J’aime beaucoup cette vision optimiste et lumineuse de la vérité faite par le théologien suisse Hans Urs von Balthasar : « La vérité est symphonique ». Et cet énoncé s’applique non seulement à la théologie mais aussi à la science. Oublier cela mène aux dogmatismes et fanatismes de toutes sortes. Les partisans d’une « vraie vérité pure » et monolithique diront que c’est là la porte ouverte au relativisme, au scepticisme, que c’est la négation de l’objectivité, le règne du sophisme, etc. Il ne s’agit pas ici d’un simple relativisme cognitif ou culturel, mais d’un relativisme épistémologique selon lequel toute vérité scientifique n’est jamais absolue, elle n’est que relative car provisoire. Il y a comme une approche asymptotique dont on ne sait jamais à quelle distance on se trouverait, même si l’on en est infiniment proche. Kurt Gödel a mis en évidence l’incomplétude fondamentale et l’indécidabilité irréductible de propositions mathématiques malgré l’efficacité redoutable, voire déraisonnable (selon Eugene Wigner), des mathématiques dans toutes les sciences. Karl Popper a aussi montré que toute théorie scientifique, pour mériter ce titre, doit être réfutable, « falsifiable », donc vérifiable, ou non, par sa confrontation à des expériences, non seulement pour la conforter, provisoirement du moins, pour pouvoir éventuellement être mise en défaut, mais ne peut être considérée comme « absolument vraie », une nouvelle future expérience, encore imprévue, pouvant la remettre en question. Donc, au simple relativisme, qui serait décourageant et pessimiste, il faut substituer cette définition d’une vérité symphonique qui s’ouvre sur un champ large, lumineux, symphonique et, par là, optimiste. Reply