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Politique et marché : deux mains invisibles

Entre promesses démocratiques et réalités chaotiques, nos sociétés semblent gouvernées par des forces aussi invisibles que celles qui régissent le marché. D’où émergent ces modes politiques qui déferlent sans raison apparente ? Qui tire les ficelles dans ce théâtre où surgissent leaders providentiels et idéologies dominantes ?
Une réflexion désabusée mais lucide sur l’imprévisibilité du chaos politique.

Alors que l’histoire devait n’avoir plus d’avenir et que les Droits de l’homme sont ratifiés par 193 États, le Monde se trouve dans un enchevêtrement politique et économique qui semble n’avoir aucun précédent. Et pourtant, c’est depuis trois millénaires environ que nous documentons les mêmes messages d’encouragement et de désespoir à notre propre égard.

Les uns persistent à promouvoir un idéal de démocratie et d’état de droit alors que d’autres en doutent puisque, à cet idéal jamais accompli et conjugué par une hypocrisie pervasive, la loi du plus fort s’y substitue. Nos sociétés sont dans un état pour le moins foutraque, sans exception tout autour du globe. Quelles sont donc les forces qui nous gouvernent si mal, comment sont-elles mises en action ? Une analogie avec le marché s’impose et bien des questions restent sans réponse, par exemple :

•        Pourquoi les « transitions énergétiques » ?

•        Comment s’opposer au wokisme alors qu’il n’existerait pas ?

•        Quels effets les COP successives ont-elles sur le climat ?

•        ESG et DEI : d’où viennent ces pseudo-principes d’entreprise ?

•        Qui fomente un quelconque complot ? Qui en crée la légende ?

•        Comment se fabrique un candidat à la présidence (USA, France) 

•        Pourquoi les guerres ?

Avons-nous le choix ?
De quel choix s’agit-il ?

Personne ne semble en mesure de déceler les choix possibles. Une multitude d’offres politiques sont présentées qui s’avèrent insoutenables, par manque de principes, par des principes mal fondés ou par excès de principes trop rigides. Même la démocratie, décrite comme le moins pire des systèmes, semble plier sous les coups de boutoirs des pensées uniques de gauche ou de droite, et même du centre lorsque c’est « pour notre bien » ; tous, bien sûr, jurent d’œuvrer au secours de la démocratie, accusant tous les autres d’en être le bourreau, cela en devient ridicule. Dans tels jeux, cohérence et sincérité n’ont pas l’air d’usage.

Un collectivisme pervasif en résulte, au détriment de chaque personne. Pour ceux qui s’acharnent à préempter les choix en sorte que nous n’ayons plus de choix, leurs dogmes et doctrines doivent prévaloir, même par la contrainte s’il le faut. C’est non seulement imbécile mais c’est méchant, opposé à toute conciliation, fasciste par définition. Cela répond à la première question : si nous désirons avoir le choix il faut déjouer les forces qui nous en empêchent en voulant imposer leurs soi-disant solutions.

Modes apparues de nulle part

Des modes politiques s’établissent, dont les vagues se répètent et déferlent sans raison. Leurs origines restent mystérieuses, à l’exemple des fièvres racistes, antiracistes, décarbonées, woke, perfluorées, finement empoussiérées, empreintes de souveraineté ou migrantes, j’en passe et des meilleures. Pourquoi ça ? maintenant ? et au détriment de quoi d’autre ?

Comme toujours, les médias sont incriminés : ils manipuleraient les opinions en organisant des campagnes, inféodés qu’ils seraient à des pouvoirs occultes. C’est leur donner une importance démesurée car ce sont les pires suivistes des courants dominants, leurs plus agiles girouettes. S’ils se déclarent eux-mêmes en grande majorité « de gauche » c’est parce qu’ils se seront cooptés pour former un milieu contrôlé où doit régner l’absence d’autocritique, plus apte à la censure et à l’assassinat médiatique qu’à l’ouverture. Cela n’en fait pas des conjurés (en un mot, alors qu’en deux…). Ils sont des thermomètres d’opinion mais ne la créent pas et ne dégagent aucune énergie, se contentant de passer les plats tant qu’ils restent encore un peu chauds. Un caveat cependant, pour la protection de mon arrière-train : une minorité remarquable de cette corporation n’est pas tarée à ce point.

Ce qui reste vraiment mystérieux n’est pas tant l’activisme politique, car les problèmes ne manquent pas et les esprits opportunistes savent s’en emparer. Mais, comment s’établit un courant qui devient dominant ? quels en sont les germes et les processus de multiplication ? Pourquoi ces fixations et obsessions qui s’imposent et se répètent comme si un calendrier les animait ? Pourquoi ces alignements serviles de ceux qui, plus tard, prétendront qu’ils ne savaient pas ? Pourquoi ces lunettes polarisées qui éliminent toute autre perception que la désirée et qui inhibent tout débat clarificateur ?

