« Il vaut mieux agir » : un des plus pauvres arguments

Mais enfin mon bon Monsieur, il faut bien faire quelque chose !

Mir müen öppis mache !

Oui mais quoi ?

Si l’on me demande de faire un pas dans une bonne direction je peux accepter l’exhortation, mais seulement sous condition que l’effort à faire en vaille la chandelle, c’est-à-dire que le bénéfice soit réel et le coût soutenable.

Exemple : il est raisonnable de consommer moins de ressources non renouvelables, phosphates, carburants fossiles, ou autres minerais, même si le délai jusqu’à leur épuisement est encore bien long. Cela se justifie si les alternatives sont meilleures et que le temps de retour sur investissement, calculé en monnaie ou en énergie, sera plus court que la durée de vie des équipements nouveaux à installer. Le changement de ma chaudière à gaz n’est donc pas entré dans telle enveloppe. L’acquisition d’un véhicule hybride peut se défendre, alors que le tout électrique n’est qu’une illusion si l’on considère l’entier de la chaîne d’approvisionnement énergétique.

Si l’on me demande de participer à une action qui n’aura pas d’autre impact que de ne pratiquement rien changer, mais qui peut donner l’illusion de contribuer au sauvetage de ceci ou de cela, alors je m’y oppose, radicalement.

D’abord parce que c’est faux : même si elle donne un bon sentiment une action inutile le reste. Et ensuite parce que cela détourne l’attention de priorités plus urgentes et importantes. Mon exemple favori concerne, qui en douterait, l’activisme climatique. Tout nous indique que l’impact des activités humaines sur le climat est faible, bien plus faible que les scandaleuses extrapolations et exagérations présentées par le GIEC [1] qui n’est pas capable d’envisager autre chose que la cause anthropique (car c’est son mandat). Une correction d’un impact mineur sera donc minuscule. Caramba, encore raté !

On me dit : « mais pourquoi t’opposes-tu à des mesures de réduction des émissions de CO2 qui vont, même un peu, contribuer à l’amélioration de la situation climatique ? »

Dans ce cas il y a trois réponses. Tout d’abord rien ne m’indique que cela y contribue, sauf des hypothèses et modèles qui ne sont même pas capables de restituer la situation actuelle, donc encore moins valables pour simuler le futur. Ce « il faut quand même faire quelque chose » est d’une simple et bête futilité. Le climat fera ce qu’il fera, il vaut mieux apprendre à s’y adapter.

Ensuite il faut me dire quel coûts cela engendre. Dans le cas du trou d’ozone ce fut assez simple : il n’y avait qu’une poignée de compagnies qui produisaient les gaz fréon incriminés et elles avaient dans leurs tiroirs des produits de substitution dont le coût était abordable. On était dans un domaine gérable et le protocole de Montréal a pu être appliqué. Pour le climat personne n’est en mesure de présenter un budget pour cette mobilisation générale contre le CO2. On sait que les pays en émergence et en développement réclament au moins 100 milliards de dollars, certains parlent même de plusieurs billions (million de million) que les pays développés devraient leur restituer sous le prétexte que le réchauffement, s’il a une cause humaine, provient de la richesse accumulée par les pays du Nord, ex colonisateurs. Et puis de toutes manière il est impossible de quantifier les dommages ou les avantages qu’entraîne un changement climatique. La COP21 de Paris va s’achopper à cette pierre-là, quel bazar ! Tiens, dans cette négociation ce sera peut-être, enfin, une bonne idée de ne plus vouloir incriminer l’activité humaine dans les dérèglements (sic) climatiques, le porte-monnaie donnant des limites à la culpabilité.

Et troisièmement je réponds : faire un petit peu d’une sottise ne la rend pas moins sotte, même si cela procède d’un bon sentiment.

Agir à tout prix ? NON !

Il y a beaucoup de situations dans la vie où l’inaction est plus morale que l’action.

En matière de climat ne pas donner dans la futilité ruineuse et injuste est un de ces cas-là.

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[1] Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Ayant exposé cela à plusieurs reprises je n’y reviens pas. Voir climate.mr-int.ch et de nombreux autres billets de ce blog.


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