La menace de la biodiversité

Breaking News : la biodiversité est menacée !
Pourrait-ce être l’inverse : que l’on nous menace avec la biodiversité ?

Ce n’est pas nouveau mais une dramaturgie globalisée vient d’être exposée avec laquelle il faudra compter pour alimenter notre eschatologie, à l’instar du climat, des pollutions, des radiations ionisantes et non ionisantes, des mortalités multiples et d’autres petites et grandes gênes causées par homo sapiens.

La Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES) est une instance (body) se prétendant indépendante (est-ce possible en étant intergouvernementale ?) créée en 2012 dont 132 pays sont membres et dont le but est « de renforcer l’interface science-politique en matière de biodiversité et de services écosystémiques pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité, le bien-être humain à long terme et le développement durable » [ma traduction]. On remarquera la surutilisation de l’adjectif durable (sustainable) et qu’il ne s’agit pas seulement de biodiversité mais aussi de « services écosystémiques » dont il faudra découvrir ce que ça devrait pouvoir être. Au contraire du GIEC climatique il ne s’agit pas d’experts mandatés par les instances de l’ONU mais bien d’une organisation politique en soi. Son secrétariat est à Bonn, en Allemagne. Un rapport IPBES#7 sera bientôt publié dont le résumé pour décideur de 39 pages vient d’être divulgué en grandes pompes (funèbres pour certaines espèces).

Cela demandera un peu de temps et d’attention pour décortiquer ce rapport.
Cependant, lorsque dès le début, dans le « Key message A », je lis l’expression « …living well in balance and harmony with Mother Earth », ça titille mon esprit plutôt critique. D’une première lecture superficielle ressort que beaucoup de banalités y sont répétées, avant tout plusieurs manières de décrire la menace que l’activité humaine représente pour une nature innocente et pour nous-mêmes, avec à la clé l’instillation d’un merveilleux et angoissant sens de l’urgence, populisme très tendance ces temps.

Image clé du rapport de l’IPBES : menaces d’extinction et tendances
À noter au diagramme B que l’extinction totale correspondrait à 100% mais l’ordonnée n’est montrée que jusqu’à 2,5%, ce qui dramatise l’effet.

Pour ma part je m’en tiens à l’idée que la biodiversité doit rester maximale (préservée) dans les régions où l’usage du sol n’est pas préempté par les activités humaines, le top-prédateur de la planète. C’est un des rares domaines où je me déclare être résolument conservateur. La raison de notre attachement à cette préservation se trouve dans un sentiment de respect du patrimoine plutôt que dans un simple calcul d’intérêt.

Il faut cependant accepter que l’activité humaine ait un impact sur l’environnement, avec un but utilitaire. C’est par exemple l’agriculture qui occupe le plus de territoire et dont l’objectif est de limiter à une seule espèce le nombre de végétaux dans un champ afin de la faire pousser le plus efficacement possible. Il faut donc que les ravageurs qui anéantissent les efforts du cultivateur soient mis sous contrôle, et ce pendant le temps qu’il faut. Il n’est pas pour autant nécessaire d’effacer l’activité biologique dans les sols et l’environnement immédiat (microorganismes, faune et flore), bien au contraire ; c’est là le défi posé aux agriculteurs de mener ce qui s’appelle des cultures intégrées. S’il est inévitable que l’environnement soit affecté, il est important que sa capacité de récupération reste intacte, c’est là le but de la gestion des risques éco-toxicologiques.

Pour préserver la vie il faut préserver sa capacité de reproduction, cela n’implique pas qu’il faille chercher à maximiser toutes les populations en tous endroits. S’attacher à ce que chaque m2 soit le plus varié possible est un non-sens. Selon les points de vue idéologiques, les évaluations de risques et les priorités, les buts à donner à une politique environnementale s’entrechoquent, vaste sujet sur lequel il faudra revenir.

La nature vivante s’adapte aux conditions changeantes de l’environnement, les espèces émergent et disparaissent au fil de ces changements, même ceux que provoque l’activité humaine. La biodiversité est soumise à des menaces constantes, il ne faudrait pas qu’elle devienne une nouvelle cause menaçant le bon sens et la raison humaine.


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