La science qui quête, informe, évalue et pondère les incertitudes et qui se remet en cause sans cesse, est remplacée par une autre qui se fait l’avocate de causes politiques et qui élimine ses contradicteurs. Les clercs ne cessent de trahir sans que l’on sache dans quel but. Certes, les psychologues des foules décrivent des mécanismes d’enchaînement au double sens de ce mot – suite de chaînons et liens qui contraignent – mais il n’est pas possible de déterminer par avance quelle bonne idée ou quelle folie germera ou s’étiolera, ni quels acteurs émergeront pour la faire triompher.

Il est par ailleurs indigent d’identifier de parfaits inconnus qui disposeraient ou auraient disposé d’une préscience subtile ou transcendante : combien d’épidémiologues et virologues formés en quelques jours de pandémie, combien de colonels à la retraite ayant revisité leur Clausewitz, combien de politologues subventionnés pour réinterpréter Machiavel ? le bol de ceux qui ont prédit une chose qui s’est avérée est aussi improbable que la guigne de s’être trompé. Il ne reste ensuite que l’histoire pour constater que cela ou son contraire s’est passé ; elle n’a pas de fin.

La caractéristique d’un système chaotique est de
ne pas pouvoir être conduit à un résultat désiré,
même si l’on pense maîtriser la situation de départ.

Qui fait quoi dans ce marasme ?

Les économistes s’accordent pour considérer le marché comme une entité mal définie et dont les mécanismes sont impénétrables. Son évolution dépendrait d’une main invisible et donc insaisissable. Nous sommes tous acteurs de ce marché, que ce soit comme fournisseur ou comme consommateur, et nous en comprenons suffisamment pour nous en accommoder, comme l’on nage dans un courant pour traverser une rivière dans laquelle on n’a pas pied. Normes et régulations, marketing, négociations commerciales : à notre niveau nous en sommes tous des experts. Certains y ont plus de succès que d’autres, et diverses critiques sont formulées qui jettent le doute sur la sincérité et la loyauté des acteurs, y compris nous-mêmes, si nous sommes honnêtes à notre propre sujet. Sachant tout cela, personne n’est néanmoins capable d’en maitriser les paramètres, même si les Business Schools et des instituts savants s’efforcent de tirer des enseignements… jusqu’à ce qu’un nouveau cas vienne invalider le paradigme du moment.

N’en va-t-il pas de même en politique ? Certes, le marché n’est pas du même ordre, car en politique ce ne sont pas les termes d’un échange qui comptent mais le pouvoir que l’on en tire ; et le pouvoir n’a pas de monnaie, il s’exerce ou non, avec des clients obligés de consommer, même à leur insu.

La politique est affaire d’atmosphère avec des effluves d’origines incertaines et plus ou moins suffocantes. Mais qui souffle ces vents, qui les oriente, les accélère ou les freine, les rend dégoûtants ou enivrants ? Il y a certes des acteurs connus et engagés, des personnalités établies et des partis ayant des programmes déclarés ; mais les neuf dixièmes de ces icebergs restent invisibles, et il y a les eaux qui les entourent, plus ou moins salées et iodées. Il arrive aussi que des icebergs fassent la cupesse, c’est la révolution au sens littéral, ce qui est très dangereux si l’on est assis dessus.

En économie, Frédéric Bastiat a montré « Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas », ce qui, 175 ans plus tard, reste sans être mieux vu ni décelé. Que voit-on et ne voit-on pas en politique ? Les jeux électoraux sont bien visibles bien que s’opérant souvent avec des dés pipés. C’est pourtant soudainement que naissent des leaders sans créance ni expertise, quasiment de la dernière pluie, comme un Obama ou un Macron dont 99 % de l’électorat ignorait le nom trois ans avant leur élection, ou une Kamala Harris qui, de largement dédaignée dans son parti, en est devenue déesse en deux jours. Oublions Greta, cet autre épiphénomène. Aucune théorie conspirationniste n’est capable d’identifier les manipulateurs de ces marionnettes, elles-mêmes êtres humains doués d’intelligence et de raison.

Il existe certes des centres de cristallisation, mais allez savoir par quelles voies un WEF davosien est devenu climatiste et dirigiste alors qu’il est taxé d’ultralibéralisme par une gôche bienpensante, ou comment la fameuse concordance helvétique nous entraîne vers un étatisme rouge-vert européanisé sans que les partis bourgeois (= centre-droite pour les déboussolés) osent sortir de leur niche.

Qui gouverne ?

Les marottes politiques seraient-elle menées par des milieux complotistes, par une fédération de complotismes ? C’est plus qu’invraisemblable car ça ferait trop de monde pour garder tous ces secrets. D’ailleurs, s’ils sont vraiment occultes, personne ne peut rien savoir de ces pouvoirs, et ils restent des légendes urbaines. Il est aussi question de l’état profond (Deep State), une sous-structure autogérée qui s’arrogerait le pouvoir à l’insu des institutions officielles afin d’empêcher les initiatives qui dérangent ou de perpétuer des manières de faire. Il s’agirait de sécuriser les emplois des fonctionnaires, les profits d’un complexe militaro-industriel ou le statut et les budgets d’une élite scientifique et technologique. Rien ne démontre cela avec exactitude, mais tout suggère que n’importe quel « système » développe des moyens de survie, voire de domination face à des pouvoirs politiques jugés trop éphémères et à des peuples indisciplinés.

