunami virtuel ?
Comme d’habitude à élargir et approfondir les douves protégeant l’opérateur quasi monopolistique.

 


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