Avec le développement de l’État providence, de nombreuses demandes de protection et d’attention pour les moins favorisés purent être remplies, sinon la totalité d’entre elles.

Dans les sociétés modernes et développées, l’éducation et la formation sont assurées à différents niveaux, les travailleurs sont protégés, les heures de travail et les congés sont réglementés, l’indemnisation du chômage est prévue, les soins de santé sont accessibles à tous, et les retraités n’ont jamais bénéficié de meilleures conditions de vie. Bien entendu, de nombreux aspects doivent encore être améliorés, et des problèmes systémiques, comme par exemple le chômage des jeunes, doivent trouver une solution.

Dans ce contexte, on peut penser que, alors que ses objectifs ont été largement atteints, la « gauche » n’a plus de raisons d’exister. Et en effet, les partis socialistes ou sociaux-démocrates dans les pays occidentaux ont de grandes difficultés à élaborer des programmes qui permettraient de recueillir un large soutien de leur électorat traditionnel.

Du côté « droite » de la scène, personne ne demande le démantèlement des institutions sociales existantes. Au contraire, la préoccupation est davantage orientée vers le problème d’être en mesure de maintenir un haut niveau de service à un coût financier abordable.

Ainsi, dans les temps modernes et dans les sociétés post-industrielles, gauche et droite en sont plus débattre sur la façon de procéder, le comment, que sur la nature des éléments constitutifs de la société, le quoi.

La question du quoi est laissée aux extrêmes, qui réclament des changements radicaux, mais sans jamais expliquer comment ils procéderaient: l’extrême gauche appelle à une rupture avec le capitalisme, l’extrême droite veut freiner toute immigration, les deux prêchent l’isolationnisme économique et la protection contre la concurrence déloyales dans un monde globalisé. Mais aucun de deux ne décrit les institutions et les structures de pouvoir qui permettraient à une société de fonctionner conformément à leurs revendications. Comme, par définition, les extrêmes ne sont pas la mouvance générale, ils restent dans l’opposition, jouent un rôle [parfois utile] de bouffon, et ne portent aucune responsabilité.

Donc, en dehors des extrêmes, on pourrait penser qu’il n’existe plus grande différence entre la droite et la gauche.

Mais il ne faut pas oublier les instincts fondamentaux des gens qui se situent de l’un ou de l’autre bord de l’arène politique. D’une manière schématique des différences fondamentales peuvent être décrites:

Ce tableau peut être vu comme représentant une simplification excessive, mais il aide à comprendre que oui, il existe des différences fondamentales!

Et ces différences sont de nature idéologique et sont inconciliables. C’est pourquoi il est si difficile de vivre la démocratie, d’accepter des structures de pouvoir et des opinions qui ne sont pas de notre premier choix, et d’être satisfait du subtil équilibre fourni par des compromis politiques négociés avec soin.