Il est bien connu que dans n’importe quel pays ou entreprise, chaque nouveau responsable, ministre ou directeur, se heurte d’emblée à l’inertie de l’organisation dont il hérite qui montre sa bonne volonté en s’empressant de lui expliquer ce qui n’est ni possible ni conseillé de faire. Dans les cas extrêmes comme les présidences dystopiques à la Trump ou Biden, il faut peut-être se réjouir que de tels amortisseurs fonctionnent. Cependant, de là à supposer que les buts et les stratégies d’un pays sont téléguidés depuis de tels sombres sous-sols, il y a un pas à ne pas franchir sans preuve irréfutable.

Les lobbies, eux, ne sont pas secrets et il n’y a aucune raison de les interdire car ils participent à la formation de l’opinion, tant celle des décideurs que celle du public. Ils ont leurs objectifs, pas toujours explicites ou même bien cachés, et des stratégies de communication. Pour l’action, beaucoup disposent de moyens financiers impressionnants, surtout dans les milieux écologistes ou d’activisme politique qui disposent en plus d’un bénévolat discipliné et efficace. Leurs tactiques n’ont rien d’original : éléments de langage, ciblage des personnes clés à influencer, récits savamment élaborés, expertises et influenceurs de complaisance, dissimulations, mensonges éhontés, corruption active et passive, chantage, menaces et diffamation, terrorisme suscité, suggéré voire financé, ou encore agitation alarmiste de circonstance instillant la peur tant au vulgum pecus qu’à ses dirigeants. Bien sûr, il arrive aussi que leur action soit correctement argumentée, sincère et honnête, même si tel comportement n’a pas la réputation de mener au succès politique.

La solution transhumaniste nous est maintenant annoncée, quasiment finale. Grâce à de grands modèles de langage, à des algorithmes d’agencement et à l’autogénération d’un discernement et d’une créativité artificiels, nos incapacités à nous gouverner devraient être résolument corrigées. Les personnes verraient leur intelligence augmentée à des puissances de dix et deviendraient ainsi capables de tout gérer avec bonhommie et bonne humeur. Je reste bouche bée devant tant de prétention et d’exaflops alimentés par des gigawatts. Ne s’agirait-il pas là d’une nième répétition du canulard déterministe, celui d’un dispositif optimal se substituant aux imperfections et aux méchancetés de l’esprit humain ? Le chaos n’existerait pas ; il suffirait de l’agencer à sa guise. Les questions « Qui suis-je ? Où suis-je ? Où vais-je ? » deviendraient obsolètes. Il n’y aurait plus que des voies toutes tracées, pas de compromis à trouver, ni de dilemmes, ni de renoncements. Les mogols de la tech ont bien raison : l’âme ou l’esprit ne pèsent pas un microgramme dans leurs imbéciles conjectures.

Revenons à la réalité. Le visage de la politique se montre au-devant de la scène mais, au fond, son corps reste tout aussi invisible que la main qui gouverne le marché. Les atteints d’hubris et les complotistes veulent croire le jeu politique déterministe, manipulable à souhait. Les tentatives ne manquent pas mais sont promises à l’échec. C’est aussi le cas de la prise de pouvoir par la force et la terreur qui peut cependant trop durer – sept ans pour la première république française, douze ans pour le nazisme, et 73 pour le soviétisme – avec les horreurs et misères que l’on sait. Dans les confusions de nos sociétés, celle ou celui qui émerge en leader devrait à sa modestie de ne pas prétendre connaître la cause de son succès, ce qui ne s’avoue pas facilement.

Où veux-je en venir avec tout ça ?

Il faut expliquer à nos petits-enfants que l’humanité, si vielle et expérimentée soit-elle, n’a vraiment pas appris à se tolérer, que le conflit et la guerre sont l’habitude, et la paix l’exception. Et ils demandent : pourquoi ? Il faut leur souhaiter de vieillir pour se rendre compte de la pertinence de cette question, qui reste sans réponse.

En attendant ils pourront s’exercer à agir librement, en personnes responsables et à visage découvert tout en fustigeant les anonymats, à cesser de se mentir à propos de visions et vertus politiques, à renoncer au collectivisme et au planisme. Ils cultiveront leur esprit et les arts. Ils préféreront un régime démocratique qui limitera ses ambitions à bien gérer les biens communs dans un esprit de consentement mutuel et de concordance, et à aménager un cadre où prospérer librement. Ils préféreront la subsidiarité, car les petits chaos sont moins pénibles que les gros machins. Et aussi, ils détesteront toute injonction idéologique, surtout celles qui se prétendent utiles car « pour ton bien ».

Tout ça n’est ni original ni brillant, mais bien moins démoniaque que toute autre prétention visionnaire.


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1 thought on “Politique et marché : deux mains invisibles”

  1. Sieht nach condition humaine aus. Licht und Schatten nebeneinander, ineinander verwoben. Macht, Geld und Ego als Grundparameter menschlichen Antriebs. In jedem System, trotz jeder Religion.

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