Environnement : tout va mal, rien ne peut bien aller.

Voici une affirmation massue, de celles qui ne peuvent être que convaincantes parce que catégoriques :

« Pourtant, à propos de ce qui concerne ce que je nomme le désastre écologique, je m’appuie malheureusement sur des faits réels, et quelques soit les possibilités du cerveau humain à éradiquer de sa conscience de tels faits, ils existent… Tout comme le soleil brille. »

La jeune cousine qui m’écrit cela, elle se reconnaîtra, ne doute pas, elle sait. Les faits sur lesquels elle base sa conviction peuvent d’ailleurs s’énumérer comme une liste de commission : pollutions de l’air, des eaux et des sols, réchauffement anthropique du climat, énergie nucléaire, modifications génétiques, agriculture insoutenable, alimentation empoisonnée, biodiversité disparaissante, gaspillage généralisé. Je dois en oublier.

Et puis comme tout un chacun peut vérifier que le soleil brille il devrait se rendre à l’évidence de ces évidences. Celui ou celle qui ne le fera pas est atteint d’une pathologie du déni ou, et c’est moi qui extrapole son affirmation, ne pourra être qu’un complice criminel de ce désastre permanent et qui nie sa culpabilité.

Voilà bien un raccourci de la culture anti-civilisation qui a été fourrée dans les têtes de la génération qui étaient la future et qui est devenue l’actuelle. Le pire moment de l’histoire se passe aujourd’hui.

On part d’un idéal, un monde où l’empreinte écologique humaine ne devrait se manifester nulle part. Et comme cet idéal ne se réalise pas, et manifestement c’est le cas, il y aura donc désastre.

Que rétorquer à cela ?

  • Qu’avant c’était pire.
    Inaudible, « avant » est un concept obsolète ; ou faux, avant était mieux, plus doux, plus naturel.
  • Que le progrès existe et consiste à apprendre de ses errements.
    Inacceptable, ce progrès nous a menés au désastre et comme « on sait », on n’a pas le droit de rester dans l’évitement ou le déni.
  • Que le développement est concomitant de l’apparition des pollutions et des solutions pour y remédier.
    Rejeté. Ce développement n’est pas le bon, il en faut un autre.
  • Que les problèmes n’apparaissent et ne se résolvent pas tous en même temps.
    Tout aussi inacceptable. Il suffit de se donner les moyens et d’intervenir, ici et maintenant.
  • Que seules les sociétés affluentes sont en mesure de gérer leur environnement alors que les pauvres ont d’autres urgences.
    Cynique et inacceptable. Les riches exploitent les pauvres, cela doit cesser.
  • Que les objectifs sont contradictoires.
    Non valable, le bien de la planète ne peut être sacrifié au nom de buts à court terme. Il y va de notre salvation.

En fait il n’y a pas de réponse qui serait acceptable, car l’injonction est morale, tendant à l’absolu. Ma recommandation est, avant de faire une hypothétique et indéfinissable révolution écologique, de passer le témoin à ces jeunes générations en les laissant débattre de questions encore plus fondamentales :

  • Que sais-tu vraiment ?
  • Un processus de transformation –de la respiration de la cellule vivante à la création artistique– peut-il être réalisé sans utiliser des ressources ni produire de déchets ?
  • Est-il possible d’atteindre la perfection ? Laquelle ?
  • Qui décide des risques à prendre ou à ne pas prendre? Comment ?
  • Et la liberté dans tout ça ?

Je peux prévoir que la durée de leurs propres vies ne suffira pas à en faire le tour et qu’elles devront transmettre ces mêmes questions à leurs générations futures.

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, qui brille entre certains nuages.

 

P.S. : je ne peux pas m’empêcher de recommander la lecture (en anglais) de mes chapitres sur le développement et ceux sur l’environnement sur mon site climate.mr-int.ch .


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