Le mainstream écolo : comment y faire face.

Celui qui aurait des doutes au sujet de la déferlante du mainstream écolo ne vivrait pas dans le même monde que moi.

Déferlante du mainstream

Du Pape aux institutions onusiennes, de la pseudo académie suisse des sciences techniques aux partis bourgeois, une bien-pensance écologiste dominante n’est plus à endiguer.

Énergie, biodiversité, dérèglements (sic) climatiques, terres agricoles, ressource halieutique et hydraulique, le catalogue des doléances n’a pas de fin.

En recherche scientifique les projets ayant une chance d’être financé doivent être de l’ordre de l’advocacy reserach, cette forme de ne se s’engager que pour confectionner un résultat attendu ou trouver le souhaitable. Cette sélection implicite produit une distorsion du paysage. Ainsi par exemple, un seul article montrant la récupération adaptative de bancs de corail sera éventuellement publié contre mille articles démontrant leur inéluctable perte. Donc il y aura consensus (sic) que les bancs de corail disparaissent et que cela est certainement dû aux méchants humains.

En politique un alignement aux thèses catastrophistes semble être la seule attitude responsable (sic) qu’il soit permis d’avoir. Tout avis contraire sera automatiquement taxé d’immoral. Et quel politicien désire se faire conspuer ?

En économie même chose : elle doit maintenant être circulaire, c’est-à-dire qu’après avoir fait un petit tour on se retrouvera au même point, ce qui en psychologie s’appelle acte manqué. La négation du progrès devient un programme.

En soutien à ces balivernes des experts de toutes sortes sont payés pour y apporter leur crédit. Nul ne sait d’ailleurs comment les experts sont désignés mais on sait que ces cénacles savent parfaitement exclure les contributions et les contributeurs contradictoires. Ils pondent donc des rapports circonstanciés et très épais, quasiment illisibles ce qui n’a pas d’importance parce que leur but est d’être cités comme autorité en la matière, pas d’être lus.

Les médias se prêtent volontiers au jeu : comment ne pas trouver attractif le fait que la fin du Monde puisse être annoncée quotidiennement. Le journaliste d’investigation est prôné comme idéal de la profession ; mais dans ces domaines-là aucune vérification des faits, aucun décryptage ne sont recherchés. Chacun ayant eu à faire avec les médias le sait ; le suivisme y est de rigueur.

Contrer le mainstream

On se souvient des images de vagues de tsunami s’approchant des côtes thaïlandaises en 2004 ou japonaises en 2011 : une masse d’eau relativement lente, pas très haute d’ailleurs (ça ne monte qu’après l’impact), qui ramasse tout sur son passage, inexorablement. Les seules possibilités d’y échapper sont de ne pas être là, par exemple d’être en mer, naviguant sur la vague, éloigné des côtes.

Avec le mainstream écologiste on peut avoir le même sentiment d’inéluctabilité. Pour y échapper il faudrait trouver un havre de paix ; qui hélas n’existe nulle part au monde. Ou alors il vaut mieux se mettre dans le bateau et naviguer avec, c’est moins contraignant et plus confortable, mais ça ne l’empêche pas de déferler. On peut aussi tenter de construire des blockhaus résistants, mais vivre comme des reclus n’est pas très durable. Dernière possibilité, plus personnelle : l’escapisme, se retirer et ne plus accorder aucun intérêt à ces vaticinations ; il faut avoir des énormes capacités d’ignorance pour choisir cette voie-là, ce que beaucoup de jeunes font et dont le réveil sera très dur, s’ils se réveillent ; ou alors il faut être un ermite dans l‘âme, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

Si le mainstream est en marche il est impossible de le contrer.  On en arrive à cette pensée, obsédante pour moi, de Nietsche dans « Ainsi parlait Zarathoustra »[1] :

On continue de travailler, parce que le travail est une forme de divertissement.
Mais on a soin de faire en sorte que ce divertissement ne soit pas trop absorbant. 

On ne devient pas plus pauvre ou riche :
Les deux requièrent trop d’efforts. 

Qui veut encore diriger ?  Qui obéir ?
Les deux requièrent trop d’efforts.

Un troupeau et pas de berger !
Tout le monde veut la même chose, tout le monde est pareil :  quiconque se sent différent rentre volontairement à l’asile.

Comme je n’ai aucune envie de rentrer dans quelque asile que ce soit il me faut trouver autre chose. Deux stratégies sont alors pensables, qui ne s’excluent pas l’une de l’autre : la guérilla et le réarmement de la raison.

Guérilla.

Une stratégie de guérilla implique que l’on pique la bête le plus souvent possible en essayant de lui faire mal et, à la longue, de l’affaiblir. Aussi, ressentie de l’intérieur, la guérilla opère sur les populations un travail de sape : la grosse bête (le mainstream) ne sachant pas comment l’éliminer, les masses se mettent à douter de la validité du dogme dominant. Pour pratiquer la guérilla il ne faut pas trop se préoccuper du fond, ne pas répondre en l’espèce à des rapport biaisés, ne pas argumenter : il faut frapper, au corps et à la tête, couper l’herbe sous les pieds, enlever le vent des voiles. Concrètement il faut, à chaque occasion qui se présente, intervenir auprès des décideurs de la politique et de l’économie et dans la presse en visant l’indigence des propos et de ceux qui les tiennent. Si le but est de marquer et de faire mal il ne faut pas s’empêcher les attaques ad personam, mettre en doute de l’expertise, souligner les conflits d’intérêt, mettre en question la cohérence, ridiculiser les postures et les motivations (attention : pas de diffamation ni de calomnie, c’est bête et illégal, et ça finit par profiter à la victime de l’attaque). Il faut aussi se permettre les arguments simplificateurs, même simplistes, tant qu’ils sont sous forme de message percutant, ébranlant les carapaces.

