Un volumineux article [1] à propos de l’influence anthropique sur le climat et ses conséquences sur la montée du niveau des mers vient d’être publié par une équipe sous la direction du fameux Jim Hansen.
Selon des informations paléo-climatiques et avec l’aide de modèles et scénarios développés à cet effet il est affirmé qu’une perte importante de masse glaciaire de l’antarctique pourrait avoir lieu qui aurait pour conséquence que le niveau des mers pourrait s’élever de 5 à 9 mètres d’ici la fin de ce siècle.
La manière avec laquelle cet article a été publié et sa promotion particulière avec l’aide d’une entreprise de communication soulève bien des débats et même suscite plus de doute ou d’indifférence que de réponses encore plus alarmistes [2]. Qui trop embrasse mal étreint !
Il n’est ni de ma compétence ni de mon temps disponible de faire la critique de cet article qui d’emblée choque par son utilisation de modèles non validés et par ses approximations quant à une relation entre la fonte de l’Antarctique et les émissions de gaz dits à effet dit de serre. Aussi, il n’est pas nécessaire qu’un événement possible soit donc probable, ni dans les prochaines décennies ni au cours du prochain millénaire.
Lorsque l’on parle de niveau des mers il faut en montrer l’évolution, ce qui est fait :
Figure 1 Évolution du niveau des mers présenté par J. Hansen
Pourquoi alors le diagramme ne débute qu’en 1900 et que toutes les données disponibles (il y en a si peu) ne sont pas retenues ?
Figure 2 Niveau des mers, moyenne globale Source: John A. Church, Neil J. White, “Sea-Level Rise from the Late 19th to the Early 21st Century”, Surveys in Geophysics, Volume 32, Issue 4-5 , pp 585-602 and Jevrejeva, S., J. C. Moore, A. Grinsted, and P. L. Woodworth, « Recent global sea level acceleration started over 200 years ago? » (2008), Geophys. Res. Lett., 35 Satellites : Combined TOPEX/Poseidon, Jason-1 and Jason-2/OSTM
Depuis le 18ème siècle la vitesse de montée du niveau des mers a été du même ordre de grandeur que ce qui se passe actuellement. Il y a une oscillation de cette vitesse avec des périodes peu stables comme on le voit sur la figure suivante :
Figure 3 Vitesse de variation du niveau moyen des mers
On ne peut déceler aucune accélération. Le coefficient de corrélation R2 pour la série de Jevrejeva est 0.0555, ce qui indique que rien n’est statistiquement significatif.
Rappelons qu’à la vitesse de perte de masse au cours des 25 dernières années le Groenland pourrait avoir perdu sa calotte glaciaire dans 10’000 ans et l’Antarctique dans 380’000 ans. On voit l’urgence. En moyenne cette perte correspond à 0.9 mm par an. Le reste de l’élévation du niveau est donc dû à d’autres phénomènes, température et mouvements tectoniques.
Autre point d’importance : d’ici 2100 il est dit que le niveau pourrait s’élever de 5 à 9 mètres. Cela signifierait que la vitesse de montée passerait de 0.9 mm par an à au moins 65-100 mm/a, et il faudrait que ça commence tout de suite, demain matin. Mais pour que cela se réalise il faut impérativement que cette glace ait été fondue. Comment peut-on imaginer un flux de chaleur venant de l’atmosphère qui causerait cela ? Le nombre de jours où la température à la surface de l’Antarctique est supérieure à 0 °C devrait augmenter spectaculairement. Les minuscules anomalies de température observées ou même imaginées à 2 °C n’y suffiraient pas. Le papier de Hansen n’aborde aucun aspect de ce nécessaire transfert de chaleur.
Il est aussi remarquable de constater que dans cet article on appelle « expérience » (experiment) l’utilisation de modèles –bien paramétrés pour l’effet désiré– afin de simuler des scénarios dans le futur. Lorsque je calcule une hypothèse je fais une expérience ; Feynman doit se retourner dans sa tombe ! Avec ce nouveau « newspeak » les chercheurs expérimentateurs vont bientôt devoir appeler leurs travaux des « simulations physiques » !
Si de tels défauts et manques de plausibilité sont constatés sur des points cruciaux d’un article qui se prétend fondamental, que faut-il penser du reste ?
Un alarmisme de plus, un !
Comme ce papier est ouvert aux commentaires j’en ai soumis un, on verra ce qu’il en advient.
http://www.atmos-chem-phys-discuss.net/15/20059/2015/acpd-15-20059-2015-discussion.html
[1] Ice melt, sea level rise and superstorms: evidence from paleoclimate data, climate modeling, and modern observations that 2 °C global warming is highly dangerous. J. Hansen et al. Atmos. Chem. Phys. Discuss., 15, 20059–20179, 2015 www.atmos-chem-phys-discuss.net/15/20059/2015/ doi:10.5194/acpd-15-20059-2015
[2] Voir une discussion intelligente dans le blog de J. Curry : http://judithcurry.com/2015/07/26/hansens-backfire/
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