Intolérance et diplomatie ne font pas bon ménage

Le défi : expliquer cela en moins de 500 mots.

Lorsque Didier Burkhalter, en tant que Conseiller fédéral, exprime un jugement sur un « executive order » du président américain, il doit le faire dans la seule et unique intention de servir les intérêts de la Suisse. Son avis personnel, comme le mien ou le vôtre, n’a aucune importance.

Avec des idées de « valeurs » universelles qu’il faudrait imposer à tous, on arrive vite à la stérile et habituelle inaction ou aux croisades mortifères, deux solutions bien sûr indésirables.  Si M. Burkalter, comme bien d’autres se croyant appartenir à une élite, ne fait que prendre une posture afin de se montrer plus « moral » que l’autre, ça ne fait pas avancer le schmilblick.

La diplomatie est une dure affaire, il doit le savoir. Dire à son interlocuteur qu’il a tort ne mène à rien, sauf au conflit. Avoir raison ne sert à rien. L’attitude responsable est donc de dire : « je vais travailler avec, même s’il ne me plaît pas. » Dans l’intérêt d’une nation, la nôtre avant tout, il faut accepter que l’autre est inévitable, supporter ses errements tant qu’ils ne touchent pas à ses intérêts vitaux, et s’en approcher pour s’accorder sur un modus vivendi. Cette tolérance-là n’est pas un truc de bisounours, elle est un effort conscient qu’il faut faire dans son propre intérêt ; cela vaut tant pour les individus que pour les nations.

Qu’y a-t-il à négocier avec l’Amérique de ce nouveau président ? N’est-ce pas avant tout nécessaire de mettre en valeur ce qui résulte d’un libre échange de personnes, d’idées, de technologies et aussi de biens et de services ? et que l’America First aura des résultats contradictoirement inattendus, car nous obligeant à un réflexe antagoniste, tout autant faussement protecteur. Bien que l’économie des USA ne soit pas très dépendante du commerce extérieur, la technologie l’est : une impressionnante proportion des chercheurs et ingénieurs contribuant à l’innovation ne sont pas américains. Ce que l’administration Trump, et avant tout son chef, doit non seulement comprendre mais encourager dans l’intérêt de leur pays, c’est le fructueux mélange de ces personnes, sans considération pour leurs origines, apparences et autres croyances. Pour nous, il s’agit donc d’exiger que les Suisses allant et venant aux USA soient acceptés, sans limites de nombre et de durée de séjour, et protégés sans restriction, ce qui est dangereusement mis en cause dans l’un des récents « executive order » du nouveau président, bizarrement peu commenté d’ailleurs[1]. M. Burkalter doit donc dire cela très formellement à l’ambassadeur US à Berne, ordonner à notre représentant à Washington de faire de même vis-à-vis du Département d’État, et proposer un accord de libre-échange allant dans ce sens, celui d’un win-win. Voilà une des réponses à donner aux actions de ce nouveau président, problématiques il est vrai. C’est même urgent afin d’avoir une forte position négociatrice ; et il faut éviter que gesticulations et protestations ne rendent cela impossible, menant droit au casse-pipe.

Corps du texte : 491 mots (sans la note de pied de page). Gagné ! mais… avez-vous compris ?

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[1] Executive Order: Enhancing Public Safety in the Interior of the United States. January 25, 2017.
en particulier: “Sec.5. … removable aliens who: … (g) In the judgment of an immigration officer, otherwise pose a risk to public safety or national security.” Cela donne un pouvoir à un simple fonctionnaire du service d’immigration de juger par lui-même de la nécessité d’expulser un étranger.
Ainsi que : Sec. 14.  Privacy Act. : “… privacy policies exclude persons who are not United States citizens or lawful permanent residents from the protections of the Privacy Act regarding personally identifiable information.” Ainsi le gouvernement américain se donne le droit de ne pas respecter ma vie privée, ici en Suisse ou si je voyage aux USA. Mon gouvernement ne doit pas simplement protester mais exiger que cela change, sinon il faudra aussi se permettre de mettre à nu tous les Américains arrivant en Suisse ou vivant ailleurs (principe d’équivalence).


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