Des contre-rapports détaillés et de longs exposés de motifs ne servent à rien, quelle qu’en soient les qualités. Par exemple personne ne veut vraiment lire un rapport de 200 pages sur le climat en Suisse, ni une réplique détaillée à ce rapport. Et même, entrer en matière apporte de l’eau au moulin du mainstream car il lui est toujours possible d’entretenir des champs de bataille annexes qui, en déviant du sujet principal, décrédibilisent les critiques et désorientent les non-initiés.

Réarmement de la raison

Malgré ce qui semble devenir une nouvelle théorie politique –j’écris ces lignes au lendemain de l’élection de Trump qui serait expliquée par la haine du petit peuple pour les élites en place– les courants de pensée ne sont jamais le fait d’une base inculte. Une élite doit s’y attacher parce qu’elle seule est capable de les formuler, sinon elle ne serait pas une élite.

Après la première guerre mondiale fut créé un mouvement de réarmement moral par un pasteur américain, Franz Buchman[2]. Malgré ses côtés prêchi-prêcha et croix bleue il a contribué grandement à la mise en question des totalitarismes alors naissants et facilité des réconciliations jugées impensables. À l’instar de ce mouvement, mais sans en garder les aspects moraux ou religieux, il me semble devenu nécessaire d’opérer un réarmement de la raison pour faire face au culte de la déraison et du relativisme qui se répand dans presque tous les domaines.

Il faut construire une base théorique valable dont l’eschatologie du mainstream ne fera pas partie.

Exemples :

  • Le monde est ouvert à des développement inespérés et non fermé sur une destinée de déclin.
  • Le progrès existe, la régression aussi.
  • Le développement se fait à petits pas, de manière heuristique, par essais et erreurs.
  • La personne compte plus que l’idée que l’on veut s’en faire
  • L’énergie est une ressource illimitée et indispensable à l’action de l’intelligence humaine.
  • Les problèmes environnementaux ont des solutions.
  • La durabilité n’a pas de sens
  • L’Homme n’est pas Prométhée, et Prométhée était au supplice (ça c’est contre les éco-modernistes)
  • Les générations futures ne seront pas nos victimes, au contraire elles continueront à être plus malines que leurs ancêtres (avec hélas des exceptions très douloureuses).
  • L’universalisme n’est pas souhaitable, ni comme philosophie ni comme forme de gouvernance.

Ce n’est pas le ravi de la crèche qui s’exprime, de toutes manières la vallée se remplira de larmes et il est inutile de s’en lamenter.

Mise en œuvre

La guérilla est avant tout opportuniste à court terme. Elle doit aussi être réactive aux événements. Ne pas manquer une occasion de taper fort et juste.

La construction d’une nouvelle raison ou l’appel à la rationalité est une affaire de longue durée. Des auteurs y contribuent depuis longtemps, qu’il faut faire faire resurgir (Popper, Aron, Revel) ou soutenir (Luc Ferry, Pascal Bruckner, Mario Vargas Llosa).

Pour avoir un impact dans ces deux types actions il est nécessaire d’accéder à des canaux de diffusion les plus larges possibles, un blog ici ou là n’étant de loin pas satisfaisant.

Mon action actuelle est anecdotique : je fais ce que je peux mais je peux peu. De plus, étant quasiment seul, en tous cas dans ma critique de la politique climatique, il est trop facile de me reléguer dans la catégorie du radoteur (« ein Spinner »).

Mais je continue, parce que ne pas le faire serait moins bien.

 

[1] Man arbeitet noch, denn Arbeit ist eine Unterhaltung. Aber man sorgt dass die Unterhaltung nicht angreife.
Man wird nicht mehr arm und reich:
Beides ist zu beschwerlich.
Wer will noch regieren? Wer noch gehorchen?
Beides ist zu beschwerlich.

Kein Hirt und eine Herde!
Jeder will das Gleiche, Jeder ist gleich: wer anders fühlt, geht freiwillig ins Irrenhaus.

Nietsche « Also Sprach Zarathustra ». Zarathustra‘s Vorrede Kap. 5

[2] Il s’appelle maintenant « Initiatives et Changement » et continue de s’attacher avant tout à la paix dans le Monde. www.caux.ch


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1 thought on “Le mainstream écolo : comment y faire face.”

  1. Bonjour,
    ne soyez pas trop pessimiste. La résistance s’organise peu à peu . Meme si je ne suis pas toujours d’accord avec eux ni avec leur nom (j’aurai préféré les hérétiques ☺), les climato-réalistes commencent ainsi à s’organiser en France et à réaliser des événements du genre contre cop22.

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