Ne pas partir, ne pas arriver, ne pas exister

Quelle clameur venant des crânes cubiques de penseurs bétonnés afin que cesse l’afflux de migrants en Europe.
Ce sont des porteurs de problèmes en puissance, il faut les arrêter manu militari, fermons les frontière de manière étanche, déportons-les ailleurs, comme le font les Australiens.
Et ne laissons entrer que ceux qui ont patte plus blanche que nous.
Solutions populistes par essence : bêtes et irréalisables.

De l’autre bord on se flagelle.
S’ils partent de chez eux c’est de notre faute, celle de notre colonialisme passé et néo, ou des guerres que nous les laissons entretenir.
Leur existence est le fruit de nos turpitudes.
Les accueillir doit être notre expiation, quel qu’en soit le coût.

Ce sont des postures ridicules et scandaleuses, tant à droite qu’à gauche de l’éventail.

Qui que soient ces migrants nous n’avons, ni en Suisse ni dans le monde occidental, aucune raison de nous sentir coupables de leur existence et de leurs motifs de départ.
Cinquante ans après la fin du colonialisme et après des siècles de conflits tribaux ou religieux il faut bien constater que les pays d’origine de ces gens sont dysfonctionnels ou en état chronique de guerre, et que cela tient à leur impéritie.
Il est vrai que ce sont leurs problèmes.
Mais il est aussi vrai que si nous aidons ces peuples il en résultera des échanges bénéfiques pour eux comme pour nous. Or nous ne les aidons presque pas, et presque toujours mal. Mais ceci est un autre débat.

Nous n’avons pas plus de quoi prétendre à une suprématie culturelle, économique ou morale.
Nos cons, et il y en a trop, ne le sont pas moins que les leurs, mais les nôtres sont plus arrogants.
Si, objecti­vement, nos sociétés occidentales ont des avantages comparatifs, ceux-ci ne sont pas dus à des qualités intrinsèques que ces métèques n’ont pas et n’auraient jamais.

Réfugiés, faux réfugiés, immigrants économiques légaux ou non, ces gens partent. Nous n’avons aucun moyen ni aucune raison de les en empêcher. Et ils arrivent, d’abord en Grèce, en Italie, en Espagne, c’est-à-dire chez nous, en Europe.

Nous n’avons pas les moyens de les supprimer, de les balayer comme la poussière sous le tapis.
Qu’ils crèvent ! clament certains dans des commentaires de blogs débridés. Qu’ils rentrent chez eux ! décrètent les yakafokons de service.
Quelle bêtise, quelle haine inutile !

Que nous dit une analyse plus sobre ?

Statistique européenne (UE, EEC et AELE) de 2012
Population totale 515’452’075
    dont illégaux 450’245
Immigration 1’775’370
Émigration 1’356’140
Différence = flux migratoire net 419’230
Naissances 5’226’340
Décès 5’943’788
Différence = déficit démographique -717’448
Statut d’asile en 2014
Entrées refusées à la frontière 261’295
Demandes d’asile 663’990
Ordonnances de renvoi 401’285

 

Dans une Europe ayant plus de 515 millions d’habitants en 2012, on voit que l’immigration et le flux de réfugiés ne compensent pas le déficit démographique.

Et il faut se souvenir qu’une grande partie des naissances provient de la fertilité supérieure à la moyenne de femmes étrangères, alors que les décès concernent plutôt les gens ayant des racines européennes.
Nos vieux meurent tard, tant mieux, mais la relève ne se fait pas.

Quant aux requérants d’asile on voit aussi que les administrations ne sont pas si laxistes que ne le disent les habituels râleurs.

Au vu de cette situation qui peut me dire avec sérieux en quoi l’immigration et les réfugiés présentent un problème fondamental pour l’Europe ?

Hors de toutes considérations morales nous avons intérêt à accueillir ces gens, il s’agit du « goodwill » et du futur de l’Europe avec ses voisins d’Afrique et du Proche-Orient. Et si l’on tient à nos principes moraux il faut le faire avec toute l’humanité que notre civilisation a mis des siècles à construire.

Je ne comprends pas les atermoiements des dirigeants européens ou du Conseil fédéral.
Organisons mieux cet accueil, punissons les passeurs criminels, mais ne nous évertuons pas à contrôler toutes les dimensions de ces flux migratoires.
Certains resteront ici à vie, bien intégrés, d’autres retourneront dans leurs pays lorsqu’ils seront rassurés qu’ils peuvent y mener une vie libre, le plus tôt possible, c’est ce que je leur souhaite.

 


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