La controverse climatique [i] ne sera résolue que par le temps. Mais beaucoup de temps, des siècles, car valider un modèle ou confirmer une théorie ne peut se faire qu’à l’aide de données expérimentales et nous ne disposons que d’un seul et lent laboratoire pour cela dans lequel se déroule une seule et unique expérience: la Terre [ii].
Les positions sont quasiment irréconciliables : il y a d’une part les anthroporéchauffistes et d’autre part les climatosceptiques. Alors que le doute n’existe pas sur la réalité d’un réchauffement au cours du dernier siècle et demi, ce qui distingue ces deux groupes est l’attribution causale aux émissions de gaz carbonique (CO2), ou à d’autres phénomènes naturels ou artificiels encore mal élucidés. Ni les uns ni les autres ne savent si un réchauffement encore plus marqué aurait des conséquences néfastes ou bénéfiques pour la vie humaine sur terre ; les uns pensent à la catastrophe, les autres savent qu’ils ne savent pas.
Pour les premiers la cause du changement climatique – la combustion de carburants fossiles, charbon, pétrole et gaz – doit immédiatement et drastiquement être réduite afin de retarder et limiter le réchauffement avant que la catastrophe, imminente, n’intervienne (qu’ils annoncent si l’on dépassait 2 °C, et on en est à 1 °C). À terme il ne faudrait plus du tout consommer des carburants fossiles.
Pour les seconds, et quels que soit le fond de leurs arguments [iii], stopper l’usage des carburants fossiles est une stratégie qui ne saurait être couronnée d’un quelconque succès, injustifiée qu’elle est par le manque d’évidence sur les causes du réchauffement, ou même par l’évidence que le CO2 n’y était pour rien lors de variations précédentes et ne joue qu’un rôle mineur dans la cas présent.
En fait il s’agit de deux paris fondés non sur le savoir mais sur les préférences de chacun.
Le premier, celui de l’alarmiste, est de type pascalien [iv] : réduisons les émissions de CO2 et si le réchauffement est stoppé ou freiné de manière significative cela aura été bénéfique ; sinon cela n’aura pas de conséquences (et même, on aura contribué à un développement dit durable).
Le pari du pragmatique est l’antonyme complémentaire du pari pascalien : on a le temps, attendons de voir, tout en prenant des mesures adaptatives là où ce serait nécessaire (p.ex. digues contre la montée des eaux, comme en Hollande). S’il ne se passe rien on n’aura pas sacrifié la liberté des peuples ainsi que des moyens énormes pour combattre une fausse cause et pour un objectif futile au détriment d’autres développement importants et urgents. Et si le réchauffement continue on devra bien s’y soumettre. Si vous perdez, vous aurez le temps et les moyens de vous adapter, si vous gagnez vous n’aurez pas fait de grosses bêtises.
Ces deux positions sont irréconciliables pour encore des générations à venir. Le credo réchauffiste s’oppose au doute du sceptique. Et il ne s’agit surtout pas de débat scientifique car la science est incapable de trancher dans ce magma d’indices et d’incertitudes [v]. Il s’agit bien pour chacun de sa de position idéologique, d’un choix qu’il ou elle fait délibérément.
Dans cette situation d’opposition chacun tient l’autre pour irresponsable : l’un accuse l’autre de sacrifier la planète au nom d’une exploitation débridée des ressources naturelles, et l’autre accuse l’un de sacrifier le si nécessaire développement social et économique des peuples au nom d’une hypothétique catastrophe à venir et qui serait à corriger par un nouveau dirigisme collectiviste. Il n’y a pas de morale commune ni de consensus possible à ce sujet car les choix sont diamétralement opposés.
Pourtant le sceptique ne peut pas se contenter de rester sur l’expectative, dans l’indécision, car d’une part l’activiste s’active sans répit et d’autre part le fait de rester en dehors du jeux sous prétexte de l’incertitude n’a jamais permis de progrès. Il doit prendre position malgré la conscience qu’il a de son manque de savoir.
Pour ma part, et le lecteur l’aura compris dans le ton de mon propos, je suis résolument une route hérétique : oui à la science et à la connaissance, non au dogmatisme anthroporéchauffiste, pensée monomaniaque et réductrice.
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[i] Nier qu’il y ait une controverse en prétextant un soi-disant « consensus scientifique » est une imposture.
[ii] Et l’on peut douter qu’une théorie climatique générale puisse un jour être confirmée dans des systèmes non linéaires et chaotiques comme le sont le climat terrestre et les interactions avec le soleil. En médecine humaine on n’y arrive pas alors même que l’on dispose de beaucoup d’échantillons d’un grand nombre d’individus plus ou moins sains ou plus ou moins malades. Par exemple on peut douter que le milliard d’euro qui s’investit maintenant dans le « Human Brain Project » européen pour 112 institutions de recherche dans 24 pays puisse résulter en une simulation générale de toutes les fonctions neurales de la souris puis d’Homo sapiens sapiens.
[iii] Arguments négationnistes :
Arguments sceptiques, ou hérétiques, ou réchauffistes modérés :
Arguments anthroporéchauffistes :
[iv] Pari pascalien : « Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter. » Blaise Pascal, Pensées, 1670. De sa tombe Pascal n’a pas pu nous communiquer le résultat. Mais s’il avait été éduqué dans une société cannibale, aurait-il choisi de manger ses ennemis au prétexte de son pari ?
[v] Bien qu’à mon avis, et au vu des « évidentes incertitudes », la position sceptique est plus raisonnable (au sens d’appliquer plus la raison et la logique que le sentiment) que les affirmations catégoriques de l’alarmiste.
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