Innovation = emploi ↗ économie ?

Peu importe que les buts soient erronés ou insignifiants, si par la grâce de la fameuse innovation des emplois, jeunes surtout, peuvent être créés, alors on dit que c’est une bonne politique. Des programmes de promotion de technologies nouvelles sont mis en place, avec encadrement et subventions à l’appui.

Lorsque les raisons mêmes de ces programmes sont déraisonnables et que les arguments en leur faveur sont épuisés [1] et lorsque transition énergétique et appel au sauvetage de la planète, futiles et injustes, ne font plus recette, alors il ne reste plus qu’une solution : s’obstiner. Le main stream politique de tous bords et du milieu, incapable de comprendre les tenants et aboutissants scientifiques, techniques et écologiques de toutes ces questions [2], s’accroche alors à cette idée de : faisons de l’innovation, ça va booster l’économie.

Hors il est bien connu que l’innovation ne se commande pas. A une exception près je ne connais aucune grande ou petite innovation qui aurait été initiée par un programme étatique. Cette exception est la situation de guerre : développement du radar, soudures sous gaz protecteur pour navires et sous-marins, techniques de communication, industrie aéronautique, spatiale et nucléaire, tout cela (et j’en oublie) a vu son développement fortement accéléré afin de faire la guerre. En temps de paix ni Lavoisier, ni Pasteur, ni Edison, ni Fleming, ni Hewlett et Packard dans leur garage de Palo Alto, ni Betty Bossy, ni Job et Wozniak dans un autre garage de Palo Alto, ou Page et Brin n’ont géré leurs innovations en prescience d’une utilité, comme guidés par une mystérieuse téléologie [3]. Ils n’ont pas non plus été dérangés par l’ambiance surexcitée d’un pôle (sic) d’innovation, et la planification étatique n’y aura été pour rien. Et dans les choses plus déterminantes de la vie de tous les jours, le stylo à bille, le papier collant, la pilule contraceptive et les polyacrylates absorbant le pipi des bébés n’ont pas été le fait d’une promesse politique.

Pourquoi alors créer des pôles d’innovation, des incubateurs de jeunes pousses ou autres technoparks ? Si ce sont des infrastructures peu couteuses que de jeunes entreprises peuvent utiliser dans des conditions économiques réalistes alors il n’y a rien à y redire. Si par contre c’est d’une mise aux normes dont il s’agit, avec conseillers et experts formatant ces jeunes intelligences afin de s’assurer que tout se fera selon les standards qualité ISO avec un environnemental footprint le plus étroit possible et certifié bio si possible, alors leurs business plans seront le reflet d’une extrême indigence et se ressembleront tellement qu’ils décourageront les vrais investisseurs. Et si par-dessus le marché on en fait une criée pour subventions et autres rabais alors il est certain que l’innovation ne sera pas au rendez-vous.

Newtech, cleantech, et autres innovation by objective ne sont que des tigres en papier. La réalité est que les meilleurs n’ont pas besoin de ces nurseries et que les moins aptes, plutôt qu’être encouragés à végéter en stabulation libre, feraient mieux de chercher à mettre leurs compétences limitées au service des meilleurs, grands ou petits, jeunes ou anciens. La fameuse destruction créatrice de Schumpeter se charge du reste.

Et les politiques dans tout ça ?
Hände weg, bitte ! Qui trop embrasse…
Le dirigisme pour une technologie ou contre une autre n’est pas de mise car toujours inopportun. Ils doivent absolument rester neutre en la matière.

Et qu’ils se rassurent, ils ont beaucoup à faire pour que les conditions cadres soient les meilleures possibles, que la formation soit de qualité à tous les niveaux, que les infrastructures soient non seulement adéquates mais bon marché (énergies comprises), que les normes et régulations servent à simplifier la vie et à gérer des risques bien évalués plutôt que de servir de hochet rassurant pour les inquiets de la modernité ou d’outil de pouvoir pour une bureaucratie galopante, que la concurrence soit féroce afin que seule l’excellence puisse primer, et que les relations internationales permettent d’ouvrir des marchés. Qu’ils fassent donc leur boulot plutôt que croire au miracle de l’innovation sur commande.

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[1] Non il n’y aucune bonne raison d’augmenter artificiellement la facture électrique, non les sources intermittentes d’électricité ne se substituent pas aux sources continues, non le nucléaire n’a pas besoin d’être stoppé, non le climat ne se régule pas avec la diminution des émissions de CO2, non il n’y a pas de meilleur vecteur énergétique mobile que les hydrocarbures liquides, non l’électricité ne se stocke pas sans pertes.

[2] Oui c’est une critique, mais objective.
Le niveau de connaissance scientifique et technique du monde politique est inquiétement bas. Ils s’en remettent alors à des experts qui peuvent les manipuler à souhait.
Exemple : le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) devenu lobby politique plutôt que référence neutre et équilibrée. Même la présidente de l’organe consultatif du conseil fédéral en la matière (OcCC), pourtant avec une formation technique à l’ETHZ, est incapable d’argumenter par elle-même.

[3] Phénomène qui serait expliqué par l’intervention d’une cause finale.


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