Bonnes mauvaises raisons de soutenir la transition électrique.

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Malgré l’inanité de la stratégie énergétique électrique –sa raison d’être est injustifiable– celle-ci contient de quoi satisfaire toutes les parties, sauf le bon sens :

  • Abandon du nucléaire, pain béni par la grande majorité des politiciens : même ceux qui sont pour (ou pas contre) sont en fin de compte contre car ils ne savent ou n’osent pas expliquer pourquoi ils seraient pour.
    Ils sont pourtant d’accord de le garder encore vingt ou trente ans, ça n’est donc pas trop dangereux. Les écolos anti-techniques sont contre, par habitude voire par principe. Il n’y a jamais eu autant de centrales nucléaires en projet ou en construction dans le monde. Vive notre post-modernisme désindustrialisé !
  • Promotion de technologies avides en capitaux. La rentabilité sera garantie par décret, rien à craindre pour fournisseurs et clients. Les industriels s’empressent d’adapter leur offre et leur communication à cette demande politiquement créée. Ils en sont même à se plaindre d’un prétendu dumping chinois sur les panneaux solaires. Les politiciens, eux, trouvent là de quoi se faire aimer par « le capital et la finance ».
  • Centralistes –pas seulement de gauche, les bourgeois le deviennent dès qu’ils siègent à Berne– ravis de renforcer leur levier de pouvoir par les subsides et autres taxes pseudo-incitatives : plus y’en a, plus Berne nous berne.
  • Entreprises du secteur électrique (production, réseau, distribution locale) qui n’ont vraiment plus aucune raison de gérer leurs coûts, le consommateur paiera tout ce que ça coutera.
    Avez-vous noté l’augmentation de vos factures d’électricité alors que le prix du kWh à la bourse électrique est au plancher [1]. Où est passé l’eurobonus dont on jouit dans d’autres secteurs ? Les paysans sont moins bien protégés, c’est le comble.
  • Entreprises mixtes (Alpiq, Axpo) qui vont bientôt négocier une sortie de leurs activités par voie de nationalisation, car les fondements économiques du secteur ont d’ores et déjà disparu.
    Les collectivités locales, qui en sont actionnaires et se sont farcies la panse depuis que l’électricité existe, se réjouissent maintenant de repasser le bébé à la Confédération. Le plus tôt sera le mieux car la profitabilité est devenue négative. Le fromage n’est plus si gras.
  • Même le secteur nucléaire se saborde volontiers, ayant compris que le temps de nouvelles centrales n’est pas là. Pragmatiquement il se recyclera dans le démontage des installations que l’on va progressivement arrêter.
    Les Indiens et autres Chinois nous vendront les nouvelles centrales, clé en main et sans transfert de technologie, dans 30-50 ans et nous diront que c’est à condition que nous respections les droits de l’homme selon leur point de vue.
  • Quant aux consommateurs ils se sont fait empapaouter la sauvegarde de la planète et la gestion dite responsable des ressources. On applique avec soin le principe de précaution en ne les consultant pas, car ils pourraient ne pas être d’accord ; et vous comprenez, c’est un sujet complexe que seuls les experts peuvent traiter. Ainsi le prix de l’électricité va continuer de lentement augmenter, comme la température de l’eau dans laquelle se trouve la grenouille et que l’on chauffe peu à peu. Tiens, voilà une raison climatique de s’opposer à la transition énergétique !

Si tout le monde il est content, pourquoi pas moi ? Ah, le bon sens, j’oubliais !

 

[1] Ma facture AEW en 2009 : 16,27 ct/kWh, y compris 7,6% de TVA. En 2013 : 18.24 ct/kWh, y compris 8% de TVA.
Soit une augmentation de 12.2% en 4 ans pour le même service produit dans les mêmes installations, dont le coût de production a augmenté de 5.5% sur la même période (OFEN).


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