Des concepts tels que ICM, IPM, agriculture raisonnée ou durable et/ou bio… ont été remplis de tant de mots et d’idéologies différentes qu’il est devenu difficile de les utiliser d’une manière neutre et objective. En soi la protection des cultures n’est qu’une pratique agronomique qui ne saurait être séparées des autres.
Compte tenu du long délai nécessaire pour développer de nouvelles technologies agronomiques, il est probable qu’aucune révolution [verte] ne soit en vue.
Au contraire, c’est par des améliorations constantes dans divers domaines que des progrès seront réalisés; voici une liste partielle des défis actuels et à venir:
Semences: GM ou non, de nouvelles variétés intégreront des traits de protection des cultures contre les stress biotiques (insectes, maladies, virus) et abiotiques (sécheresse, salinité), ainsi que la diversification de la résistance aux herbicides comme alternative à l’envahissant glyphosate. Toutefois, il est peu probable que toute la protection des cultures soit intégrée un jour dans le matériel génétique par un empilement de traits. La nature est plus complexe que cela! Des améliorations des caractéristiques nutritionnelles pourront également offrir des avantages supplémentaires. Mais la controverse fondamentale sur les OGM ne va pas être résolue facilement, du moins pas en Europe.
Sols: préparation pour améliorer la vie des sols et à favoriser le développement de racines saines, telles que les mycorhizes et d’autres composants microbiologiques.
Fertilisation: des méthodes d’application plus sophistiquées sont nécessaire pour maximiser la croissance et les récoltes tout en évitant les pertes et la pollution des eaux de ruissellement. Mais dans les pays pauvres le défi majeur reste l’accès aux engrais à prix abordable.
Eau: une question importante à venir, avec des situations de conflit local capable d’une escalade globale. Dans de nombreux endroits d’accès à l’eau et son prix exigent des méthodes plus intelligentes de gestion de l’eau pour les bassins versants ainsi que pour chaque champ.
Prévention: préparation des plantes, suivi des cultures et prévision du développement de parasites ou de maladies afin d’éviter les traitements inutiles ou de mieux cibler ceux qui sont nécessaires.
Traitement: peu de problèmes subsistent pour lesquels l’agriculteur n’a pas de solution. Les grands marchés sont bien couverts et par une réglementation plus stricte beaucoup de vieux produits ont été retirés du marché aux États-Unis et en Europe. Les produits existants seront peu à peu remplacés par de nouveaux présentant un profil de risque réduit et, peut-être, par des méthodes intégrées portant sur des produits moins efficaces, mais plus compatible avec l’environnement (biopesticides).
Post-récolte: n’oublions pas que le gaspillage post-récolte, une logistique déficiente, la corruption et l’instabilité politique sont les principales causes de la sous-nutrition de 800 à 900 millions de personnes dans le monde.
Avec des barrières réglementaires de plus en plus exigeantes et une protection stricte de la propriété intellectuelle, il est fort probable que le développement de produits restera le terrain de jeu de quelques grandes entreprises fondées sur la Recherche et le Développement, comme cela est déjà le cas aujourd’hui. Rappelons qu’aucun produit générique, semence ou pesticide, ne peut exister sans avoir d’abord été développé par un fabricant d’origine.
Mais là où il y a le plus de place pour des progrès c’est dans le développement de méthodes qui intègrent en système différents domaines de l’agronomie: outils d’information, algorithmes, produits, machines, éducation et formation. Aujourd’hui ces thèmes sont dispersés entre de nombreux intervenants, Ce sont des tâches complexes pour laquelle aucun leadership n’est encore bien identifié. L’agriculture biologique est l’un de ces systèmes, mais probablement de champ trop étroit pour être appliquée partout.
Les affaires concernant les produits (semences, produits phytosanitaires) resteront donc à un haut niveau de profitabilité, tel qu’il est aujourd’hui. Par contre pour le développement et la mise en œuvre de nouvelles méthodologies il reste encore à trouver des modèles d’affaire qui assurent un retour sur investissement acceptable.
Après environ. 10’000 ans d’existence comme première activité économique humaine l’agriculture n’est pas encore une vieille technologie.
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