On se rappelle le rapport Meadows The Limit to Growth de 1972 qui tirait une sonnette d’alarme malthusienne sur l’avenir de la planète.
La finitude des ressources en était un des chapitres. Où en sommes-nous aujourd’hui, 43 ans après la publication de ce rapport ?
En 1972 les réserves prouvées étaient estimées à :
Il y avait manifestement une erreur pour le charbon (230 ans ?)
Selon les statistiques du département de l’énergie américain la production et les réserves prouvées au rythme de l’année en cours ont évolué selon le diagramme suivant :
Au cours des trente dernières années le taux annuel de de croissance composé (CAGR) du pétrole a été de 4.3% et celui du gaz de 7.0%. En 2011 les réserves de charbon étaient de 116 ans, la production croissant de 3.8% par an au cours des cinq dernières années.
Depuis 1980 la croissance du PIB mondial a été de 7.6% par ans (en dollars US constants de 2005, Banque mondiale).
Ainsi on peut se dire que plus on en consomme plus on en trouve et qu’il y a encore bien des réserves, encore non confirmées, que de nouvelles méthodes d’extraction, par exemple le fracking, vont permettre d’exploiter.
On peut aussi se dire que l’efficience énergétique va en s’améliorant car la croissance économique est plus rapide que la consommation.
Mais on sait aussi que les réserves fossiles ne peuvent pas être infinies, que la fête se finira un jour.
Et puis, depuis ce fameux rapport il s’est passé plusieurs choses :
Il n’y a donc pas de quoi s’étonner de la volatilité des prix du pétrole tout au long de cette période. Le fait qui dérange est que le monde industriel, en particulier l’Europe, soit dépendant de la fourniture d’énergie par des partenaires peu sûrs.
Depuis cinq ans le prix du gaz en Amérique du Nord s’est séparé des prix payés en Europe et au Japon où il est maintenant six fois plus cher qu’outre-Atlantique. En trente ans le charbon a doublé de prix. Mais le prix de ces deux combustibles n’a pas la volatilité du pétrole car leur production ne se situe pas dans des régions politiquement instables.
Si la Suisse est un des pays développés les plus efficients en matière d’usage de l’énergie elle doit se préoccuper de la sécurité de son approvisionnement. Pour toutes les raisons citées il est donc raisonnable de chercher à se libérer de la dépendance que nous avons de nos fournisseurs, avant tout du pétrole et des cheikhs qui seront un jour sans provisions.
La grande question est de déterminer sous quelles conditions cette mutation doit se faire. Lorsque les prix de l’énergie diminuent les retours sur investissement pour toute mesure d’économie sont perçus comme insuffisants. Et, même si l’on sait que ces prix auront une tendance fondamentale haussière, les projets sont jugés sur un horizon court, de deux à cinq ans, ce qui laisse croire qu’il est malin d’attendre. Ce calcul est en soi implacable : attendre que le prix monte pour que ça devienne rentable. C’est un peu comme attendre que je sois riche pour pouvoir m’offrir un trajet en Rolls-Royce au lieu de ma Citroën 2CV, ce qui me permettra d’économiser plus si alors je me contente de prendre le tram. Je risque d’attendre trop longtemps.
Il faut donc trouver quelles conditions cadres permettent de combattre cet attentisme, sans pour autant entrer dans le cercle infernal d’une économie dirigée, ou corrompue par subsides et subventions, car même avec la meilleure bonne volonté du monde il n’est pas possible de fixer les prix du marché, les quantités à produire et à consommer, et les objectifs de rentabilité. L’échec serait garanti, ce que ne veulent pas savoir les collectivistes qui ont une attirance morbide pour cette manière de mal gouverner.
Alors que faut-il d’autre ?
Je remets mes conseils au prochain épisode qui ne concernera pas que la politique énergétique.
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